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Allan Sevathean arrêté pour le meurtre de sa tante de 80 ans | Les enfants de Soopamah Pajaniandy : «Ce qu’a fait notre cousin est impardonnable»

18 avril 2016

Allan Sevathean, Yudishtil Kheerodhur, Dhanish Dookhee et Viterissen Sabapathee font tous l’objet d’une accusation provisoire d’assassinat.

Ilsn’en reviennent pas. Pourtant, c’est l’horrible vérité qui s’ajoute au terrible drame qu’ils ont vécu. Leur cousin a été arrêté cette semaine pour le meurtre de leur mère Soopamah Pajaniandy, 80 ans. La vieille dame avait été retrouvée morte, ligotée et bâillonnée, dans son salon à Cité Père Laval, le vendredi 8 avril. Et le mardi 12 avril, la police a procédé à l’arrestation de quatre suspects, dont Allan Sevathean, le neveu de la victime, fils aîné de la sœur de cette dernière. Ils sont tous passés aux aveux.

 

Face à ce développement, les quatre enfants de Soopamah Pajaniandy – Vassu, 57 ans, Ruba, 48 ans, Veena, 51 ans, et Poospa, 58 ans – sont quelque peu soulagés, mais aussi complètement abasourdis de savoir que leur cousin est mêlé à ce meurtre atroce. «Nous sommes tous sous le choc après avoir appris l’arrestation de mon cousin. Nous sommes à la fois soulagés et révoltés après son arrestation. Ce qu’il a fait est impardonnable», martèle Veena. C’est d’ailleurs suite aux aveux d’Allan Sevathean, 23 ans, fiché à la police pour plusieurs délits de vol, que la Criminal Investigation Division(CID) de la Western Division, placée sous la supervision du SP Thug et de l’ASP Bansoodeb, a pu arrêter ses trois complices : Yudishtil Kheerodhur, 22 ans, Dhanish Dookhee, 20 ans, et Viterissen Sabapathee, 19 ans.

 

Ces derniers sont également fichés à la police pour des délits de vol. Yudishtil Kheerodhurest, de plus, actuellement en liberté conditionnelle dans une affaire de possession de drogue synthétique. Les quatre suspects ont comparu devant le tribunal de Rose-Hill le mercredi 13 avril, sous une accusation provisoire d’assassinat. La police a objecté à leur remise en liberté sous caution.

 

«Bizin pena kosion pu bann kriminel», lâche Vassu d’une voix où perce sa colère. En colère, il l’est terriblement depuis qu’il a appris que son petit cousin fait partie de ceux qui sont mêlés au meurtre de sa mère. «Il rendait régulièrement visite à notre mère. Li ti enn zanfan lakaz», souligne Vassu. Ses sœurs Poospa et Ruba sont également hors d’elles. «Il n’y a pas d’excuses pour ce que notre cousin a fait. Mais la police a fait un excellent travail quelques jours seulement après le drame.»

 

Quand ils repensent à tout ce qui a suivi le meurtre de leur mère, à l’implication acharnée de leur cousin Allan lors des préparatifs pour les funérailles et autres, les enfants de Soopamah sont encore plus en rage. Lors de la veillée mortuaire, il était là, parmi les autres proches, à réconforter sa mère Vinoda qui pleurait amèrement sa sœur assassinée. D’ailleurs, celle-ci, en apprenant l’arrestation de son fils dans cette affaire, s’est effondrée. Elle ne pouvait croire que son fils aîné, père de deux enfants en bas âge, avait quelque chose à voir avec l’assassinat de sa sœur.

 

«À un moment donné, le soir du drame, alors que tous les proches étaient réunis à Cité Père Laval, il a dit à sa mère : “Aret plore, taler to leker arete.” Le lendemain, lors de la veillée mortuaire, il a lancé : “La polis fini gagn bann kriminel la.” Je pense qu’il cherchait à brouiller les pistes pour qu’on ne remonte pas jusqu’à lui», raconte Vassu. Plus tôt, samedi matin, Allan Sevathean a aidé Vassu et les autres membres de la famille à récupérer des chaises pour la veillée mortuaire. Dans la soirée, le jeune homme, selon le fils de Soopamah, aidait son père et d’autres cousins à servir du café à ceux venus témoigner de la sympathie à la famille endeuillée.

