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Par Yvonne Stephen
18 décembre 2015 03:57
Soleilde plomb et brise de tuyaux d’échappement. Brouhaha ambiant de la capitale. Le décembre made inPort-Louis est étouffant et bruyant. Alors que les voitures sont prises dans un embouteillage, un marchand saisonnier fait sa réclame : «Pri ispesial. Dernie reste. Bel lokazion.»Dans ses mains, une boîte renfermant un drone… Vous connaissez certainement ce petit appareil qui vole et qui filme en même temps.
Le truc un peu bizarre, mais tellement fun que de nombreux enfants rêvent de retrouver dans leurs chaussures, sous le sapin, cette année. Le Père Noël a donc pris un peu d’avance en envoyant un elfe (au look pas si «elfique» que ça) sous la forme de ce vendeur qui ne craint ni la chaleur ni les voitures. Tariq Chady, Reza Ganty et Ashraf Lallmohamed n’ont, eux, pas de souci à se faire, le mec en rouge et blanc est passé chez eux il y a plusieurs mois déjà. Et il n’y avait pas de sapin !
Que de bonnes idées et une envie d’utiliser le drone différemment. Eh oui ! Cet appareil qui vole ne sert pas simplement à jouer au bay louke, à filmer des rencontres politiques et à découvrir le monde vu d’en haut. Ces jeunes hommes qui ont lancé leur petite entreprise, Aerobotics, ont décidé de faire de ce gadget un outil de travail qui permettrait de changer la façon de faire du landscapinget du mapping, entre autres, à Maurice. Bien sûr, le modèle proposé par l’elfe pas trop elfe ne devrait pas être d’une grande aide pour ces professionnels. C’est pour cela que leur drone ne s’achète pas on the streetet est en opération depuis quelques mois déjà.
Imaginez trois copains de collège qui se rencontrent. Visualisez les délires, les souvenirs et les blagues échangés. À la base, les rencontres de Tariq, Reza et Ashraf sont comme vous les imaginez. Les trois amis ont fréquenté ensemble le collège Saint-Esprit, puis ont pris des chemins un peu différents. Le premier est ingénieur aéronautique, le second designer et le troisième, ingénieur informatique.
Puis un jour, suite à une lecture sur les drones et leurs potentiels, Tariq décide qu’il est temps de se lancer dans une nouvelle aventure ! Il y invite ses amis qui acceptent de faire le pas (tout en gardant chacun son emploi). Ils commandent l’appareil de leur rêve et font sa connaissance en mars. «Il nous a fallu deux mois pour tout comprendre, pour explorer toutes les possibilités qu’un drone pouvait offrir. Et après, on s’est lancés», explique Reza.
Une alarme…
Pour faire comprendre le concept d’Aerobotics, Tariq donne un exemple très simple. Un scénario : votre entreprise a un bâtiment de plusieurs niveaux, une alarme se déclenche et vous soupçonnez que vous avez un souci avec une ouverture non accessible par l’intérieur au 20e étage. Que faire ? Payer une équipe qui s’élèvera, à l’aide d’un échafaudage ou d’une grue, pour vérifier si problème il y a ? Pas nécessairement. «Avec un drone, la vérification se ferait beaucoup plus rapidement et à moindre coût. C’est un service que nous proposons et qui peut s’étendre à des ponts, des colonnes électriques, des endroits difficilement accessibles, entre autres.»Cette étape cruciale et rapide permet de ne pas mobiliser des ressources humaines dans le vide (si, au final, il n’y a pas de problème). Malin !
Mais ne vous inquiétez pas, les drones ne s’utilisent pas uniquement pour des opérations barbantes : elles permettent des prises de vue époustouflantes et des découvertes inédites dans des endroits difficilement accessibles. L’équipe s’est rendue, il n’y a pas longtemps, à Pavé Citron : une région du centre de l’île coupée du monde suite à la création du Midlands Dam. Grâce à leur appareil, les amis ont pu survoler cette région presque inaccessible depuis plusieurs années.
D’ailleurs, Vertical World, la boîte qui propose des randonnées, des descentes en rappel et des escalades, entre autres activités périlleuses, a fait appel à leurs services pour des images à couper le souffle. Les promoteurs de villas ERS ou IRS également. Quoi de mieux qu’une prise de vue aérienne pour mettre en valeur un produit d’exception ? Pas grand-chose. «On ne fait pas juste décoller un drone. C’est le côté artistique qui nous intéresse pour ce genre de travail. On compose nos photos, on ne laisse rien au hasard : le cadrage, la lumière, l’angle de vue.»
Stop ! Avant de vous lancer dans une recherche afin de trouver le parfait gadget pour vos jeux d’adultes, découvrez un autre champ d’activité du drone : l’étude de terrain. Quoi ? Comment ? Pourquoi ? Vous êtes un peu perdu ? On vous comprend. Mais Tariq a l’art de simplifier les choses en quelques mots. Le drone et son utilisation, il maîtrise. C’est son domaine, d’ailleurs : «Pour une étude de terrain, il faut au moins dix personnes sur le terrain, il faut tout mesurer, tout calculer. Ça prend du temps. Avec un drone, on fait la même chose en quelques heures.»
Ensuite, il faut compter un travail de traitement et des calculs très compliqués pour que le travail soit terminé en trois jours : «Le client obtient une photo de son terrain en HD, il en connaît tous les décalages, tous les dénivellements. Et les architectes en ont besoin pour travailler. Ça revient à moins cher et, en même temps, la qualité et la précision du travail sont supérieures.»
Ces jeunes entrepreneurs sont persuadés d’une chose : il existe un marché pour les drones ! Et avec leur appareil pas comme les autres, ils sont prêts à tout pour le conquérir…
Pour en savoir plus
Envie de jeter un coup d’œil au travail de ces jeunes hommes ? Faites un tour sur leur page Facebook(il suffit de chercher Aerobotics) ou sur leur page Web : http://www.aerobotics.mu/.
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