Publicité
17 octobre 2016 03:18
Dehors,quelques hommes s’activent à enlever une bâche qui a servi à accueillir les proches et amis venus rendre un dernier hommage à Irchad Callekan. Non loin, des femmes et des enfants, le visage empreint de tristesse, entassent des chaises les unes sur les autres. Alors qu’à l’intérieur de la maison, plusieurs proches et amis réunis dans le salon se réconfortent entre eux et soutiennent comme ils le peuvent la mère d’Irchad, affalée sur un divan, anéantie.
Son monde s’est effondré, tel un château de cartes, le jeudi 13 octobre, quand elle a appris que son benjamin avait rendu l’âme dans un terrible accident sur la route principale, à Bel-Air/Rivière-Sèche. Irchad, 28 ans, était au volant d’une voiture, accompagné de son ami Jinally Soobraty, un habitant de sa localité âgé de 30 ans. Les deux jeunes se dirigeaient vers Pont-Lardier, aux alentours de 20 heures, lorsque leur voiture a heurté un 4x4 en stationnement. Ils ont été transportés d’urgence à l’hôpital où le décès du chauffeur a été constaté. Jinally Soobraty, qui a eu de multiples blessures, est lui toujours admis à l’hôpital de Flacq.
Accablé par le décès de son fils, Nazeerkhan Callekan, 59 ans, nage en plein cauchemar. Mais il essaie de se résoudre à accepter cette fatalité. «Allah en a décidé ainsi. Il le voulait auprès de lui», répète Nazeerkhan qui s’accroche de toutes ses forces à sa foi en Dieu pour surmonter cette douloureuse épreuve. Le décès de son fils demeure, pour lui, un grand mystère. «Je ne sais pas où il se rendait ce jour-là. Je n’étais pas chez moi lorsqu’il a quitté la maison. J’ai travaillé dur pour assurer son avenir. C’est terrible de le voir partir dans de telles conditions», pleure ce père en serrant très fort entre ses mains une photo de son cher fils, arraché brutalement à la vie alors qu’il avait plein de rêves à accomplir.
Le destin en a malheureusement décidé autrement. Irchad Callekan est décédé à la fleur de l’âge en heurtant un 4x4 en stationnement au volant de sa voiture. Le conducteur du tout-terrain, un habitant de Mare-La-Chaux,a étéentendu par la police et a participéàune reconstitution des faits le vendredi 14 octobre (voir hors-texte). Il n’a pas été arrêté et aucune charge n’a été retenue contre lui car sa non-responsabilité dans cet accident paraît sans appel.
Benjamin d’une fratrie de trois enfants, Irchad était, selon son père, un fonceur-né. Ayant étudié jusqu’en Form Vau collège Darwin, à Flacq, il a ensuite rejoint le Lycée Polytechnique de cette région où il a appris les bases de la mécaniques et de l’électrique. «Il était brillant et avait même terminé troisième à la fin de ses études au Lycée Polytechnique», avance le père d’Irchad, fier de son fils et en même temps tellement triste. «C’est la mécanique qui le passionnait le plus, poursuit-il.Il travaillait un peu partout et voulait avoir son propre garage et se mettre à son compte. J’avais déjà acheté un terrain pour qu’il puisse y construire son garage. Il n’a, hélas, pas eu le temps de réaliser son rêve le plus cher.»
Et sa passion pour le tuningétait bien connue. Irchad Callekan avait, dans le passé, raflé le premier et le deuxième prix lors d’un tuning showorganisé dans l’île. Ce célibataire laisse derrière lui une famille accablée par sa disparition. Mais aussi des rêves inachevés.
Cet habitant de Mare-La-Chaux se trouvait dans son commerce au moment de l’impact. Toujours sous le choc, il nous raconte avoir entendu un bruit assourdissant alors qu’il s’activait aux dernières préparations pour la prochaine ouverture de son magasin et de son salon de coiffure. «J’ai entendu un bruit assourdissant et je suis sorti de mon commerce. J’ai vu une voiture complètement détruite. À l’intérieur, il y avait deux hommes. J’ai pu sortir celui qui était du côté passager. Mais pas le chauffeur car la portière de son côté était coincée.»Son 4x4, dit-il, est lui aussi complètement détruit. «Mon véhicule a été traîné sur plusieurs mètres après l’impact et projeté dans un canal.»Le vendredi 14 octobre, il a participé à une reconstitution des faits. Aucune charge n’a été retenue contre lui.
Depuis le début de l’année, 106 personnes ont péri dans des accidents à travers l’île. Chaque semaine apporte son lot de morts et de blessés graves sur nos routes. La police reste sur le qui-vive pour limiter les dégâts. Mais la responsabilité des usagers de la route est plus que jamais décriée face à cettehécatombe. On aura de cesse de le dire : la prudence et la courtoise doivent toujours être de mise, qu’on soit derrière le volant, à moto ou simple piéton.
Il devra désormais conjuguer son présent sans celui qui était à la fois son grand frère et son meilleur ami. Shivam Luchmun, habitant Morcellement St André et âgé de 24 ans, fait face à une douloureuse épreuve. Il a perdu son frère Satish, d’un an son aîné, dans des circonstances dramatiques. Celui-ci est mort dans un accident le mercredi 12 octobre, à Gokhoola.
Il était aux alentours de 23h30, lorsque le jeune homme, qui conduisait la voiture de son ami, a perdu le contrôle du véhicule qui a fini sa course dans un champ de cannes. L’impact a été tel que le conducteur a été projeté hors de la voiture. Grièvement blessé, ila ététransportéàl’hôpital oùson décès a été constaté. L’ami qui étaiten sa compagnie, un habitant de Morcellement St André âgé de 26 ans, n’a pas subi de blessure eta ététestépositif àl’alcotest.
Chez les Luchmun, le monde s’est brutalement arrêté depuis l’annonce du drame. Nous rencontrons Shivam, très affecté par cette subite perte, mais qui veut garder le meilleur de son frère. Issu d’une fratrie de quatre enfants – une sœur et trois frères –, Satish Luchmun avait pris de l’emploi à la Banque des Mascareignes en septembre dernier. «Auparavant, il était employé chez Young Bros», confie son frère. Le jour du drame, explique-t-il, son frère était rentré tôt du travail car il devait ensuite se rendre à une fête organisée par ses collègues àPoste-Lafayette.
«Il ne voulait pas vraiment y aller. Mais il a finalement accepté de s’y rendre. Ses amis comptaient sur lui pour conduire après la fête. Car mon frère ne consomme pas d’alcool», raconte Shivam, les larmes aux yeux. Mais sur le chemin du retour, le malheur a frappé le jeune homme qui n’avait aucune chance de survie après le violent accident dont il a été victime.
Selon Shivam, son frère, un ex-élève de la SSS Adolphe de Plevitz, était quelqu’un de très intelligent. Il avait prévu d’entamer des études supérieures bientôt. «Il voulait faire un BSc en Managementà l’Université de Maurice», souligne Shivam. Satish était aussi très sportif. Amoureux du football, il jouait dans une petite équipe de sa localité. «Il faisait aussi du jogging plusieurs fois par semaine et adorait les courses hippiques», confie son frère qui peine à cacher ses émotions. Tellement il est ébranlé, comme tous les proches de Satish, par cette mort brutale et soudaine qui le prive à jamais d’un être cher.
Publicité