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Accidents fatals : Cinq familles dévastées par la douleur

1 septembre 2019

Yohan Laroche, 16 ans, emporté par sa passion pour la moto
 

Il adorait les deux-roues et la mécanique en général. Mais c’est par cette même passion que Yohan Laroche, 16 ans, a été emporté. Cet habitant de Résidence Briqueterie a perdu la vie dans un accident à Roche-Bois, aux petites heures, le samedi 31 août. Selon nos recoupements, l’adolescent aurait mal négocié un virage, aurait perdu le contrôle de sa moto, avant de heurter un mur. Il a été transporté à l’hôpital où son décès a été constaté. Il a succombé à ses multiples blessures. Quant au passager qui voyageait en croupe, il s’en est sorti avec quelques blessures.

 

Chez la famille Laroche, la douleur est palpable. Car Yohan était très apprécié, de sa tante Eliette notamment. «Beaucoup de personnes vous le diront, Yohan était toujours armé de son sourire, confie cette dernière. Il était très gentil et avait de bonnes manières. Il ne m’a jamais manqué du respect.» Yohan était aussi un adolescent sans histoire, selon notre interlocutrice, et avait des aspirations : «Il avait une vraie passion pour les motocyclettes. C’était son dada ! Il aimait aussi la mécanique. Li ti extra kontan kase, ranze, modifie. Il avait arrêté l’école tout récemment. Je pense qu’il voulait vraiment apprendre le métier de mécanicien. Il avait une soif d’en savoir plus dans ce domaine. Et comme tous les ados, il adorait manger, écouter de la musique avec ses earphones. De la musique de jeunes.»

 

Mais le samedi 31 août, la tragédie a frappé à la porte des Laroche. Eliette a du mal à poursuivre le récit. Elle prend une petite pause avant de reprendre son souffle et de revenir sur les derniers moments passés avec son neveu : «L’enquête policière va suivre son cours mais ce que je sais, c’est que Yohan s’est rendu à une soirée dans un restaurant à Roche-Bois, vendredi soir. On ne l’a plus revu depuis, alors qu’il était prévu qu’il rentre comme d’habitude. Ce n’est que le matin qu’on nous a appris qu’il avait fait un accident. Yohan pouvait rouler vite mais il n’était pas imprudent. Mais bon, c’est arrivé… Par contre, on ne sait pas à qui appartient le deux-roues qu’il pilotait.» D’ailleurs, à l’heure où nous mettions sous presse, la police cherchait toujours le véhicule en question car celle-ci a disparu du lieu de l’accident peu après les faits.

 

De son côté, la famille Laroche continue de pleurer ce jeune qui avait des rêves plein la tête et une passion pour la moto, et qui laisse désormais les siens dans une profonde tristesse. Les funérailles de Yohan Laroche sont prévues pour ce dimanche 1er septembre.

 


 

L’impossible deuil des parents de Said Jeetoo

 

Ils ignorent toujours les circonstances du drame qui a coûté la vie à leur fils. Alors Moussa et Ayesoo Jeetoo comptent sur la police pour les aider à y voir plus clair. Le dimanche 25 août, leur fils Said, un ébéniste de 37 ans qui travaillait à son compte, rentrait chez lui, à Providence, lorsqu’il a été victime d’un accident. Vers 1h40, il a été mortellement fauché par une voiture conduite par un menuisier de 30 ans, habitant Trou-d’Eau-Douce, alors que lui était à moto. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à ses nombreuses fractures. Une terrible tragédie pour ses parents. Son père Moossa, la voix cassée par l’émotion, revient sur les heures qui ont précédé l’accident.

 

Vers 18h30, le jour de l’accident, explique-t-il, son fils avait emprunté la moto de son frère Siddick. «Li ti al zwenn enn kamarad dan Saint-Pierre.» Mais quelques heures plus tard, le deux-roues est entré en collision avec une voiture. Là, le jeune homme s’est retrouvé dans un caniveau en contrebas de la route. Quant au chauffeur de la voiture, il s’est arrêté quelques mètres plus loin.

 

«Dokter dir nou ki li pann kapav sov lavi mo garson parski li ti perdi tro boukou disan apre sa aksidan-la. Li ti osi ena fraktir dan basin, lipie, tibia ek lame», s’attriste Moosa qui a appris la nouvelle à travers un appel téléphonique. Une ambulance du Samu avait déjà transporté son fils à l’hôpital de Flacq lorsque ses autres fils et lui sont arrivés sur place.

