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12 mai 2014 04:30
Remise en liberté après plusieurs jours en cellule, celle qui défraie la chronique depuis quelque temps semble afficher la sérénité. «Je fais totalement confiance à la justice», nous a déclaré Winsy Buttié, née Henry, hier, sans toutefois vouloir en dire plus sur les accusations d’escroquerie portées contre elle par son ancien employeur Clensy Appavoo. L’ancienne Personal Assistant du Chief Executive Officer (CEO) du cabinet de consultants Appavoo and Associates est accusée d’avoir détourné, pendant les cinq dernières années, une somme de Rs 105 millions au préjudice de HLB Appavoo et Associates.
Elle a été arrêtée le mercredi 30 avril et la police a retenu trois chefs d’accusation contre elle : Larceny by Person in Receipt of Wages, Conspiracy et faux et usage de faux. Après plusieurs jours passés en cellule et plusieurs interrogatoires où elle était assistée de ses avocats Mes Ahshley Ramdass et Varuna Bunwaree, elle a finalement été libérée sous caution, le vendredi 9 mai, après avoir fourni une caution de Rs 125 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 16 millions. Mais l’enquête se poursuit.
Selon des sources aux Casernes centrales, après l’interrogatoire de Denise Henry, la mère de Winsy Buttié, sur un versement régulier sur son compte, et celui de Raj Sooklall, le planton de Appavoo and Associates, sur le compte duquel ont transité plusieurs millions, une vingtaine d’employés de cette même compagnie sont attendus dans les jours qui viennent aux Casernes Centrales pour répondre aux questions des enquêteurs sur cette affaire.
Denise Henry, la mère de Winsy Buttié, et Raj Sooklall, le planton d’Appavoo and Associates, ont été interrogés cette semaine.
Ces derniers s’intéressent aussi aux avoirs du couple Buttié. Dans cette optique, son époux Mario Buttié, cadre dans une compagnie, a été entendu par les limiers concernant une importante somme d’argent qui se trouve sur son compte. Somme que celui-ci a justifiée disant que ce sont ses économies. Les membres du CCID devraient également passer au peigne fin les biens des Buttié, dont un bungalow dans le Nord. «C’est un écheveau subtil à demêler, surtout lorsqu’il s’agit des choses qui sont liées au monde hippique. Nous devons être vigilants pour ne rien laisser au hasard», a confié, à 5-Plus dimanche, un enquêteur proche de ce dossier.
S’il y a un endroit où la convocation de Winsy Buttié au CCID et son arrestation ont eu l’effet d’une bombe, c’est bien dans le monde des courses hippiques où la dame a ses habitudes, étant membre de plusieurs écuries. Une source au sein du Mauritius Turf Club (MTC) explique : «Ce n’est un secret pour personne que Winsy Buttié entretient des relations privilégiées avec certains officiels du MTC. La peur de certains parmi eux est justifiée. On ne sait pas où cela débouchera si jamais les enquêteurs l’interrogent sur ses liens avec les propriétaires des chevaux.»
Lors de son interrogatoire vendredi, Winsy Buttié a effectivement révélé aux enquêteurs qui étaient les prête-noms au MTC qui achètent des chevaux de course, principalement d’Afrique du Sud. «Ses révélations vont faire beaucoup de mal au MTC si elle détient des preuves de ce qu’elle avance», soutient cette source.
Cette habitante de Mont-Roches, maman d’une fille de 20 ans, n’a pas non plus épargné son ancien patron Clensy Appavoo lors de ses interrogatoires. Après avoir accusé l’homme d’affaires d’avoir détourné une grosse somme d’argent au détriment d’un de ses clients, un Français aujourd’hui décédé, voilà qu’elle a laissé entendre aux enquêteurs que certains chevaux de courses qui sont à son nom sont en fait la propriété de Clensy Appavoo alors que ce dernier l’avait accusée d’avoir acquis ces bêtes en Afrique du Sud, en partie grâce à l’argent détourné.
En tout cas, cela fait longtemps que Winsy Buttié se fait remarquer au Champs de Mars. Un turfiste très connu nous en dit plus sur elle. «Elle a une forte personnalité et a l’art de convaincre. Elle est respectée et écoutée dans certains milieux pour son sens des affaires. Elle aime la fête. Ce n’est pas anormal qu’elle soit si bien entourée.»
Mais de là à la surnommer «Lady de Champ de Mars», comme le font ses détracteurs, notre interlocuteur se montre très prudent. «On en a déjà vu d’autres bien avant elle dans les couloirs de la MTC avec de grandes ambitions. Ils n’ont pas fait long feu.»
Interrogé sur toute cette histoire qui secoue le monde des affaires et l’univers hippique, un haut responsable de la MTC s’est contenté de dire : «La présomption d’innocence existe. Je laisse la justice faire son travail.»
Clensy Appavoo est aussi accusé d’escroquerie par son ex-employée.
La riposte d’Appavoo and Associates
Suite aux accusations de Winsy Buttié à l’encontre du patron de HLB Appavoo and Associates, Clensy Appavoo, la firme se défend dans un communiqué. «C’est une tentative désespérée de porter atteinte à notre réputation, notre professionnalisme et notre intégrité reconnus depuis plus de 25 ans. C’est notre compagnie qui est victime d’un détournement de Rs 105 millions. Nous sommes confiants que l’enquête en cours permettra d’éclairer ces manoeuvres infondées et désespérées de la part de Mme Winsy Buttié à l’encontre de M. Clensy Appavoo», dit notamment le communiqué.
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