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Affaire Kistnen : ce rapport qui déchaîne les passions

23 octobre 2022

L'ex-ministre Yogida Sawmynaden sera interrogé cette semaine alors même que le rapport de l'enquête judiciaire sur la mort de l'agent MSM fait polémique...

Le début

 

Encore un rebondissement de taille dans l'affaire Kistnen ! Le vendredi 14 octobre, TéléPlus a dévoilé en exclusivité plusieurs parties du rapport de l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen (agent politique retrouvé mort dans un champ de cannes le 18 octobre 2020). Rapport rédigé par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth, qui avait présidé les travaux de l'enquête judiciaire. Et cette dernière n'y va pas de mainmorte dans ses conclusions : elle fustige la police et la façon dont l’enquête a été menée, dit que l’affaire d’emploi fictif de la veuve de Kistnen ou encore les Kistnen Papers pourraient être des mobiles pour le crime, et aussi que celui-ci pourrait être lié à l’allocation de contrats à des proches de l’ex-ministre Yogida Sawmynaden, nom clairement cité dans ledit rapport.

 

Conférences de presse Du samedi : Navin Ramgoolam martèle

 

C’était le sujet principal du leader du Parti travailliste ce samedi 22 octobre. Lors de sa conférence de presse, Navin Ramgoolam est longuement revenu sur l’affaire Kistnen et le fameux rapport de l’enquête judiciaire. «Les Mauriciens ont découvert des faits troublants dans cette affaire (…). C’est surtout grâce à l’équipe des Avengers qu’on a pu y voir clair, ils ont fait ce que la police n’a pas pu. Donnons crédit à Nawaz Noorbux pour la publication du rapport (…). Maintenant, c’est la panique du côté du MSM (…). Ce n’est pas important pour eux de savoir qui a tué Kistnen, ils veulent plutôt savoir qui a fuité les informations parce que ça égratigne le gouvernement», a déclaré Navin Ramgoolam, tout en soulignant que le DPP peut publier le rapport. 

 

Autre conférence de presse en ce samedi, celle de Linion Pep Morisien, qui annonçait l’intégration de Vasant Bunwaree (Mouvement Travailliste Militant). Et encore une fois, le fameux rapport a été très commenté. Selon Jean-Claude Barbier, «la publication du rapport montre ce que le gouvernement voulait faire pour contrôler le DPP, en mettant un organisme au-dessus du bureau du DPP». Danielle Turner a, elle, salué la «force et le sens de la justice» de la magistrate  Vidya Mungroo-Juggurnauth.

 

Du côté de L'Entente de l’Espoir, ses membres avaient, de concert avec ceux du Parti Travailliste, le mardi 18 octobre, parlé «d’un rapport extrêmement grave» et demandé à ce qu’il soit rendu public. 

 

Rezistans ek Alternative a, pour sa part, publié un communiqué sur le rapport, où l’on peut notamment lire : «La publication des extraits du rapport est une bonne chose, dans l’intérêt public (…). Ce rapport montre à quel point la sphère du pouvoir a pourri le fondement démocratique et la vie publique de la République de Maurice (…). Nous dénonçons l’arrogance de l’Attorney General.»



Yogida Sawmynaden sera interrogé

 

Un moment attendu. Le samedi 22 octobre, plusieurs médias ont annoncé que Yogida Sawmynaden sera interrogé au QG du Central CID ce mardi 25 octobre. Toutefois, pour l’avocat de Simla Kistnen, Rama Valayden, ce «serait une perte de temps et presque un désaveu de la police». Seront aussi interrogés, ceux qui avaient manifesté en début de semaine devant l’hôtel du gouvernement. D'abord, les membres de Linion Pep Morisien, qui protestaient contre la présence de l’ex-ministre Yogida Sawmynaden dans l’hémicycle alors que son nom est cité dans le rapport de l’enquête judiciaire. Ensuite, les parlementaires de l’opposition, qui manifestaient, eux, en soutien aux trois élus du Parti Travailliste sous le coup d’une suspension : Shakeel Mohamed, Patrick Assirvaden et Mahend Gungapersad.

 

Aussi aux Casernes, mais pas trop

 

En début de semaine, il y a eu des convocations aux Casernes pour cette affaire. D’abord Bisoon Mungroo, qui a été interrogé le 17 octobre après qu'il a déclaré dans une interview dans l’express du dimanche 16 octobre que «Pravind Jugnauth sait qui a fait ça». Il a argué que ses propos ont été mal rapportés et a été autorisé à rentrer chez lui. Nawaz Noorbux de Radio Plus était lui attendu aux Casernes le 18 octobre, mais a finalement été informé que les enquêteurs sont «bloqués». 

