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7 juin 2022 20:02
«C’est choquant et inacceptable.» C’est en ces termes que Joe Lesjongard a qualifié les vidéos montrant des policiers torturant des détenus, lors de la conférence de presse du MSM le samedi 4 juin. Avant de souligner : «Le MSM donne la garantie à la population que toute la lumière sera faite sur cette affaire. Les responsables devront payer pour leurs actes.» Faisant référence aux policiers bourreaux, il a déclaré : «C’est dommage qu’une minorité, de par ses agissements, entache non seulement l’image de la force policière mais aussi celle de notre île. Quel était leur agenda ? Quelle était leur intention ?»Joe Lesjongard a aussi salué la réactivité du commissaire de police, Anil Kumar Dip, suite à la parution de ces vidéos, tout en disant attendre des développements dans l’enquête mais aussi que celle-ci se fasse en toute transparence.
De son côté, c’est lors d’une célébration d’Eid ul-Fitr, organisée par la mairie de Vacoas-Phoenix le mardi 31 mai, que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, également ministre de l’Intérieur et donc responsable de la police, a réagi sur cette affaire. «Il faut connaitre les faits et à quand remonte toute cette affaire, à qui elle a été rapportée et pourquoi rien n’a été fait. La police doit faire respecter la loi et non aller à l’encontre. C’est pourquoi, les quelques brebis galeuses doivent être sanctionnées pour donner l’exemple.» L’Attorney General, Maneesh Gobin, a, lui, déclaré à la presse, le jeudi 2 juin, qu’il condamne ces actes injustifiables et rappelle que la torture est interdite par la Constitution. «Il ne faut pas faire d’amalgame entre le Police and Criminal Justice Bill et la torture. Nous attendons les conclusions de l’enquête qui est menée par la police. Celles-ci seront référées au bureau du Directeur des poursuites publiques avant d’être référées ou pas à la cour.»
Valérie Dorasawmy
Ils ont aussi fait entendre leurs voix sur les vidéos qui circulent en ce moment. Des dignitaires religieux ont ainsi réagi sur cette actualité qui ne laisse pas insensible. Le cardinal Maurice Piat estime, lui, que la pratique de la torture par des représentants de la police ne blesse pas seulement le corps des victimes mais porte atteinte à la dignité d’une personne, de sa famille et finalement de la société. «Avec la population, j’ai été horrifié par les tortures infligées par des membres de la force policière à des citoyens qui étaient sous leur garde. Cette violation effrayante des droits humains élémentaires par les autorités policières supposées faire respecter le droit, plonge la population dans un sentiment d’insécurité. Par la pratique de la torture, la police, dont le devoir est de protéger les citoyens, devient elle-même source de perturbation sociale. En toutes circonstances, la dignité et les droits fondamentaux de la personne humaine doivent être respectés. Aucune situation ne peut excuser la transgression de ces droits», dit-il dans un communiqué.
La Mauritius Tamil Temples Federation a également réagi suite à la diffusion d’une vidéo montrant un détenu «being forced» à chanter des louanges à une divinité. «La fédération a déjà envoyé une correspondance au commissaire de police pour prendre cette affaire avec la plus haute importance et ouvrir une enquête au plus tôt car un tel acte blasphématoire porte préjudice à la communauté tamoule», souligne Pallany Narayanam dans un communiqué.
Christophe Karghoo
Le vendredi 3 juin, plusieurs artistes ont animé une conférence de presse après leur passage en cour. On parle ici de Boyzini, Michel Nani et Axel Seenyen, qui allèguent avoir été victimes de brutalités policières en 2015, après une altercation contre des vendeurs de CD piratés à Port-Louis. À leurs côtés, Bruno Raya dira : «Les cas ont été encore renvoyés à des dates ultérieures, avec plusieurs charges contres ces personnes. On nous tourne en bourrique, on fait le temps devenir long. Nous sommes contents que ces vidéos de torture sortent, cela permet à la population de voir ce que font certains policiers qui ternissent l’image de la police. Nous demandons à ceux qui sont droits et responsables de dénoncer leurs collègues.» Tout en racontant ce qui leur est arrivé – Kenny Seenien aurait eu le bras cassé –, les artistes visés dans l’affaire ont laissé entendre qu’ils veulent entamer des poursuites contre la cellule de communication de la police, qui aurait dit des «mensonges» à leur égard.
Stephane Chinnapen
À court et long termes. Le samedi 4 juin, Rezistans ek Alternativ animait une conférence de presse où Ashok Subron a fait plusieurs propositions contre les violences policières. Tout en rappelant que les cas de brutalités policières datent des années 90, il a proposé, dans l’immédiat, «la suspension des policiers impliqués, suivie de leur arrestation, des poursuites et enquêtes immédiates ; qu’on détruise immédiatement les instruments de torture dans les postes de police ; et que les policiers qui sont complices et soupçonnés de cover-up soient arrêtés». Dans le long terme, Ashok Subron propose une «réforme immédiate» de l’Independent Police Complaints Commission et du Citizens’ Advice Bureau, où les victimes pourraient y déposer leur plainte, des changements légaux comme la police obligée d’informer les familles dans quel poste leurs proches sont détenus, une loi spécifique pour la prohibition absolue de la torture, une compliance auprès des Nations Unies concernant la torture, et une commission d’enquête sur les pratiques policières.
Stephane Chinnapen
Les brutalités policières, le Budget et les courses hippiques. L’Entente de l’Espoir a parlé de ces trois sujets lors de sa conférence de presse le samedi 4 juin. En ce qui concerne les brutalités policières, Nando Bodha a déclaré : «Nous devenons l’île de la torture.» Paul Bérenger, pour sa part, a avancé que «Pravind Jugnauth est le premier responsable», pendant que Xavier-Luc Duval a annoncé une rencontre avec l’ambassadeur des Nations Unies à Maurice, pour voir comment l’organisation peut aider dans ces affaires de brutalités policières. Roshi Bhadain, de son côté, a dit qu’il faut «revoir les exercices de promotion dans la police».
Stephane Chinnapen
Les Rouges se prononcent en faveur d’une enquête judiciaire afin de faire la lumière sur les actes de torture perpétrés par des officiers de police, dans des vidéos qui circulent sur la Toile depuis quelques jours. Pour Navin Ramgoolam, leader du PTr, les coupables doivent être punis le plus rapidement possible. Il réclame la peine maximale. «Va-t-on attendre quatre ans pour que ces barbares restent impunis, sans qu’on puisse trouver les coupables ? Des actions doivent être prises contre eux immédiatement, ils devront purger une peine maximale en prison», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse en fin de semaine, tout en précisant qu’une majorité de policiers font correctement leur travail. «Sauf une minorité qui pense être protégée politiquement…»
Rehade Jhuboo
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