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3 mai 2022 19:04
Le vrombissement du moteur du corbillard brise le silence de cathédrale qui règne à l’avenue Anthurium, au village du Morne, en ce vendredi 29 avril. Il est 14h09 lorsqu’arrive le véhicule transportant le corps et le cercueil d’Adriano Minerve, 4 ans. Ceux assis sous la salle verte font très vite de la place pour que les proches du garçonnet transportent la dépouille à l’intérieur du domicile familial où sa mère Carine, 30 ans, est en larmes. Ses cris stridents fendent le cœur des proches et voisins présents. Son compagnon Kevin, 38 ans, ainsi que leurs autres enfants – deux filles de 16 ans et 5 ans, et trois garçons de 15, 11 et 7 ans – sont également inconsolables depuis le départ tragique d’Adriano. «Kan ou get li dan so serkey, ou pou krwar li pe dormi», lâche Kevin, employé d’hôtel. Lorsque sa compagne et lui ont appris le décès d’Adriano, c’est une partie d’eux qui s’en est allée avec lui. Lui, le petit dernier de la famille.
À l’extérieur de la maison, des voisins, qui hésitent à rentrer car la petite pièce où est disposé le cercueil est noire de monde, s’interrogent. Comment le petit Adriano a-t-il péri noyé ? Que s’est-il passé exactement le jeudi 28 avril ?
Ce jour-là, après 19 heures, la dépouille du garçonnet, plus connu sous le sobriquet de Nano, est repêchée dans une fosse septique remplie d’eau boueuse, non loin de sa maison, dans le village du Morne. Quelques heures plus tôt, sa mère, ne le voyant pas, avait donné l’alerte. «Li ti pe zwe dan lakour mem. Linn manze midi. Linn sorti pou zwe ankor apre 14h. Mo koumans rod li 17h kan mo ti sorti pou apel li pou donn li so bin. Tou bann zanfan ki abitie zwe ek li dir nou ki zot pann trouv li», confie la jeune femme, en larmes.
Le voisinage se lance alors très vite à la recherche du petit Nano. «Nou tou inn panse linn zwe koukasiet ek ki linn dormi par-la», raconte un voisin. La nouvelle de la disparition du petit garçon et les recherches éveillent des mauvais souvenirs à une autre famille qui habite dans la même rue. «Inn fer 19 an yer ki mo nies 3 an ti nwaye dan enn trou ki ti fouye pou twalet», se souvient une voisine. Des habitants ratissent les alentours en vue de retrouver Adriano. Emmanuel, un cousin de Carine, prend, lui, un bâton pour remuer l’eau boueuse d’une fosse septique qui se trouve sur un terrain occupé par une famille de squatters, à environ 150 m de la maison du garçonnet.
«Lekor Nano ti anba net dan labou. Se kan mo kouzin inn pas enn baton ki lekor mo garson inn monte. Jean-Luc, konpanyon mo belmer, inn zet dan dilo ek plonze pou tir lekor mo garson», lâche Carine, de la tristesse dans la voix. Adriano a été conduit à l’hôpital Yves Cantin où le personnel soignant n’a pu que constater son décès. Le rapport d’autopsie indique qu’il a succombé à une asphyxie suite à la noyade. Depuis, Carine et les siens sont plongés dans une profonde souffrance. Et à leur douleur s’ajoutent des interrogations sur les circonstances entourant ce terrible drame. «Mo anvi kone kouma mo garson inn rant dan sa trou-la», se demande, sans cesse, Carine.
Adriano jouait, semble-t-il, aux billes avec d’autres enfants de son âge lorsqu’il aurait été vu pour la dernière fois devant l’entrée principale de la maison familiale. «Eski ou krwar enn zanfan sa laz-la pou mars tousel dan enn sime kann kot ena boukou lerb ek pou rant dan dilo pou naze ? Mo kont lor lapolis pou kone kinn ariv Nano», s’émeut Carine.
À ce stade, la police privilégie la noyade. Elle soupçonne que le garçonnet a suivi un autre enfant ou un adulte qu’il connaissait et que celui-ci aurait paniqué quand Adriano est tombé dans la fosse septique. C’est pourquoi, le Dr Gungadin, chef du département médico-légal de la police, a recommandé à la CID de la Western Division d’enquêter sur cette affaire. Des officiers du Scene of Crime Office se sont rendus sur les lieux le vendredi 29 avril pour prendre des photos, noter la distance entre la maison du garçonnet et le trou où il a été retrouvé mort, et faire un croquis pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Les premiers éléments de l’enquête indiquent qu’Adriano ne portait aucune blessure. Les parents du garçonnet, eux, attendent des réponses. Comme tous les enfants de son âge, le petit «Nano adorait les dessins animés», confient-ils. Il avait également son petit caractère. «Li ti mari kontan get bann ti komik ek fer grimas parey. Li ti bien gate. Li ti ousi enn bon zanfan. Li ti manz tou seki ou donn li. Zame mo pann gagn problem ek li», confie Carine, la voix cassée par le chagrin d’avoir perdu son petit dernier, qu’elle aimait tant…
Le terrain où se trouve la fosse septique où le petit Adriano a péri noyé fait l’objet d’un litige en cour. C’est la raison pour laquelle, le Conseil du district de Rivière-Noire a décidé d’initier une enquête suite à ce terrible drame. Un drame qui ne laisse pas insensible le Kolektif Vilaz Morne et Rezistans ek Alternativ, qui déplorent d’ailleurs le décès tragique du garçonnet. Ce malheur «n'aurait jamais dû se produire», lancent-ils. Milain Jean et Yoni Auguste du Kolektif Vilaz Morne ainsi que Veena Dolah et Stefan Gua de Rezistans ek Alternativ dénoncent la précarité qui prévaut dans le village du Morne depuis 2014. Une situation dont le petit Adriano a fait les frais, soutiennent-ils.
Le quatuor invite le ministre Obeegadoo, en sa qualité de ministre responsable des Terres et Logements, à porter une oreille attentive à la demande des villageois du Morne. Ils souhaitent que l'État se penche sérieusement sur la question du logement dans ce village, en faisant l'acquisition obligatoire des terrains situés à l'arrière de cette localité pour un projet de logement social et digne pour les villageois.
Sa passion pour la pêche a eu raison de lui. Louis Gino Telvave (photo), plus connu comme Roland, âgé de 48 ans, a péri noyé lors d’une partie de pêche. Le corps sans vie de cet habitant de St-Hilaire a été repêché par des plongeurs de la police à Bassin-Bleu qui se trouve non loin du château de Riche-en-Eau, en début d’après-midi, le vendredi 29 avril. Liseby, la sœur du quadragénaire, explique que ce dernier est sorti, la veille, vers 13h30, pour aller à la pêche. «Li ti sorti tousel pou al lapes tilapia. Li pann rantre sa swar-la. Nou ti panse linn al met enn program kot enn kamarad. Kan pann trouv li vini mem ki nou finn koumans rod li gramatin», explique-t-elle.
En allant voir «so bann baz lapes», des proches ont retrouvé sa casquette et son sac de pêche. Ces derniers ont, par la suite, alerté le poste de police de la région. Mandés sur place, les plongeurs de la police ont repêché sa dépouille à une profondeur de 3 mètres.
Louis Gino Telvave était célibataire. Cet ancien employé d’une propriété sucrière gagnait sa vie en collectionnant les petits boulots. L’autopsie a conclu à une asphyxie suite à la noyade.
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