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Par Yvonne Stephen
19 mai 2014 12:59
Un parfum de sucre chaud flotte dans l’air. À bien y renifler, on trouve aussi celui du lait et du custard. De quoi donner envie de suivre le chemin de la gourmandise qui mènera vers le lieu où ces trois ingrédients sont certainement en train de mijoter pour devenir – comme par magie – de la crème pâtissière. C’est au Qadiri Sunnee Circle, à Phoenix, qu’un groupe de femmes de tout âge apprend à confectionner des puits d’amour, en ce mercredi 14 mai. Si à l’extérieur, en ce début de matinée, souffle un vent glacial, à l’intérieur de la petite cuisine, il fait chaud et ça sent bon !
Les ronds de pâte brisée qui serviront de base à cette fameuse pâtisserie sont déjà au four. La crème est prête. Il n’est pas encore 10 heures et ces mères de famille ou épouses ont déjà bien progressé. Depuis plusieurs semaines, elles suivent des cours de pâtisserie, une formation basique qui, si elles le souhaitent, débouchera sur un advanced course. Elles profitent de cette chance – les cours sont gratuits – afin de découvrir l’univers merveilleux et goûteux de la pâtisserie. Une aventure savoureuse qui devrait les mener vers quelque chose de plus sérieux ; la plupart d’entre elles souhaitent pouvoir en faire leur métier.
C’est pour aider les femmes au chômage que l’Aaleemee Society organise une série de formations depuis quelque temps déjà. On y a apprend à cuisiner, à faire de la pâtisserie, à réaliser des savates, mais aussi à confectionner des rideaux, entre autres. «Notre but, c’est d’empower les femmes et de les aider à avancer dans la vie», confie Saheed Thupsee, le fondateur et Chairman de ce mouvement social. Les cours sont MQA Approved et ne coûtent rien aux participantes grâce au soutien du Qadiri Sunnee Circle et de nombreuses entreprises telles qu’Adenia Ltd, Joonas & Cie, Silverline Services Ltd et Les Éditions Le Printemps, entre autres.
Cela fait trois mois que Nazlleen Dousoruth et Sarita Seenauth y apprennent les bases de la pâtisserie. Et elles aiment ça ! Les différentes pâtes et crèmes n’ont plus de secret pour elles, désormais. «Ce n’est pas vraiment compliqué dès qu’on a la base», explique Nazlleen, mère de trois enfants. Son intérêt pour la préparation de gâteaux et de desserts ne date pas d’hier. Mais ce n’est que maintenant qu’elle trouve le temps de s’y consacrer pour le plus grand bonheur de sa famille : «Je refais tout à la maison et c’est bon.»
Des ingrédients simples, de la patience, un minimum de rigueur et le tour est joué… La timide Sarita Seenauth apprécie ce qu’elle découvre : «C’est super. Je ne pensais pas pouvoir réaliser d’aussi belles choses.» Alors que le montage des puits d’amour se termine et que les apprenties pâtissières se lancent dans la confection des biscuits champagne, direction un autre atelier de formation qui se trouve à quelques mètres de là. Celui de la confection de savates. Arzeena Ramput participe à cet atelier depuis trois mois. Et déjà, elle se débrouille plutôt bien : «J’ai quelques commandes.» Des savates de toutes les couleurs avec des détails bling-bling (ou pas), c’est ce que les femmes préfèrent, estime-t-elle.
Sageeda Bowud, maman de quatre filles, en est convaincue. D’ailleurs, elle se voit bien avoir un petit business dans ce domaine : «Les femmes auront toujours besoin de savates de couleurs différentes pour aller avec leurs tenues.» C’est bien vrai ! Alors, c’est avec joie qu’elle a appris à assembler la semelle et les pattes afin d’en faire une chaussure ouverte. Depuis que Yasmeen Boodhoo s’est lancée, elle fait des heureuses chez elle : «Je fais des savates pour des amies ou pour les membres de ma famille.» Farahnaz Ajubtally est également heureuse de découvrir ce nouveau métier et de pouvoir gagner un peu d’argent : «Certaines personnes nous demandent d’en faire pour elles et ça, c’est bien.»
Apprendre un métier et pouvoir s’y consacrer à leur rythme, c’est la meilleure des solutions pour ces femmes qui sont souvent mamans. Une façon de concilier vie familiale, besoin économique et désir d’autonomie. Alors, que ce soit dans l’atelier de confection de savates ou dans la cuisine, où le bruit du fouet électrique se mêle au brouhaha des conversations ininterrompues, ces femmes – environ une centaine, toutes les semaines – se donnent les moyens d’atteindre à leurs objectifs. Et celui du jour, de l’atelier pâtisserie est bien atteint : la confection de succulents puits d’amour !
Yasmeen Boodhoo et Farahnaz Ajubtally adorent faire des savates.
Et si vous vous lanciez…
Pourquoi pas ? Les cours sont gratuits et ils sont ouverts à toutes les femmes qui souhaitent s’inscrire (et qui ont été à l’école jusqu’au CPE, au minimum). En plus, si vous réussissez aux examens, vous obtenez un certificat à la fin de votre formation. Pour en savoir plus avant de prendre votre décision, vous pouvez faire un petit tour du côté du site Web de l’organisation, l’Aaleemee Society : http://aaleemee.intnet.mu/index.html. Par ailleurs, Saheed Thupsee se fera une joie de vous renseigner et/ou de vous enregistrer pour les cours. Vous pouvez le contacter par téléphone (5762-3008), par courriel (aaleemee@yahoo.com) ou à travers Facebook (saheedthupsee-aaleemeesociety/).
Elles sont formatrices !
Elles expliquent et encouragent au quotidien. Qui sont-elles ? Des formatrices, bien évidemment ! Twahira Jumooruth s’occupe de l’atelier de savates. Elle fait la route de Bel-Air à Phoenix pour former des femmes et ne s’inquiète pas des kilomètres à parcourir. Depuis la mort de son époux, cette mère de famille cherchait à donner un nouveau sens à sa vie. C’est pour cela qu’elle a appris à fabriquer des savates : «J’ai d’abord suivi un cours au centre social de Bel-Air.» Aujourd’hui, elle est heureuse de pouvoir partager son savoir et d’aider d’autres femmes à s’en sortir. Joie que partage aussi Shafeenaz Beekawa-Heerah. Cette pâtissière de formation qui, après des cours à l’École hôtelière Sir Gaëtan Duval, a fait bien du chemin dans les hôtels, entre autres, a décidé de changer de voie quand elle a eu des enfants : «C’est de la pâtisserie, mais différemment.» Les horaires lui conviennent et elle partage sa passion au quotidien : «Je ne pouvais rêver mieux.»
Shafeena Beekawa-Heerah (à dr.) ajoute, avec certaines de ses élèves, la dernière touche aux puits d’amour.
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