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Anil Babajee, 37 ans, étranglé mortellement par son ami - Leela : «Mo pale krwar enn zafer koumsa inn ariv mo zanfan»

16 octobre 2023

Le corps sans vie de la victime a été retrouvé sur un terrain en friche à Petite-Rivière.

Il y a à peine quelques semaines, il avait choisi une sonnerie pour le cellulaire de son frère juste après l’avoir aidé à le débloquer. Shiv ignorait à ce moment-là, qu’un jour, cette musique ne résonnerait plus dans sa tête que comme un triste, douloureux et tragique souvenir. Le mardi 10 octobre, en fin d’après-midi, c’est grâce à cette même sonnerie qu’il a pu retrouver le corps sans vie de son frère Anil Babajee sur un terrain en friche. Parti à sa recherche à la demande de leur mère Leela, Shiv s’était rendu près du terrain en friche où celui-ci avait consommé des boissons alcoolisées avec son ami la veille. «Mo ti pe kontign sonn li, lerla monn tann sonnri so telefonn. Mo ti fini kone li bizin pa lwin», relate notre interlocuteur. Après avoir fait quelques pas de plus, il a pu mettre la main sur ledit cellulaire avant de trébucher. «Mo ti dan nwar, mo pa ti pe trouve, me monn may ar lekor mo frer mem ek monn tom lor li», se remémore-t-il avec effroi. Après avoir constaté qu’Anil Babajee avait des blessures sur tout le corps et ne respirait plus, il a aussitôt alerté la police. L’autopsie pratiquée par le médecin légiste Prem Chamane a attribué le décès de la victime à une compression of the neck, confirmant l’acte criminel.

 

Depuis qu’il est âgé de 15 ans, Anil Babajee, surnommé Zola ou Milat dans son entourage, se passionne pour la coiffure. Après avoir longtemps travaillé comme apprenti dans un salon de coiffure, il a fini par trouver un emplacement à louer sur la route principale de Petite-Rivière, non loin de son domicile, et a commencé à travailler à son propre compte. Ce lundi 9 octobre, comme à chaque début de semaine, ce coiffeur de 37 ans était en congé. «Kan li pa ti pe travay, li ti abitie sorti pou al bat enn zafer ek so bann kamarad. À chaque fois, il finissait par rentrer à la maison, même si c’était vers 4 heures du matin le lendemain, car il ne manquait jamais d’ouvrir les portes de son salon», relate sa mère Leela. Le mardi 10 octobre, cependant, son entourage s’est aperçu qu’il n’était pas rentré de la nuit. «Monn dir so frer sonn li pou kone kot li ete, gete kifer li pa pe ouver salon.» Elle avait d’abord pensé que ce dernier s’était écroulé quelque part car il avait été victime de comas éthyliques à plusieurs reprises par le passé. «Mo ti pe santi enn move zafer inn ariv li. Monn dir so frer al rod li.»

 

Accès de colère

 

Tout en continuant d’appeler sur le cellulaire de son frère, Shiv est allé à sa recherche près de son lieu de travail. C’est ainsi qu’il a croisé son ami Arosh Kumar Gopaul, qui travaille comme helper dans la quincaillerie d’à côté. Lorsqu’il a questionné cet homme, celui-ci a avancé qu’il n’avait aucune idée de l’endroit où se trouvait le coiffeur mais il l’a tout de même conduit à l’endroit où ils avaient consommé des boissons alcoolisées la veille, soit sur un terrain en friche situé à la rue L’Unité, à Camp-Benoit, Petite-Rivière. C’est d’ailleurs en ces lieux que Shiv a fini par entendre la sonnerie du cellulaire de son frère. «Kan monn dir so kamarad ki mo pe tann so telefonn sone, li ti pe rod fer mwa krwar ki monn mal tande. Linn pass devan mwa ek linn dir mwa “to frer pala, nou ale”, me kan monn trouv lekor mo frer, linn sove.» Paralysé par le choc, Shiv avance que sur le coup, il n’a pas pensé qu’Arosh Gopaul avait quelque chose à voir avec le décès de son frère. «Mo ti pe panse linn sove akoz linn per pou get lekor, me apre kan monn reflesi, monn realise kifer li ti panike.»

