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19 juin 2023 20:38
Le silence est l’expression qu’ils adoptent en ce moment face à leur situation. Les proches de Vimen Sabapati ne souhaitent toujours pas s’exprimer sur l’arrestation et la détention de celui-ci pour trafic de drogue allégué. La Special Striking Team (SST) ont arrêté l’ex-entraîneur national de la Fédération mauricienne de muay-thaï le 3 mai après avoir mis la main sur un sac se trouvant dans sa Ford Raptor qui contenait 10 kilos d’une poudre blanchâtre soupçonnée d’être de l’héroïne d’une valeur marchande de Rs 150 millions. Le principal concerné est maintenu en cellule policière jusqu’au lundi 19 juin où il devra comparaître à nouveau en cour pour sa remise en liberté sous caution.
L’affaire a connu un véritable rebondissement après les fameux «Vimen Leaks», soit la diffusion des bandes sonores qui se trouvent sur une clé USB annexée à son affidavit juré le 26 mai, où il martèle qu’il est victime d’un complot et dénonce les méthodes de la SST et de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU). Cette semaine, le Central Criminal Investigation Department (CCID) a interrogé Vimen sur la teneur de ses conversations avec ces policiers que l’on entend dans les fameuses bandes sonores. Celui-ci a confirmé l’authenticité des bandes sonores ainsi que les échanges des messages avec certains policiers dont les noms sont cités dans son affidavit.
Shakeel Mohamed, un des avocats de Vimen, avance que son client «ena ankor recordings» où les méthodes de la SST et l’ADSU sont décriées. Du côté de sa famille, c'est toujours motus et bouche cousue, ou presque. «Nou met tou dan lame lazistis», nous a déclaré une proche de Vimen Sabapati. Elle n’a pas souhaité faire plus de commentaires à part pour dire que ce sera au Directeur des poursuites publiques de décider de la marche à suivre.
Après sa convocation au CCID, Nawaz Noorbux a, pour sa part, déclaré que la balle est désormais dans le camp de la police. Le directeur de l’information du Defimedia Group, qui avait animé l'émission où des extraits des bandes sonores avaient été diffusés, a remis une copie de la clé USB aux enquêteurs de cette unité dans le cadre de cette affaire. La diffusion des bandes sonores a déjà eu pour conséquences que l'un des protagonistes, à savoir le constable Anne, a été transféré de l’Airport Police Post à la Special Mobile Force.
Les deux policiers qui avaient passé le week-end dernier derrière les barreaux ont, eux, retrouvé la liberté sous caution. Le constable Perianen a dû fournir une caution de Rs 10 000 et signer une reconnaissance de dettes de Rs 50 000. Il fait l’objet d’une accusation provisoire de complot. Il a été arrêté après la découverte d’un portable à proximité de la cellule de Vimen Sabapati, à Alcatraz. Sur les images des caméras de vidéosurveillance, on le voit couvrir le téléphone en question avec une serviette lors d’une descente surprise dans la cellule du suspect.
L’autre constable est Indiren Nowzadick. Ce dernier a dû s’acquitter d’une caution de Rs 10 000 et signer une reconnaissance de dettes de Rs 200 000. Ce policier fait l’objet d’une accusation provisoire de Breach of Official Secrets Act. La police avait retrouvé un search warrant à son domicile portant une signature inconnue. Les deux policiers ont été suspendus de leur poste.
«Mo dimann lakour exkiz. Mo dimann mo bann koleg polisie exkiz. Monn fer sa sou la kontrint.» C’est ce que Basana Reddi a déclaré en Cour d'assises le 15 juin. L'ex-policier, un habitant de Rose-Belle, a été jugé coupable de possession d'héroïne. Il avait d'ailleurs plaidé coupable à l'ouverture du procès. Il avait été arrêté sur le parking de l’aéroport, à Plaisance, le 11 juin 2017, avec 1138,7 grammes d’héroïne en sa possession. En cour, Basana Reddi s’est engagé à témoigner contre les autres protagonistes du réseau de trafic de drogue pour lequel il opérait, dont Shahebzada Azaree, le directeur de Gloria Fast Food, et le ressortissant malgache Ramahaimandimby Andry Andriamalala.
La police a vu juste. Le bateau retrouvé à Bassin Vert, au nord de Flic-en-Flac, a servi à transporter du cannabis. L’analyse de l’appareil GPS a indiqué que cette embarcation a fait le va-et-vient entre La Réunion et Maurice. Cette affaire a éclaté le 14 juin lorsqu’un Sud-Africain a porté plainte à la police pour signaler le vol de son bateau. Il a avancé que l’embarcation se trouvait dans le lagon de Péreybère à ce moment-là. La National Coast Guard a retrouvé ce pleasure craft non loin des récifs, à Bassin Vert, Flic-en-Flac, le lendemain.
Le moteur était toujours allumé lorsque les gardes-côtes sont montés dessus. Ces derniers ont retrouvé trois sacs en plastique contenant du cannabis. Il y avait également trois autres sachets en plastique contenant plusieurs graines de cannabis ainsi que quatre boîtes en carton contenant des cigarettes électroniques et un sachet contenant plusieurs filtres à cigarettes et un paquet de tabac. Trois suspects sont déjà dans le collimateur de la police dans cette affaire.
Une décision du Directeur des poursuites publiques (DPP) est attendue dans les jours à venir suite à la motion de radiation des charges qui pèsent sur Raquel Jolicoeur présentée par ses avocats Sanjeev Teeluckdharry et Akil Bissessur. Ces derniers jugent l’arrestation de leur client arbitraire et illégale. Les extraits figurant sur les bandes sonores révélées par Vimen Sabapati sont venus soutenir la version du chanteur du groupe 666 Armada qui martèle qu’il est victime d’un complot depuis son arrestation, le 2 mai 2022.
Raquel Jolicoeur fait l’objet de trois accusations provisoires : Prevention of terrorism act, trafic de drogue et possession d’armes illégales. Sur un extrait des bandes sonores de Vimen Sabapati, un policier affirme que le révolver retrouvé chez Raquel Jolicoeur a été planté chez lui. L’arme en question aurait été retrouvée lors d’une descente sur la berge d’une rivière à Beaux-Songes. Mes Teeluckdharry et Bissessur ont déposé une motion pour la radiation des charges devant la magistrate Shavina Jugnauth le 12 juin. L’affaire a été renvoyée au lundi 26 juin. Le DPP devra faire connaître sa position ce jour-là.
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