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2 août 2022 13:06
Sa motivation est purement citoyenne, dit-il. Nicolas Jummun, alias Nicolas Bigman sur les réseaux sociaux, a consigné un pre-measure statement, le lundi 25 juillet, au poste de police de Curepipe, dans le cadre de l’affaire de sniffing allégué. Ce College Attendant de 49 ans a lui-même rédigé sa déposition. L’habitant de Curepipe explique qu’il est client des différents services proposés par Mauritius Telecom (MT) depuis 20 ans et que cela fait trois semaines qu’il a lu plusieurs articles de presse et écouté diverses émissions radiophoniques sur une affaire alléguée de sniffing où MT a permis à des étrangers d’accéder à la Baie-du-Jacotet Landing Station. Selon ce qu’il a appris encore, toujours à travers les médias, c’est que ces étrangers auraient été autorisés à saisir des données confidentielles.
En tant que citoyen mauricien et client de MT, Nicolas Jummun demande ainsi à la police de vérifier si ces étrangers ont effectivement pu recueillir des données liées à sa personne. Il souhaite aussi savoir si les ordres donnés à MT, comme rapporté par les médias, sont légaux ou non. Et ce n’est pas tout, dit-il. «Je ne compte pas m’arrêter là. J’ai déjà retenu les services d’un avocat pour décider de la marche à suivre», nous explique cet habitant de Terre Coupée, à Camp-Caval, qui fréquente le giron politique depuis plusieurs années.
Nicolas Bigman affirme qu’il connaît personnellement Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam. Il avance qu’il fait partie de ceux qui auraient convaincu sir Anerood Jugnauth de donner un ticket à Stephan Toussaint pour que celui-ci soit candidat au no 17 en 2014. Il a lui-même participé aux élections législatives en 2019, au sein de la Plateforme Sociale Curepipienne. Il milite aujourd’hui au sein d’Idéal Démocrate. «Mais ma démarche n’a rien à voir avec mon engagement politique. J’invite d’autres citoyens à suivre le pas», lance le quadragénaire.
Cette affaire de sniffing allégué est pour lui très grave et il pense qu’une enquête policière là-dessus peut porter des fruits. «La police a suffisamment de matière pour mener une enquête. Le Premier ministre a déclaré publiquement qu’il a donné toutes les informations relatives à cette affaire à la police. Le chef du gouvernement a également déclaré publiquement qu’il avait donné des instructions à l’ancien CEO de Mauritius Telecom pour autoriser cette équipe venue de l’étranger à avoir accès à Baie-du-Jacotet», souligne Nicolas Jummun. Il précise qu’il ne veut pas connaître la nature de la sécurité nationale dont fait mention le PM. En revanche, il pense que c’est légitime pour les citoyens mauriciens de savoir si un danger nous guette.
«Pourquoi a-t-il fait appel à une équipe étrangère ? A-t-il eu des informations selon lesquelles il y aura un coup d’État ? Ou encore une attaque terroriste ? Qui dit vrai entre lui et l’ancien CEO de Mauritius Telecom ? Pravind Jugnauth doit des explications à la population», martèle le Curepipien. Il considère le silence du Premier ministre sur toutes ces questions comme un manque de respect vis-à-vis de la population. «Pravind Jugnauth est redevable envers la population. Il ne l’est pas envers un autre pays. Je peux comprendre qu’il y a des secrets d’État mais on ne peut pas prendre ses mots pour des paroles d’évangile.» Ni ceux de Sherry Singh d’ailleurs, affirme Nicolas Jummun.
