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1 mars 2015 17:53
Elles s’appelaient Battasiah, Irelande, Chandrama, Mardaye, Rosita. Elles étaient âgées de 89, 88, 80, 76 et 65 ans respectivement. Leur point commun à part celui d’être des vieilles personnes ? Elles ont toutes été battues et torturées à mort par des gens de leur entourage. Certaines ont même été violées. La dernière victime en date : Battasiah Gopaul, décédée le 19 février, après avoir été agressée par son petit-fils qui la battait régulièrement. Le Protection Order qu’elle avait obtenu d’une cour de justice pour se protéger du jeune homme n’a eu aucun effet dissuasif sur ce dernier.
Autre point commun : toutes ces victimes ont été agressées à cause d’une histoire d’argent. À l’instar de Battasiah Gopaul qui a été tuée pour avoir refusé de remettre Rs 100 à son petit-fils pour qu’il achète de l’alcool. Ou de Rosita Cupidon qui a été violée et assassinée par son neveu de 16 ans qui voulait mettre la main sur Rs 65 000 qu’elle avait reçues du gouvernement pour la rénovation de sa maison.
Dans son dernier rapport intitulé Crime, Justice & Security Statistics, le Central Statistics Office avance que 10 % des personnes âgées de 55 ans et plus ont été victimes de violences physiques à Maurice. Mais la réalité pourrait être bien plus terrible, avance Manaicha Veerupen, en charge de la lutte contre la violence à l’égard des femmes au sein de la Junior Chamber International City Plus. «Il faut toujours multiplier par trois les chiffres avancés dans un rapport pour avoir une idée de la situation réelle. Il ne faut pas oublier que la plupart des victimes ne dénoncent pas leurs agresseurs.»
Former la nouvelle génération
L’année dernière, cette ONG avait fait une campagne pour dire non à la violence envers les personnes âgées sur le thème Aret taper. Cette année, la lutte se poursuit. «On revient avec cette même campagne pour dire stop à la violence. C’est encore plus révoltant et chagrinant de voir que des jeunes sont en train de tuer les aînés que nous sommes censés aimer et protéger.» Selon la jeune femme, la prise en charge des agresseurs et la formation des policiers sont primordiales pour lutter contre ce phénomène.
Bruneau Woomed, Head Trainer de Men Against Violence (MAV), estime, lui, que le suivi psychologique des agresseurs devrait être obligatoire. «Même si l’agresseur est derrière les barreaux, le suivi doit être fait pour mesurer l’évolution ou la dégradation de son état. Il est urgent de venir avec des programmes de réhabilitation qui ont fait leurs preuves ailleurs et qui pourraient aussi marcher chez nous.»
Pour combattre ce fléau, Bruneau Woomed préconise aussi la formation des jeunes. «Au sein de MAV, nous sensibilisons des jeunes de 12 à 22 ans sur la violence dans son ensemble. Le but étant de former la nouvelle génération pour que demain, elle devienne partie prenante de ce combat. Il est regrettable qu’une partie de la jeunesse fasse preuve d’autant de violence.»
Selon le Head Trainer de MAV, il est grand temps que le gouvernement «décrète le combat contre la violence comme priorité nationale». «Il faut aussi faire appel à des agences d’évaluation pour relever les faiblesses qu’il peut y avoir dans les plans d’action des ONG et du gouvernement lui-même, et à partir de là, proposer des idées d’amélioration.»
La nouvelle ministre de la Sécurité sociale, Fazila Daureeawoo, elle, se dit «choquée par les violences faites aux personnes âgées à Maurice». Mais, rassurante, elle dévoile son plan d’action pour combattre ce phénomène. «À travers l’Elder Watch Programme, nous encourageons la population à dénoncer toutes formes de violence à l’égard de nos aînés. Bientôt, des caméras de surveillance seront obligatoires dans des centres d’accueil et chaque établissement devra embaucher un médecin à plein temps.»
Ce n’est pas tout. «On misera aussi sur la formation des gens du ministère, qui travaillent sur le terrain, et des travailleurs sociaux qui repèrent les familles à problèmes et les victimes», dit la ministre. La situation est urgente. L’heure est à l’action pour protéger nos aînés.
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