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Par Elodie Dalloo
21 juin 2021 15:02
C’est une affaire qui fait grand bruit. Dans une vidéo de moins de 5 minutes, une Bangladaise de 24 ans s’entretient, dans sa langue natale, avec une journaliste sur une chaîne de télévision de son pays. Elle y fait mention du calvaire qu’elle aurait vécu lorsqu’elle était employée dans une usine, à Maurice, et demande à ce que justice lui soit rendue.
Dans ce reportage, elle raconte que son employeur, dont la photo a été partagée sur les réseaux sociaux, l’aurait violée à plusieurs reprises dans l’enceinte du bâtiment et aurait filmé la scène. Il l’aurait ensuite menacée de faire circuler la vidéo si elle ne gardait pas le silence. Ce dernier aurait agi avec la complicité de quatre Bangladeshis, des proxénètes qui lui apporteraient des jeunes filles en échange de privilèges. Malgré tout, la Bangladaise est sortie de son mutisme...
Arrivée à Maurice en 2020 pour travailler dans une compagnie, elle a été affectée dans une usine à La Tour Koenig et son contrat devait expirer en 2023. Mais elle a été déportée en décembre de la même année. Le motif, selon elle, serait qu’elle n’a pas cédé au chantage de son employeur. Cependant, officiellement, ce serait parce qu’elle avait été rapportée missing par son employeur et s’était retrouvée dans l’illégalité. Ce que réfute le syndicaliste Faizal Ally Beegun : «J’ai questionné plusieurs personnes et cette jeune femme n’a jamais quitté son dortoir. Je condamne l’immigration. Lorsque des travailleurs sont dénoncés parce qu’ils sont dans l’illégalité, le droit d’être défendus par un avocat ne leur est pas accordé. Si les droits des travailleurs étrangers étaient respectés, elle aurait eu l’occasion de s’expliquer et les arrestations auraient suivi.»
De son côté, la direction de l’usine pointée du doigt a émis un communiqué dans lequel elle dément les accusations portées par la Bangladaise : «La direction tient à réfuter et à condamner en des termes non-équivoques ces accusations gratuites. L’entreprise compte collaborer pleinement avec les autorités dans l’éventualité où une enquête est ouverte. Elle prend cette affaire très au sérieux, compte tenu de la nature des accusations et de l’effet néfaste que pourrait avoir cette affaire sur son image et plus largement sur celle de Maurice.» Dans ce communiqué, toujours, la direction affirme qu’au cours de son existence, «l’entreprise a toujours veillé au bien-être et à la sécurité de ses équipes».
Faizal Ally Beegun allègue, lui, qu’à l’époque où l’employeur dénoncé opérait dans une usine à Goodlands, il avait déjà entendu beaucoup de choses de ce genre à son égard. «Mais les victimes ne sont jamais allées de l’avant jusqu’ici», avance-t-il. Le syndicaliste espère que la police mettra la main sur les quatre Bangladeshis qui agiraient comme proxénètes pour le patron d’usine, afin d’avoir des éclaircissements sur cette affaire. Une enquête a été initiée. Pour Faizal Ally Beegun, «la situation risque de s’aggraver. C’est un coup dur pour Maurice et pour la Zone franche mauricienne».
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