Mais ce qui l’intéresse, c’est surtout l’attitude du Premier ministre dont les paroles ne l’ont guère convaincu. «C’est pour cela que j’insiste pour que la police enquête. Pravind Jugnauth avait personnellement invité les gens à aller porter plainte à la police. Je l’ai pris au mot. Est-ce que la police va vraiment enquêter ? Ça, c’est une autre question !» lâche Nicolas Jummun. Il se pose aussi la question suivante : «Le nouveau conseil d’administration de Mauritius Telecom aurait-il demandé un audit si les allégations de sniffing n’étaient pas fondées ?» Pour lui, il y a définitivement anguille sous roche…
Il est catégorique. «Pravind Jugnauth est coupable de haute trahison et de conspiration», martèle Bruneau Laurette. C’est ce qui l’a poussé, poursuit-il, à aller porter plainte à la police. Il s’est rendu au Central Criminal Investigation Department le jeudi 28 juillet. «Je l’ai fait en tant que citoyen et non en tant que leader de Linion Sitwayin», précise-t-il. Dans sa déposition, l’activiste social et politique a soutenu ses propos par plusieurs éléments importants. «Pravind Jugnauth est coupable de conspiration après avoir comploté avec une équipe étrangère pour l’extraction et la saisie de données informatiques confidentielles.» Bruneau Laurette a aussi balancé plusieurs noms dont celui d’un dénommé Radhakrisna qui serait le fameux Misie Moustache présent à la Baie-du-Jacotet Landing Station à cette occasion. Il aurait été en compagnie d’un certain Deepak James, Team Leader, et d’un autre Indien qui se nomme Maurya.
L’ancien CEO de MT, Sherry Singh, a expliqué avoir reçu un appel du Premier ministre le 14 avril, à 10h18, pour lui demander de donner accès à une équipe étrangère pour une enquête sur le Southern Africa Far East Cable. «Cette instruction de Pravind Jugnauth est une infraction car Mauritius Telecom est une société privée cotée en bourse», souligne Bruneau Laurette. L’activiste trouve cela inconcevable que le PM ait utilisé sa position pour faire pression sur Sherry Singh. La Baie-du-Jacotet Cable Landing Station est une zone sécurisée sous la protection de la Special Mobile Force. «Le bureau du commissaire de police n’a délivré aucun permis d’accès», souligne-t-il.
Dans sa déposition, Bruneau Laurette affirme que le Network Operating Command n’a été averti de l’arrivée de cette équipe étrangère que deux heures avant qu’elle ne débarque sur le site. Selon ses dires toujours, l’équipe étrangère a débarqué dans trois voitures, à 12h59, le 15 avril 2022. Selon les images CCTV, trois étrangers ont été vus entrant dans le bâtiment à 13 heures pour en ressortir vers 18h52, soit six heures plus tard. «En donnant de telles instructions, Pravind Jugnauth commet un acte illégal. Les trois étrangers sont entrés dans une zone sécurisée sans permis approprié. En les laissant entrer, la SMF est également coupable de complicité», affirme Bruneau Laurette, précisant que «la lettre de Girish Guddoy confirme les dires de son ancien CEO Sherry Singh».
Dans sa missive, l’ancien Chief Technical Officer de Mauritius Telecom explique que les étrangers ont, entre autres, capturé un échantillon de deux minutes de données de notre trafic Internet. «Cela constitue une violation de l’Information and Communication Technologies Act. Cette violation peut également compromettre la défense de l’État ainsi que la sécurité du public», souligne Bruneau Laurette. En tant qu’un professionnel de la sécurité, il explique qu’il y a trois éléments importants à ne pas négliger : la protection des biens, celle des gens et, en dernier lieu, celle des données. Et lorsqu’il s’agit d’un pays, le gouvernement a le devoir de protéger ses citoyens, les biens de l’État et les données personnelles des citoyens et d’autres entités.
«Pravind Jugnauth a permis à une équipe étrangère de faire du spying dans une critical and securised infrastructure zone. Il a surtout bypass tous les protocoles mis en place en permettant à des étrangers de faire du data capture sur le Southern Africa Far East Cable, ce qui est une violation très grave. Le pire dans toute l’histoire, c’est qu’il n’a pas informé les ambassades et les hautes commissions étrangères sur ce sujet. Je le redis : le Premier ministre est complice d’espionnage. Voilà pourquoi, je persiste à dire qu’il est coupable de haute trahison et de conspiration», martèle Bruneau Laurette.
Linion Sitwayin organise une marche pacifique le dimanche 7 août, à Port-Louis, pour réclamer le départ du Premier ministre et de son gouvernement. Celle-ci débutera à 14 heures, à la rue Volcy Pougnet, et se terminera à La Place d’Armes, où il y aura un sit-in silencieux jusqu’à 18 heures.
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