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Par Yvonne Stephen
23 février 2016 17:25
Au mur ! Au conseil de classes (ou Bureau politique, si vous préférez), les mauvais points sont distribués sans calcul. Dans le rôle caricatural de l’enseignante sévère – grosses lunettes et poils au menton –, un Pravind Jugnauth un peu remonté. Overdose de craie (et surtout de patience, il attend encore que son jugement soit prononcé). Il n’a pas bonne mine. Le petit séjour en Inde (en même temps que son père) devrait lui faire du bien.
Des vacances scolaires sympas pour prendre du soleil et oublier les «mauvais élèves», ceux qui ne suivent pas le syllabus gouvernemental et ceux qui chahutent.Sur la liste des problèmes de discipline (souvent dénoncés par d’autres camarades de classe) : le «rapportage» aux méchants journalistes, l’utilisation de termes tels que «monstre constitutionnel» pour décrire le poste de directeur des poursuites publiques ou encore des absences répétées sur le terrain des inondations.
Cette semaine, les membres du MSM se sont évertués à faire du damage control : tout va bien dans le meilleur des mondes. Pas de bonnet d’âne ni de tape sur les doigts, dans ce parti, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (et puis tout le monde joue à la marelle, parce que c’est marrant). Néanmoins, le chef de classe a tenu à infliger un dernier coup de bâton avant son départ afin de contrer les fuites dans la presse. Il a rappelé aux cancres que ce qui se passe au Bureau politique reste au Bureau politique (un peu comme à Las Vegas, mais sans les paillettes).
Sans pour autant minimiser les «problèmes» existants. Une mise en garde qui, visiblement, a été prise au sérieux : «Il a raison. Nous discutons lors de ces réunions. Ce sont des conversations internes. D’ailleurs, au lieu que ça provoque autant de palab, ça aurait dû souligner une chose : au MSM on a le droit de parler, on peut s’exprimer contrairement à certains autres partis»,confie un membre du BP orange.
Néanmoins, pour d’autres membres du parti, l’heure ne devrait pas être aux récriminations (ou sinon à des commentaires discrets, en one to one). Les écoliers du Soleil devraient donc rester soudés comme les membres d’une secte à ses débuts. Envers et contre tous. Pravind Jugnauth userait de la mauvaise stratégie, estime un autre membre du BP : «Il devrait s’acharner à cultiver la solidarité entre nous. On doit se serrer les coudes.»Créer des dissensions au sein du parti, c’est l’affaiblir. Donner des ballons d’eau à ses adversaires et, surtout, à ses alliés : «Bérenger, Ramgoolam et consorts ne sont pas des menaces, pour l’instant. Ils peuvent aboyer tant qu’ils veulent, nous, nous faisons notre travail. C’est conserver la cohésion de l’alliance qui est important.»
Pendant le voyage du père et du fils, ça risque d’être un peu la folie à l’école Lepep. Comme en août 2015 où l’absence du tandem Jugnauth s’était fait ressentir : dissensions et guéguerres internes dans la cour de récré avaient fait des vagues (comment oublier le match Soodhun-Duval concernant des banderoles !). Et avaient accentué le nouveau rapport de force (présent depuis la démission de Pravind Jugnauth en tant que ministre). La course à la prise de pouvoir dans l’éventualité d’un départ de SAJ est toujours ouverte : «Les dissensions au MSM ? Il va de soi que c’est parce que chacun veut se faire voir ! Ils croient tous qu’ils peuvent être le chosen onepour succéder à SAJ. Mais ils devraient savoir qu’il n’y a pas vraiment de course. Tout comme les leaders du PMSD et du ML. C’est clair !» lance avec humour un ancien membre du MSM.
Alors, quand le gouvernement se retrouve sans son Premier ministre attitré et sans celui qui œuvre en coulisse, ça ne peut que faire des étincelles. Derrière la façade des déclarations publiques – comme celle d’Ivan Collendaveloo, cette semaine, qui assure que tous les partenaires de l’alliance s’entendent parfaitement -–, la réalité ne semble pas aussi lisse. D’autres tiraillements ne sont donc pas à écarter au sein du MSM et de l’alliance Lepep. Surtout avec un Xavier Luc Duval, qui grimpe en popularité (selon de récents sondages), et qui semble enchaîner sans problèmes les intérims au poste de Premier ministre. Alors, dans la classe de l’alliance gouvernementale, il faudra se préparer à des problèmes de discipline. En attendant le retour de l’enseignante !
…un Bureau politique bien mouvementé. C’était le samedi 13 février, cette réunion houleuse du MSM a fait couler beaucoup d’encre cette semaine. Il se murmure que Pravind Jugnauth s’en serait pris à Roshi Badhain parce que ce dernier a utilisé le terme «monstre constitutionnel» pour décrire le poste de directeur des poursuites publiques. Le leader du MSM n’aurait pas hésité à dire sa façon de penser au ministre de la Bonne gouvernance. Surtout que celui-ci a utilisé ce terme quelques jours après la fin des audiences de la cour d’appel portant sur la condamnation de Pravind Jugnauth pour conflit d’intérêts dans l’affaire Medpoint. Autre source de tiraillements : Showkutally Soodhun aurait déclaré qu’il ne se sentait pas soutenu par les autres membres du parti. Enfin, les actions du National Disaster Committee et celles de Raj Dayal auraient été critiquées.
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