 

Said avait, pour sa part, déjà sombré dans le coma. «Le médecin nous avait déjà conseillé de prendre des dispositions pour organiser ses funérailles car il n’avait que 10 % de chance de survie. Said avait perdu plus de 3 litres de sang», confie son frère Salim. Said Jeetoo a poussé son dernier soupir peu de temps après son admission à l’hôpital. Ses funérailles ont eu lieu le lundi 26 août à 14 heures.

 

Le jeune homme était le benjamin d’une fratrie de cinq enfants. Il était particulièrement proche de sa jumelle Saida qui est inconsolable depuis son décès. «Nou tou dan sok, confie Salim. Mo frer ti enn bon vivan. Li ti osi enn hard worker. Li ti res ek mama ek papa. Li mem ti pe okip zot. Bien sagrin seki finn ariv mo frer. Li pa merite mor koumsa. Zis sofer-la ek li ki kone kinn arive vremem sa zour-la.» En effet, c’est la victime qui s’occupait de ses parents qui ne jouissent pas d’une bonne santé.

 

Quant au conducteur de la voiture, il a été arrêté. Il fait l’objet d’une charge provisoire d’homicide involontaire. La police a ouvert une enquête pour faire la lumière sur les circonstances de cet accident.

 


 

Les rêves brisés de Jhanvesh Mudhoo

 

Compléter la rénovation de la maison de sa mère au rez-de-chaussée. Terminer la construction de la sienne au premier étage. Officialiser sa relation avec sa petite amie… Jhanvesh Mudhoo, plus connu comme Shanil, avait des rêves, des projets plein la tête. C’était aussi un peu lui l’homme de la maison depuis le décès de son père, il y a 21 ans, des suites d’une longue maladie. Mais le jeune homme de 29 ans, aîné de sa famille, a perdu la vie dans des circonstances tragiques. Il est mort dans un accident le dimanche 25 août, vers 16h55, sur la route de Beau-Bois à L’Escalier.

 

Selon la police, un minibus conduit par un habitant de Rose-Belle âgé de 27 ans, est entré en collision avec le véhicule que conduisait Jhanvesh Mudhoo. Ce dernier, technicien-contracteur chez Mauritius Telecom, est mort sur le coup. Le rapport d’autopsie indique que la victime a succombé à de graves blessures à la tête. Un jeune homme de 28 ans se trouvait en sa compagnie. Il a été conduit à l’hôpital et a subi une intervention chirurgicale.

 

Le jour de l’accident, Jhanvesh Mudhoo était en service. Il avait quitté son domicile à Solférino, Vacoas, aux environs de 8h30. Sa mère Ouma et sa sœur Doushita, ont, elles, appris la terrible nouvelle dans l’après-midi, à travers un proche. «C’était un garçon qui passait la plupart de son temps à travailler», confie sa sœur.

 

Son départ laisse un grand vide dans le cœur des siens. Les funérailles de Jhanvesh Mudhoo ont eu lieu le lundi 26 août.

 


 

Souillac pleure Jude Adrien et Nilesh Ghoorah

 

Ils revenaient d’une veillée mortuaire lorsque le drame s’est produit. Nilesh Ghoorah, 19 ans, et Jude Adrien, 18 ans, des habitants de Souillac, ont péri dans un accident de la route, le dimanche 25 août, vers 00h40, sur la route principale de Souillac. La moto sur laquelle ils se trouvaient, une Suzuki noire pilotée par Nilesh Ghoorah, est entrée en collision avec un minibus. Celui-ci était conduit par un habitant de Camp-Diable, âgé de 40 ans.

 

Le décès des deux amis a été constaté peu de temps après leur arrivée à l’hôpital de la localité. Le rapport d’autopsie indique qu’ils ont rendu l’âme suite à leurs nombreuses blessures. Quant au chauffeur du minibus, il a été arrêté peu après et a subi un alcotest qui s’est révélé négatif. Il a passé la nuit au poste de police de Rivière-des-Anguilles avant sa comparution devant le tribunal de Savanne, le lundi 26 août. Il fait l’objet d’une charge provisoire d’homicide involontaire.

