Deux autres noms se sont ajoutés à la liste des personnes qui ont perdu la vie suite à des accidents de la route depuis le début de l’année. La dernière victime en date est Emmanuelle None. Cette jeune femme de 31 ans, habitant Baie-du-Tombeau, a succombé à ses blessures après avoir été fauchée par un conducteur ivre à Grand-Baie, aux petites heures du matin du mercredi 1er mai. Le bilan de la terrible collision mortelle entre deux motos à Bel-Etang s’est aggravé avec le décès du rescapé Akhil Rohomatally. Cet adolescent de 16 ans, a poussé son dernier soupir à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Flacq après 5 jours d’hospitalisation. Retour sur la vie de ces deux jeunes qui, après être passés par bien des difficultés, ont connu une tragique fin.
Un conducteur ivre tue une jeune femme à Grand-Baie
Rosemay, la mère d’Emmanuelle, 31 ans : «Mo tifi inn gagn enn lamor mari atros»
La vie d’une mère est belle tant qu’elle voit le sourire de son enfant. Mais quand celui-ci part avant elle, cette existence se transforme en cauchemar. C’est l’une des épreuves les plus terribles de la vie et on ne s’en remet jamais complètement. On doit juste apprendre à vivre avec. Rosemay None en sait quelque chose. Et elle n’est qu’au tout début du chemin. Cette habitante de Baie-du-Tombeau, âgée de 67 ans, pleure toutes les larmes de son corps depuis qu’elle a perdu sa fille Emmanuelle suite à un terrible accident de la route survenu aux petites heures du matin du mercredi 1er mai. Cette jeune femme de 31 ans se trouvait sur un trottoir, en face du shivala de Grand-Baie, lorsqu’elle a été mortellement percutée par une Nissan conduite par Farhaan Muhammad Kurundin, un General Worker de 21 ans.
Cet habitant Terre-Rouge a d’abord heurté de plein fouet un pylône électrique avant de terminer sa course sur la plage publique. Selon les premiers éléments de l’enquête policière, Farhaan Muhammad Kurundin avait 85 mg d’alcool dans le sang au moment des faits. Il a pris la fuite après la collision mortelle mais la police a réussi à lui mettre la main dessus et à l’arrêter peu après. Le jeune homme a comparu devant la Bail & Remand Court le 1er mai avant d’être reconduit en cellule policière. Il fait l’objet d’une accusation provisoire d’homicide involontaire. Le jeudi 2 mai, il a cette fois comparu devant le tribunal du district de Rivière-du-Rempart où la police a objecté à sa remise en liberté sous caution.
L’accident s’est produit vers 3h30 alors qu’Emmanuelle None s’apprêtait à rentrer chez elle après une virée nocturne avec des amis. «Bann dimounn dir mwa ki sofer-la inn balye mo tifi lor trotwar. Loto-la inn ousi kraz main courante avan sa», souligne Rosemay. Quand les policiers sont arrivés sur place vers 3h45, ils ont retrouvé la jeune femme gisant sur la plage, quelques mètres derrière la voiture accidentée. Selon la police, elle était déjà inconsciente. Elle a été emmenée d’urgence à l’hôpital de Pamplemousses où son décès a été constaté. Le rapport d’autopsie indique que l’habitante de Baie-du-Tombeau a rendu l’âme à la suite d’un «shock due to multiple injuries». Ses funérailles ont eu lieu quelques heures plus tard.
«Mo tifi inn gagn enn lamor mari atros. Li ti sorti ek so bann kamarad lavey-la. Se par so bann kamarad mem ki monn gagn nouvel ki linn fer enn aksidan mari grav. Li ti fini mor kan lambilans inn amenn li lopital», raconte Rosemay, avec une terrible détresse dans la voix. Emmanuelle allait fêter ses 32 ans ce 28 mai. Elle avait deux fils : Jayden Louis, 12 ans, et Khaleb None, 4 ans. «Mo tifi pa ti pe travay. Li ti pe res lakaz ek mo mem. Mo ti pe ed li finansierman. Mo tifi separe ek papa Jayden depi bien lontan. Misie-la dan prison pou le moman. Khaleb pena papa li. Mo tifi mem ki deklar li», confie Rosemay, le coeur rempli de tristesse. Sa fille, dit-elle, a été malheureuse en amour et dans la vie. Et voilà que la mort est venue la cueillir en pleine jeunesse alors même qu’elle voulait, comme tous les parents, voir ses enfants grandir et s’épanouir. Leur vie s’annonce bien triste sans elle.
