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Absentéisme : Pourquoi je ne vais pas à l’école

2 juin 2014

Ne pas aller à l’école pour se retrouver entre amis… avant les leçons : le «bon plan» de certains collégiens.

Il a sa propre théorie. Vaseuse pour certains. Lumineuse pour d’autres. Qu’importe, Asheet estime que son point de vue sur la chose scolaire est tout simplement brillant. Du haut de ses 17 ans, ce collégien a la science infuse. Et le sens des mathématiques un peu différent de ce qui est enseigné dans les livres : «Si j’étudie à la maison moins d’heures que je le fais à l’école, je suis meilleur.» Alors l’école, il n’en est pas fan. Passer des heures dans des salles de classe au confort sommaire – pas d’ordinateurs à portée de main – et du temps dans les transports en commun tôt le matin, ça ne lui dit rien.

 

Asheet n’est, bien sûr, pas un cas isolé. L’absentéisme est un mal qui ronge le système éducatif local. Surtout à partir du deuxième trimestre ! C’est dans ce but que le ministère de l’Éducation a organisé, cette semaine, un atelier de travail. Plusieurs décisions ont été prises pour tenter de venir à bout de ce problème (voir hors-texte).

 

Asheet, ça ne l’intéresse pas vraiment. Et il ne compte pas changer ses habitudes. D’ailleurs, il ne va pas tous les jours au collège : «Je vais continuer comme ça.» Sa semaine de «travail» ne se résume qu’à trois jours : «En fait, j’y vais le lundi, le mercredi et le vendredi. Je me sens bien comme ça.»

 

Ses parents ne sont pas contre sa décision : «Ils travaillent tous les deux, de toute façon. Et puis, tant que je ne rate pas mes leçons particulières, ça va.» À l’approche des examens du HSC, il se concentre plutôt sur les past exam papers et sur les révisions. Le programme, il l’a bouclé il y a longtemps, en tuition : «Je m’ennuie en classe.» Ne pas aller à l’école lui permet de faire un million de choses, dit-il : voir ses amis avant les leçons, être connecté à Facebook toute la journée… et toute la nuit. D’ailleurs, il déteste se réveiller le matin : «Mon cerveau ne fonctionne pas. Alors, je préfère dormir un peu plus tard et me donner à fond quand je le sens.» Le système d’alerte par SMS aux parents quand les enfants ne sont pas présents à l’école, il ne connaît pas : «Je crois que ça ne fonctionne pas chez nous.»

 

Profs peu motivés

 

Les parents d’Angel ont, eux, déjà reçu un SMS et ça a été la catastrophe : «C’était vraiment pas top.» Les cris, les reproches et la punition l’ont freinée pendant un moment. Mais ça n’a pas duré : «Mes amies et moi, on a trouvé une parade : on vient à l’école le matin, mais on repart assez tôt.» À 14 ans, elle ne s’inquiète pas vraiment des retombées négatives sur ses notes : «On apprend la même chose aux leçons. Donc, ça va.» Pourquoi ne pas rater les leçons, mais négliger l’école ? Pour Angel, il n’y a rien de plus simple : «Aux leçons, on rencontre les amis des autres collèges. C’est une autre ambiance. Au collège, on s’ennuie.»

 

Par «amis», on a vite compris «garçons». Concernant l’«ennui», par contre, il est difficile d’en saisir la nuance : s’ennuyer au collège, mais pas aux leçons ? Samantha comprend, elle, parfaitement Angel : «Les classes ne sont pas intéressantes. D’ailleurs, je ne comprends pas quand les profs expliquent. Et c’est difficile de voir au tableau.» Classe surpeuplée, profs peu motivés et méthodes d’enseignement révolus ; dans un monde où tout va beaucoup plus vite, le concept enseignant-tableau ne doit plus plaire.

 

La demoiselle a, bien sûr, sa tablette. Mais elle n’est pas encore utilisée en classe de façon effective. La connexion Internet n’est d’ailleurs pas au top au collège, explique-t-elle. À 16 ans, elle est en Form IV… pour la deuxième fois. Mais ne s’inquiète pas de ses résultats moyens : «Je fais de mon mieux, je trouve. Et puis, tout le monde redouble.» Pour mieux faire et réussir à passer en Form V, elle préfère travailler de chez elle. Elle a le loisir de se connecter, de faire des recherches sur google et de Skype avec ses amies, pour parler devoirs (entre autres sujets).

 

Rébellion

 

Et puis, elle peut travailler à son rythme : «On nous demande de montrer notre sens de la responsabilité par rapport à nos devoirs. Mais qui dit responsabilité dit indépendance. Alors, je trouve que je gère mieux mon temps quand je n’ai pas la contrainte de suivre des classes.» Et quand ses parents lui reprochent de faire tout autre chose que d’étudier, elle trouve toujours quoi répondre : «C’est pas compliqué. De toute façon, ils ne sont jamais vraiment là. Ou alors ils sont occupés avec mon petit frère.» Elle en a marre de toujours avoir des gens sur son dos : «Que ce soit à l’école ou à la maison, il faut nous laisser respirer.»

 

Ne pas aller à l’école : un signe de rébellion. Un remix, version 2014, de la chanson de Pink Floyd, Another brick in the wall ? Pas tout à fait. Et pas pour tout le monde. Il y a quelques jours, des mineurs ont été interpellés dans une discothèque clandestine en pleine semaine. Souvent, les heures passées sur Internet ne servent absolument pas à faire les devoirs – Facebook, les jeux en réseau, entre autres, sont les plus utilisés. Shafeeq, 15 ans, assume : il ne va pas à l’école parce que ça le «saoule» et qu’il préfère «kas enn poz» avec des amis. 

 

Il ne fait pas ses devoirs quand il s’absente, recopie ceux de ses camarades pour ne pas avoir de problèmes et s’en sort pas mal : «J’ai de bonnes notes, alors mes parents ne posent pas trop de questions.» Eh oui ! Si Shafeeq s’absente du collège une à deux fois par semaine, il ne rate pas les leçons (lui non plus) : «Les parents payent, alors ils font plus attention.» Une façon de voir les choses… vaseuse pour certains. Et, peut-être lumineuse pour d’autres.

 

 


 

 

C’est décidé !

 

Trois thèmes étaient à l’agenda lors de cet atelier de travail : l’absentéisme, l’indiscipline et la gestion des écoles secondaires. Une réunion présidée par le ministre de l’Éducation et des Ressources humaines, Vasant Bunwaree, qui a abouti aux décisions suivantes, entre autres :

 

●Des équipes seront déployées dans les collèges pour des inspections et pour s’assurer que tout s’y passe bien.

 

●Mention sera faite dans les leaving certificates des absences de certains élèves si elles sont récurrentes.

 

●Les chefs d’établissements pourront faire preuve de sévérité pour gérer les problèmes d’indiscipline : des comités disciplinaires, des detention classes, entre autres. 

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