 

Allan Sevathian a également participé à tous les rites funéraires tamouls aux côtés de ses cousins et cousines au domicile de la victime à l’avenue Guy Rozemont. Il était là aussi quand la dépouille de Soopamah Pajaniandy a été inhumée au cimetière de St Martin, à Mont-Roches. «Dan simitier linn mem zet later lor serkey. Kot nu ti pu kone sa ler la ki ti ena so lame dan lamor mo mama ?»s’insurge Vassu.

 

De retour à la maison, les Pajaniandy ont servi le diri ek set caricomme le veut la tradition. Une fois encore, Allan s’est fait remarquer. «Il a très bien mangé ce jour-là. Il a même réclamé du piment supplémentaire arguant que le repas n’était pas assez épicé à son goût. Une proche lui a alors donné des piments verts qu’il a engloutis en un rien de temps», se souvient Ruba, très remontée.à l’annonce du décès de sa mère, elle a pris l’avion en catastrophe de La Réunion où elle habite, avec ses deux filles, pour venir à Maurice. Elle est rentrée dans son pays d’adoption le mercredi 13 avril.

 

Vassu et ses sœurs n’éprouvent désormais que du mépris pour leur cousin Allan. Ils ne sont pas les seuls. Les autres membres de la famille qui s’étaient réunis pour l’ettu, la séance de prière marquant le huitième jour suivant le décès d’une personne, ont, eux aussi, longuement commenté l’affaire lors du repas. Et tous étaient choqués et révoltés qu’un des leurs ait pris part à une telle atrocité envers un autre membre de leur famille. Certaines plaies prennent du temps à guérir, mais celle laissée par le décès tragique de Soopamah risque de rester à jamais béante dans le cœur des siens.

 


 

Comment Soopamah Pajaniandy a été assassinée

 

Les limiers de la CID de la Western Divisionont rapidement élucidé cette affaire sur la base de certaines informations précises reçues d’informateurs. C’est aussi grâce à la collaboration de toutes les équipes de la CID de cette division que les suspects ont pu être rapidement écroués. Allan Sevathean, le neveu de la victime, Soopamah Pajaniandy, est le premier suspect à être appréhendé. Dans un premier temps, ce collectionneur de petits boulots nie les faits qui lui sont reprochés. Mais les enquêteurs ne tardent pas à lui faire cracher le morceau. Confronté aux informations de la police, celui qui ne rate jamais l’occasion de faire parler de lui en raison de ses frasques passe aux aveux. Très vite, il balance aussi les noms de ses complices.

 

Yudishtil Kheerodhur, un serveur, Dhanish Dookhee, un charpentier, et Viterissen Sabapathee, un plombier, sont alors arrêtés et passent eux aussi aux aveux. Ils donnent tous la même version ou presque concernant les circonstances du décès de la vieille dame. Le jour du drame, c’est dans un 4x4 appartenant au père de Dhanish Dookhee que la bande se dirige vers Beau-Bassin où habite une tante de Viterissen Sabapathee. Ils comptaient cambrioler sa maison. Sur place, ils se rendent compte que cela va être difficile et abandonnent leur plan.

 

Peu après, Allan leur propose de se rendre à Cité Père Laval où habite sa tante Soopamah. «Li res tou sel ek ena kas ek bizou plin kot li», leur aurait-il dit pour les convaincre. En route, le groupe fait une première halte à Mont-Roches pour acheter une bande adhésive et un cable tiedans une quincaillerie. Dans le 4x4 conduit par Dhanish Dookhee se trouve déjà une échelle appartenant à Yudishtil Kheerodhur. Ce dernier a également une arme tranchante sur lui. Il est 14 heures lorsque les quatre malfrats débarquent au domicile de Soopamah Pajaniandy. Sur place, seuls Yudishtil Kheerodhur et Viterissen Sabapathee descendent du véhicule.

 

Allan reste dans le véhicule car il sait que sa tante va le reconnaître. Il fait alors le guet dans le 4x4 pendant que son ami Dhanish Dookhee garde le volant afin de pouvoir démarrer en urgence en cas de besoin. Yudishtil Kheerodhur et Viterissen Sabapathee, de leur côté, frappent à la porte, disant qu’ils sont des techniciens de Mauritius Telecom. Mais dès que Soopamah Pajaniandy ouvre la porte, ils la bousculent et la conduisent de force dans le salon. Là, l’un des deux intrus augmente le volume de la télévision et ouvre le robinet de l’évier de la cuisine pour camoufler les cris de la vieille dame qui regardait sa série préférée à cette heure de la journée.

