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40 Heures : sur la route des églises

19 mars 2024

Rose Sautron, Ludovic Annoua, Frédéric Spéville et Diksh Potter racontent leur pèlerinage dans les églises de l’île.

Un coeur à coeur...  Comme un échange intime. À genoux devant l’autel de l’église Sainte-Marie Madeleine, à Pointe-aux-Sables, une bougie à la main, Fabio contemple le Saint-Sacrément – le Christ présent dans l’hostie consacrée pendant la messe et non consommée, placée dans un ostensoir – exposé. Autour de lui : le silence, mais aussi un va-et-vient incessant de personnes, qui, comme lui, viennent se recueillir en ce jour de 40 Heures, dans l’église qui, pour l’occasion, s’est parée de ses plus beaux atours.

 

Une ambiance très particulière règne à l’intérieur comme à l’extérieur. «Les 40 Heures ou les visites des églises, sept ou 14 selon la tradition, sont des moments forts du carême catholique et tout un folklore accompagne ce moment de prière», nous confie Fabio, qui, entre-temps, a retrouvé sa famille dans la cour de l’église où plusieurs petits stands proposent du café, du thé, du jus, des gâteaux en tous genres, du sucré comme du salé, aux visiteurs en échange de dons. Des stands de la Société Biblique de Maurice proposent aussi des bibles et d’autres livrets religieux à la vente. Ce qui confère aux 40 Heures un cachet spécial, c’est aussi l’ambiance qui s’installe dans les localités aux abords des églises. 

 

Dans les environs de certaines églises où sont exposé le Saint-Sacrément, certains vendent aussi divers objets religieux. Une ambiance que Fabio aime retrouver chaque année. «Je suis venu en famille. Nous sommes à 12, petits et grands. Nous avons commencé très tôt notre dimanche (le 10 mars) et nous en sommes à notre deuxième église. Nous avons commencé notre petit rituel à l’église Notre-Dame de Mont-Roches. C’est une sortie spirituelle  que nous faisons chaque année pendant le carême et chaque arrêt s’accompagne d’un chemin de croix, de prières et de chants. Ça nous permet de vivre un temps de prière en famille tout en découvrant ou redécouvrant les belles églises de l’île. On découvre et on apprend beaucoup de choses. Puis, il y a une très belle ambiance avec tous les Mauriciens, catholiques et non-catholiques, qui viennent en van, en voiture ou en bus pour prier», poursuit Fabio en dégustant un beignet de fruit à pain qu’il trouve savoureux. «C’est pour cela que j’aime ces petites virées. On découvre des endroits, des saveurs et de jolis paysages», poursuit le jeune homme avant de reprendre la route jusqu’a la prochaine église : Notre-Dame de L’Espérance, à Piton.

 

«Des moments précieux»

 

Comme lui, ils sont très nombreux, chaque année, à ne pas rater les 40 Heures. Rose Sautron en fait partie. Pour elle aussi, c’est un rendez-vous important pendant le carême. «Ce que  j’aime avec les 40 Heures, c’est passer du temps à adorer Jésus présent dans le Saint-Sacrément, prendre du temps pour prier, dire le chapelet, même si je le fais chez moi tous les jours. Ces moments sont précieux. Je prends du temps pour me ressourcer, pour me rapprocher de Dieu. Ça, c’est mon expérience personnelle. Selon la coutume mauricienne, il y a beaucoup de catholiques qui  prennent un bus et visitent sept ou 14 églises. Ils vont prier devant le Saint-Sacrément, font une ou deux dizaines de chapelet. Après, certains rentrent chez eux tandis que d’autres finissent le tour des 14 églises au bord de la mer pour prendre un repas en famille», nous confie Rose Sautron qui, cette année encore, n’a pas manqué d’aller se recueillir devant le Saint-Sacrément en ce temps de carême.

 

Tout comme Rose, Ludovic Annoua, de la paroisse de la chapelle Notre-Dame Auxiliatrice à Cap-Malheureux, trouve très beau tout le symbolisme autour des 40 Heures. «Pour moi, le jeûne, en ce temps de carême, c’est de porter notre regard sur Jésus et de purifier nos pensées pendant ces 40 jours.  La dévotion pour les 40 Heures et la vénération du Saint-Sacrément se fait dans un esprit de piété, car il faut que celui qui s’approche de Dieu croit qu’il existe. Tout ce que vous demanderez en ayant la foi par la prière, vous le recevrez», déclare le jeune homme qui vit le temps de carême dans une grande ferveur.

 

C’est aussi avec ferveur que Fréderic Spéville va d’église en église pour ce rituel qu’il honore chaque année pendant le carême. «C’est surtout un moment que je vis en famille et avec des amis.  Durant la semaine écoulée, par exemple, j’ai fait cinq églises avec deux tantes et une voisine. Dimanche dernier, avec un groupe d’amis et des membres de ma famille, on a visité les églises de la région Est. On était quatorze. Quand on est en groupe, ça rend le pèlerinage plus spécial. On prie et on chante. Ça nous permet de nous recueillir, de penser à Dieu et de fortifier notre foi jusqu’à la fête de Pâques», explique-t-il.

 

La période des 40 Heures avec sa ferveur et son folklore est aussi très attendue par des non-catholiques de l’île. Chaque année, Diksh Potter est fidèle à ce rendez-vous avec sa famille. «Je suis intéressé par toutes les cultures de l’île. Je suis télougou et pour moi, c’est une richesse de notre pays ; on ne peut que s’enrichir l’un l’autre de la culture de chacun. Je voyage beaucoup et je peux vous dire, qu’on ne voit pas partout une nation arc-en-ciel comme la nôtre. Je participe aussi aux 40 Heures pour que mon fils soit confronté à la culture de l’autre.  C’est mon épouse et sa mère, qui sont hindoues, qui m’ont partagé ces valeurs qu’elles ont toujours eues. C’est la beauté de notre île. On vit ici tous ensemble pour partager. Ces 40 Heures permettent non seulement de prier mais aussi de découvrir et de contempler la beauté des églises et leurs belles infrastructures. Dès fois, on visite plus de sept églises. Cette année, j’ai été en famille à Grand-Port, Bambous, Flic-en-Flac, Bel-Air ou encore à Port-Louis», conclut Diksh Potter, content d’avoir, cette année encore, été sur la route des églises de l’île.
 

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