 

Lorsque la police de La Tour Koenig est arrivée sur place, trois personnes se trouvaient sur la scène de crime. Il s’agissait de Shiv, qui les avait alertés, et de deux autres individus. Pour les besoins de l’enquête, ils ont été conduits dans les locaux de la brigade criminelle et ont été interrogés avant d’être autorisés à rentrer chez eux. Par la suite, trois autres personnes ont été appréhendées : un homme de 46 ans et une femme de 21 ans, tous deux domiciliés à Petite-Rivière, ainsi qu’Arosh Gopaul, le partenaire de beuverie de la victime, soit le dernier à l’avoir vu en vie. Si les deux premiers ont été relâchés, Arosh Gopaul – âgé de 41 ans et domicilié à La Tour Koenig – a comparu devant le tribunal sous une accusation provisoire de meurtre et a été placé en détention même s’il se disait innocent. Au bout de 24 heures en cellule, il a fini par cracher le morceau après avoir été cuisiné par les enquêteurs. Il a avancé qu’une dispute a éclaté pendant qu’ils consommaient des boissons alcoolisées. Il n’aurait pas apprécié que son ami remette sur le tapis une histoire d’attouchements sur un enfant pour laquelle il avait déjà fait de la prison. Dans un accès de colère et sous l’influence de l’alcool, il l’aurait agressé et étranglé ; des gestes qu’il a reproduits lors de l’exercice de reconstitution des faits ce jeudi 12 octobre.

 

Au domicile des proches d’Anil Babajee, l’atmosphère est pesante, emplie de tristesse et de regrets. Le coeur en morceaux, Leela ne cesse de répéter : «Mo pale krwar enn zafer koumsa inn ariv mo zanfan.» Même les proches du trentenaire reconnaissent qu’il était porté sur la bouteille, ils avancent que «li pa ti pe droge, li pa ti pe lager ek personn. Li ti zis kontan bat enn zafer dan tanto, me li ti touzour serye dan so travay». Mis à part le travail qu’il effectuait déjà à temps plein dans son salon de coiffure, Anil Babajee se rendait aussi chez ceux qui ne sont pas en mesure de se déplacer pour une coupe ou alors «li ti pe al Grand-Bassin pou koup seve bann ti baba» lorsque son emploi du temps le lui permettait.

 

Sa cousine, qui le décrit comme quelqu’un de généreux et serviable, raconte que «dan sime kot li ti pe travay, tou dimoun ti kontan li. Tou bann dimoun ki ti pe travay a kote inn deplase, inn vinn so lamor, parski zot ti kone li ti enn bon dimoun». Elle se remémore d’ailleurs, émue, de toutes ces fois où le trentenaire «inn aksepte ferm so salon zis pou li al donn koudme pou instal sez dan maryaz». Selon la mère d’Anil, ce dernier n’hésitait pas, non plus, à rejoindre les orchestres pour jouer de la musique lors de cérémonies de Geet-Gawai.

 

À ce stade, bien que le partenaire de beuverie du trentenaire soit passé aux aveux pour son crime, ses proches continuent de s’interroger : «Lui a t-il infligé, à lui seul, toutes ces blessures ? A t-il des complices qu’il cherche à couvrir ?» La suite de l’enquête le déterminera. Bouleversée et traumatisée par ce drame, sa cousine, qui compte s’installer dans la localité dans quelques mois, promet de tout mettre en oeuvre «pour que les autorités prennent des actions pour éviter qu’une telle chose ne se reproduise. Pendant combien de temps de telles atrocités vont-elles continuer à se produire ? Ce n’est plus possible».

 

Anil Babajee a rejoint sa dernière demeure le mercredi 11 octobre, soit seulement deux semaines avant son 38e anniversaire. Il laisse derrière lui un frère, une soeur et une mère anéantis, ainsi qu’un fils de 14 ans issu d’une précédente union.

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