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Par Yvonne Stephen
4 août 2015 01:06
Le grand chat n’est pas là. Et sa bande déchante. Les souris, elles, essaient de danser. Néanmoins, pour l’instant, leur musique déraille un peu trop pour qu’elles puissent esquisser une chorégraphie cohérente. Malgré les tentatives de Paul Bérenger et de Navin Ramgoolam de faire vaciller le gouvernement, leurs vocalises ne semblent pas produire un quelconque effet. D’ailleurs, ils n’ont pas grand-chose à faire. La bande au grand chat arrive, toute seule, à faire capoter sa plus belle symphonie. Celle d’un début de mandat. Les guéguerres internes en plombent la musicalité. Quand les Jugnauth ne sont plus là, l’Alliance Lepep ne chante plus en chœur. Le retour au pays de Pravind Jugnauth, cette semaine, a permis d’y mettre un peu d’ordre.
Sir Anerood Jugnauth devrait, lui, rentrer le 6 août. Après plusieurs jours de rumeurs concernant son état de santé au vu de son départ pour des raisons personnelles, Xavier-Luc Duval et Pravind Jugnauth ont assuré que le Premier ministre se porte très bien. Qu’il prend simplement des vacances «bien méritées» : «Le Premier ministre va très bien. Il est en Angleterre pour voir ses enfants et pour se reposer. Il n’a aucun problème de santé», a affirmé le leader du PMSD et Premier ministre par intérim, en début de semaine. Quelques jours plus tard, c’est le leader du MSM qui tenait le même discours bien rodé.
D’ailleurs, le retour de Pravind Jugnauth à Maurice était attendu. Sa condamnation pour conflit d’intérêts dans l’affaire Medpoint et sa démission en tant que ministre avaient ébranlé la structure même de l’Alliance Lepep. Et son départ rapide pour l’Angleterre (pour la préparation de sa défense dans le cadre de son appel) n’avait rien arrangé. Dans les coulisses de l’alliance, cette brèche dans la course au pouvoir avait provoqué de nombreuses réactions. Les alliés d’aujourd’hui se toisaient avec suspicion. Et le leader du MSM n’était pas là pour faire souffler un vent de raison. «Même s’il n’est plus ministre, il a le devoir d’être celui qui va garantir la cohésion de l’Alliance Lepep. Ce qu’il a fait ces derniers mois. Il a fait beaucoup de choses ces derniers mois. Il était, un peu, le chef du gouvernement avant l’heure», confie un député MSM.
Alors, quand le gouvernement se retrouve sans son Premier ministre attitré et sans celui qui œuvre en coulisse, ça ne peut que faire des étincelles. Et la plus grande flambée, celle qui a eu lieu en public, est bien l’affaire des banderoles dans le cadre de l’Eid-ul-Fitr qui a opposé Showkutally Soodhun et Xavier-Luc Duval. Néanmoins, Pravind Jugnauth est rentré et a mis de l’ordre, lors du bureau politique du MSM, le jeudi 30 juillet. «Il a recadré Soodhun et a expliqué qu’il fallait travailler avec les autres partenaires de l’alliance», confie un député orange. Le principal concerné a, lui, nié que cet événement ait été évoqué au bureau politique. Histoire de ne pas perdre la face, peut-être. Les tensions entre lui et Xavier-Luc Duval sont toujours présentes. Mais sous contrôle. Lors d’un point de presse, le samedi 1er août, le leader du MSM a été clair : le chapitre est clos. «J’ai rencontré les deux partis, tout est rentré dans l’ordre», a-t-il confié.
Le rôle de Pravind Jugnauth sera-t-il, désormais, de jouer au pompier ? C’est ce qu’estime un membre du ML d’Ivan Collendavelloo (parti qui a décidé de se la jouer low profile) : «Les tensions existent et sont normales. Trois partis qui cohabitent, trois partis qui ont des ambitions, ça ne peut pas être toujours tranquille. Pravind Jugnauth devra calmer les choses.» Et rassurer les membres de son parti : «Il me semble clair que s’il doit y avoir un autre Premier ministre, ce sera quelqu’un du MSM.» Depuis la démission de Pravind Jugnauth, la course à la prise de pouvoir dans l’éventualité d’un départ de SAJ est ouverte. Avant, quand il était toujours ministre, la question ne se posait pas. Désormais, les paris sont ouverts et nombreux sont ceux qui veulent tenter leur chance. Ce qui risque de provoquer d’autres incidents.
SAJ devra, donc, à son retour, mettre les points sur les «i». Ça tombe bien, son fils a déjà débroussaillé le terrain. Néanmoins, il se pourrait qu’une autre question surgisse quant à la légitimité de ce dernier en tant que leader du MSM. «Les ti lespri se posent déjà la question. Je n’en vois pas l’intérêt. Il va gagner son appel. En attendant, il reste toujours notre leader», confie le député du MSM. Des tiraillements ne sont donc pas à écarter au sein de ce parti et au sein de l’Alliance Lepep. Rien de plus normal, estime notre interlocuteur. Néanmoins, les deux Jugnauth devront faire de façon à ce que le bateau garde le cap.
Une mission difficile, mais pas impossible… tant que le grand chat sera là.
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