 

Yudishtil Kheerodhur met alors la maison sens dessus dessous pendant que Viterissen Sabapathee donne des coups à l’octogénaire qui crie et appelle à l’aide. Pour la faire taire, ils la bâillonnent avec un vêtement avant de coller le tout avec la bande adhésive et d’attacher ses mains avec le cable tie. Malgré sa petite taille, Soopamah tente de faire de la résistance. Le jeune plombier lui donne alors un violent coup de poing au visage. Ce qui a fait tomber Soopamah lourdement sur le sol, évanouie.

 

Yudishtil Kheerodhur et Viterissen Sabapathee quittent la maison avec une somme de Rs 15 000 et des bijoux. L’argent se trouvait dans un coin de la chambre où Soopamah avait pour habitude de faire ses prières. Direction : Trianon, à proximité du quartier général de la MCB, où la bande se débarrasse de l’échelle dans un buisson avant de prendre la direction de Plaine-Verte où ils disent avoir vendu les bijoux. Ils se rendent aussi au Champ de Mars où ils se débarrassent du couteau de même que des vêtements qu’ils portaient ce jour-là avant de rentrer chez eux. Entre-temps, Soopamah, elle, meurt asphyxiée dans la position où ses agresseurs l’ont laissée, bâillonnée, ligotée, sur le sol du salon de sa maisonnette à Cité Père Laval.

 


 

L’inspecteur Shiva Coothen : «J’invite les personnes âgées à être plus vigilantes»

 

Les récents cas d’agression sur des vieilles personnes ne laissent pas insensible la force policière. Le dernier en date concerne la mère d’une personnalité très connue dans le Sud. Cette dernière a été ligotée par des malfrats qui ont ensuite cambriolé sa maison. Elle a été légèrement blessée. Mais d’autres cambriolages chez des personnes âgées se sont terminés de manière tragique. Ainsi, Soopamah Ramasawmy, 61 ans, a été retrouvée carbonisée sous un matelas à son domicile le 14 février. Les premiers éléments de l’enquête indiquent qu’elle a été victime d’un vol qui a mal tourné. Sa maison était sens dessus dessous, les tiroirs ouverts et les panneaux de vitre brisés. Le meurtre de Soopamah Pajaniady, 80 ans, la semaine dernière, confirme que les personnes âgées sont devenues les cibles des cambrioleurs.

 

L’inspecteur Shiva Coothen du service de presse de la police lance un appel aux gens du troisième âge pour qu’elles prennent des précautions afin d’éviter des drames : «J’invite les personnes âgées à être plus vigilantes. C’est un groupe d’âge très vulnérable. Ce sont des proies faciles. Beaucoup vivent seules et sont exposées au danger.»

 

L’inspecteur Coothen conseille ainsi aux personnes âgées de ne pas ouvrir la porte à des inconnus lorsqu’elles sont seules à la maison : «Si c’est vraiment urgent, invitez l’inconnu à revenir dans l’après-midi lorsqu’il y aura d’autres membres de la famille à la maison. Si la personne insiste, ayez le bon réflexe de téléphoner à la police sur le 999 ou le 148.»

 

Le responsable du service de presse de la police conseille également aux personnes âgées de bien verrouiller les portes et fenêtres pour éviter des mauvaises surprises. Et si une personne s’est introduite chez vous, faites du bruit, dit-il, pour attirer l’attention des voisins. Si vous êtes déjà sous la menace d’un malfrat, il ne faut pas résister pour éviter de vous faire agresser. 

 

«Chaque personne doit avoir une liste des numéros de téléphones importants : le 115 pour les pompiers, le 114 pour le SAMU et le numéro d’un proche. Je conseille aussi aux personnes âgées vivant seules de faire installer une alarme sonore chez elles comme moyen de dissuasion. Elles doivent également éviter de garder des grosses sommes d’argent et des bijoux chez elles», précise l’inspecteur Coothen.

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