L’accident de Bel-Etang fait une troisième victime
Tasleem, le voisin d’Akhil, 16 ans : «Li ti ena tro boukou fraktir»
Sa courte vie n’a été qu’un rude combat qu’il a fini par perdre par la force des événements. Akhil Rohomatally, 16 ans, a poussé son dernier soupir à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Flacq le mardi 30 avril. Il y avait été admis cinq jours plus tôt, soit le jeudi 25 avril, suite à un terrible accident de la route à Bel-Étang lors duquel ses deux amis Yohan Bundhoo, 16 ans, et Bilall Hossany, 18 ans, avaient perdu la vie. Les conclusions de l’autopsie indiquent que l’adolescent a rendu l’âme suite à une infection. «Akhil ti ena tro boukou fraktir. Dokter ti fini dir nou ki so sans viv ti bien mins», confie Taslim, un voisin de l’adolescent. Akhil était un battant de nature mais cette fois, ses nombreuses blessures ont eu raison de lui.
Le soir de l’accident, l’adolescent voyageait en croupe sur une moto pilotée par son ami Yohan Bundhoo, qui célébrait ses 16 ans ce jour-là. Les deux ados, passionnés de moto, allaient déposer un bout de gâteau d’anniversaire chez un autre ami lorsque le drame s’est produit. Sur les images des caméras Safe City de la région, on voit leur Haojue, qui roulait sans plaque d’immatriculation ni phare, doubler un autobus à toute vitesse. C’est alors que la moto est entrée en collision frontale avec un autre deux-roues piloté par leur ami Bilall Hossany, âgé de 18 ans et habitant Petit-Paquet. Les trois jeunes ont été violemment projetés par terre.
La police de la région est arrivée sur les lieux très vite. Le décès de Bilall Hossany a été constaté sur place alors que celui de Yohan Bundhoo a été certifié à son arrivée à l’hôpital de Flacq. Le rapport d’autopsie indique que les deux amis ont succombé à leurs multiples blessures. Akhil avait, quant à lui, été transporté à l’hôpital de Flacq pour les premiers soins avant son admission aux soins intensifs où il est resté entre la vie et la mort pendant cinq jours. «Li ti dan koma. Li pann lev ditou depi sa aksidan-la. Sa piti-la pa merit enn lamor koumsa. Li pann kone mem ki lavi ete. Linn konn zis problem alor ki li ti enn extra bon garson. Pa ti fasil ditou pou al get li kan li ti ankor lopital. Tou seki ti konn li bien trist zordi», lâche Taslim, la voix cassée par l’émotion.
Akhil était encore petit lorsque ses parents se sont séparés. Depuis, il vivait sous la responsabilité de sa grand-mère paternelle, une habitante de Médine Camp-de-Masque. Le jeune homme a également une tante paternelle qui vit dans cette localité. «So mama inn fini refer so lavi. Li res Pamplemousses aster. So papa dan prizon. Li ti pe res tousel depi trwa mwa. Zour li mor-la fer trwa mwa zour pou zour depi lamor so gramer. Linn aret lekol depi Form 2. Li ti pe trase pou gagn so lavi. Ena kout li ti pe travay kouma mason. Li ti pe travay lor filling ousi. Li res zis a kote mo lakaz. Depi lamor so granmer, ena zour li ti pe manz kot mo mem. Lezot zour, ser so papa ou bien lezot vwazin ti pe donn li manze», confie Tasleem, le coeur lourd de chagrin.