 

Depuis cette tragédie, le village de Souillac est plongé dans le deuil. D’ailleurs, les nombreux témoignages sur Facebook en témoignent. «Souvan, li ti vir vire kot mwa. Li ti extra bon kamarad mo garson. Li ti enn bon piti», confie Chico Sauzier qui connaissait bien Nilesh Ghoorah, aussi connu comme Tel. Le jeune homme résidait à la rue Mosquée avec sa mère depuis que ses parents se sont séparés. Mais ces derniers, affligés, n’ont pas souhaité témoigner. Alors c’est Chico Sauzier, qui était présent sur les lieux de l’accident, qui revient sur le drame qui a ôté la vie à deux jeunes qui avaient toute la vie devant eux. Ces derniers rentraient d’une veillée mortuaire dans le quartier de Chaline, chez la famille Bienvenu, lorsque la collision a eu lieu. Peu avant, ils s’étaient rendus à un anniversaire à Bel-Ombre, où habite le grand-père paternelle de Nilesh.

 

«J’allais donner à boire à mon petit-fils lorsque j’ai entendu un grand bruit, se souvient Chico Sauzier. Je suis alors sorti en courant pour aller voir ce qui s’était passé. D’autres voisins sont également sortis. Sur place, j’ai vu les deux amis par terre. Jude était déjà inconscient. Nilesh, lui, respirait péniblement. Un véhicule de la police est arrivé peu après. Un policier nous a alors fait comprendre que Jude avait déjà rendu l’âme. Nilesh est, pour sa part, décédé en cours de route pour l’hôpital.» Les deux amis, affirment-ils, portaient des casques intégraux et des gilets réfléchissants. Malgré tout, lorsqu’ils les a vus, «zot ti dan enn lamar disan. Pa ti fasil ditou pou get zot dan sa leta-la».

 

La Suzuki, une 150 cc, que Nilesh pilotait était un cadeau. C’est sa mère qui la lui avait offerte il y a deux mois. Le jeune homme s’en servait pour travailler comme livreur de pizza, en soirée. En journée, il suivait des formations pré-professionnelles en attendant de trouver le métier qui lui conviendrait. Son départ laisse un grand vide dans le cœur de ses proches et amis.

 

C’est aussi un immense vide qu’éprouve la famille de Jude Adrien. Ce dernier aurait eu 19 ans le 24 octobre. Comme tous les jeunes de son âge, il avait des projets, confient ses parents Sylvio et Lucie. Mais avant son décès, il travaillait dans la maintenance dans un hôtel de la région. Chaque mercredi, il animait des soirées sega tipik avec son groupe. Cet auteur-compositeur était un excellent guitariste, tout comme son père. «Mon fils allait sortir un premier album incessamment. Il avait déjà écrit et enregistré quelques chansons qui devaient figurer sur cet opus», raconte Sylvio Adrien.

 

Le soir du drame, son fils jouait aux cartes avec des amis du quartier lorsque Nilesh est venu le récupérer chez lui. «Zot inn sorti apre enn bon bout letan parski mo garson pa ti pe tro oule sorti sa swar-la, se rappelle notre interlocuteur. Jude pann dir nou kot zot ti pe ale selman. Mo madam ek mwa inn gagn enn sok terib kan nou finn aprann ki mo dernie garson inn mor dan aksidan ek so kamarad. Li bien dir pou aksepte. Jude ti enn extra bon vivan. Li ti enn zanfan bien zovial ek popiler. Akoz samem ou trouv boukou dimounn inn afekte ek so lamor. Sa piti-la ti enn extra bon piti.»

 

Le jour de ses funérailles, le dimanche 25 août, un défilé de motos a accompagné le cortège funèbre qui a quitté son domicile au morcellement Brise-de-Mer, à Souillac. Il y avait également une haie d’honneur formée par plusieurs de ses amis qui jouaient de la ravann sur le parvis de l’église Saint-Jacques. Proches et amis étaient nombreux à avoir fait le déplacement pour lui rendre un dernier hommage.

 

Certaines blessures guérissent vite. D’autres non. Celles laissées par le départ de Jude Adrien et Nilesh Ghoorah prendront certainement du temps à cicatriser…

 

Jean Marie Gangaram et Stephane Chinnapen

 

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