 

Nouvelle équipe

 

Une nouvelle équipe de policiers a été constituée pour enquêter sur les allégations d’emploi fictif formulée par la veuve Kistnen et de détournements de fonds concernant Yogida Sawmynaden. C’est dans cette optique que l’ex-ministre sera interrogé durant la semaine. Rama Valayden dit espérer que la mise sur pied de cette nouvelle équipe d’enquêteurs ne soit pas une «delaying tactic».

 

L’offensive de l’Attorney General 

 

Action, réaction. Le 16 octobre, l’Attorney General, Maneesh Gobin, a publié un communiqué où il annonce qu’une demande sera faite au commissaire de police pour ouvrir une enquête sur l’éventuelle fuite dans le domaine public du rapport de l’enquête judicaire sur la mort de l’agent MSM. Le communiqué souligne aussi que le rapport publié tel quel n’est pas signé et ne semble pas porter le sceau officiel du tribunal du district. Le Directeur des poursuites publiques (DPP) en prend aussi pour son grade, le communiqué insinuant qu’une infraction pénale aurait pu être commise par un agent de son bureau…

 

Contre-attaque du DPP 

 

Action et encore réaction. Celle du DPP ne s'est fait attendre. Le 17 octobre, Satyajit Boolell a lui aussi sorti un communiqué, disant qu’il ne sera pas «intimidated, in yet another attempt to curtail its independence and fearlessness to uphold the Rule of Law in our democratic society». Il a aussi déploré que l’indépendance des agents de son bureau et leur interaction avec la police ont été remises en question. Lors d’une sortie pour une conférence sur les virtual assets à l’hôtel Hennessy, le DPP a été interrogé sur l’affaire par la presse ; il a notamment déclaré que «la priorité est de laisser l’enquête respirer, et qu’on attende des développements, notre souhait est surtout envers la famille de la victime». Il a aussi dit qu’en tant que DPP, il tiendra la veuve Kistnen au courant de tous les développements de l’enquête.

 

Ganoo contredit Gobin 

 

Il vient dire le contraire. Lors d’une conférence de presse vendredi, le ministre du Transport Alan Ganoo a pris à revers son collègue Maneesh Gobin en déclarant : «Nous regrettons que le rapport n’ait pas été rendu public...»

 

Au Parlement

 

Le mardi 17 octobre, la PNQ au Parlement était axée sur l’affaire Kistnen. Le Premier ministre a répondu au leader de l’opposition, disant notamment que la MCIT avait interrogé 17 personnes depuis janvier 2022, mais pas Yogida Sawmynaden !


On a aussi appris que depuis le début de l’enquête, 98 personnes avaient été entendues. D’autre part, Pravind Jugnauth, a aussi remis en question l’authenticité du fameux rapport révélé. 

 

Revoilà Ivan Colledaveloo

 

Face à Nawaz Noorbux sur Radio Plus, Ivan Collendaveloo a aussi commenté l’affaire Kistnen, disant que le rapport publié «manque des pages» et qu’il espère que «le directeur de l’information du Défi collaborera avec la police et révèlera sa source» pour permettra l’authenticification du rapport. 

 

Des manifestations prévues

 

Un sit-in le 29 octobre à la Place d’Armes à Port-Louis. C’est ce que propose Bruneau Laurette, avec une manifestation visant à conscientiser les Mauriciens sur la situation politique et économique du pays, incluant l’affaire Kistnen. Lors de sa conférence de presse vendredi, Bruneau Laurette a aussi fait appel à la police pour une protection du DPP et de la magistrate Vidya Mungroo-Juggurnauth.

 

Du côté de l’opposition, des discussions  seraient en cours au niveau des partis concernés pour la tenue d’un meeting dans la circonscription n° 8 (Quartier-Militaire/Moka).

 


 

Pravind Jugnauth et la mafia…

 

Il préfère faire dans les généralités. Prenant la parole en ce samedi 22 octobre, lors des célébrations de Divali organisées par la Mauritius Arya Ravived Pracharini Sabha à Port-Louis, le Premier ministre Pravind Jugnauth a déclaré : «Beaucoup de personnes me mettent des bâtons dans les roues ; l’un avait un pen drive, l’autre me disait game over. Mo dir nek atan, vous allez voir le vrai visage de ces personnes !» Pravind Jugnauth a aussi argué qu'«il y a une mafia très puissante qui s’est infiltrée dans plusieurs secteurs. Malheureusement, certains sont devenus complices de cette mafia. Mais ça ne va pas (me) décourager, nou pou met lord».

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