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13 avril 2016 14:16
Vous organisez une campagne contre la violence sexuelle durant tout le mois d’avril. Pourquoi ?
Avril est le mois international contre la violence sexuelle. Pour cette campagne, nous travaillons en collaboration avec Temple Group qui en a pris l’initiative l’an dernier. Notre objectif est de sensibiliser les Mauriciens à ce problème qui nous concerne tous. Les chiffres sont accablants et montrent que la violence sexuelle ne cesse d’augmenter. Sans compter que beaucoup d’agressions sexuelles ne sont pas dénoncées, par honte, en raison d’un sentiment de culpabilité, par peur des représailles ou de ne pas être crue, du fait d’un tabou ou encore de la pression sociale.
Quelle est la particularité de votre campagne ?
C’est le port du rouge à lèvres rouge pour les filles, qui n’est pas seulement un maquillage mais aussi un outil de promotion pour soutenir les victimes d’abus sexuels. C’est également un geste symbolique pour les hommes qui participent à la campagne. C’est le même principe que le Movember Movement, mais avec du rouge à lèvres rouge.
Comment cela se passe-t-il dans la pratique ?
C’est une campagne visuelle qui est diffusée sur les réseaux sociaux, notamment Facebooket Instagram. Nous encourageons les internautes à nous envoyer des portraits ou des photos de groupe avec pour produit-phare le rouge à lèvres rouge. Nous profiterons de toutes les activités prévues durant le mois d’avril pour sensibiliser au mieux la communauté.
En quoi votre campagne diffère-t-elle de toutes celles qui ont dénoncé la violence sexuelle jusqu’à présent ?
Victime d’une agression en 2011, Danielle Tansino, l’initiatrice de la campagne, a connu la condamnation que subissent souvent les victimes, ce qui a compliqué sa guérison. Dans le sillage de cette expérience, elle a été choquée d’apprendre à quel point il est courant que les proches, le système judicaire et parfois même les psychologues blâment les victimes, leur donnent honte ou les incitent à se taire. Être confrontée à cela peut-être plus encore plus traumatisant pour une victime que l’agression elle-même. C’est pourquoi notre campagne a aussi pour but de faire comprendre que le mal existe également dans l’attitude des gens vis-à-vis des victimes. On parle souvent de ce qui a mené à l’abus sexuel sans tenir compte de ce que peut ressentir la victime face aux regards accusateurs et critiques donnant, sans le vouloir, raison aux agresseurs.
Vous vous attendez à quel changement ?
Nous espérons pouvoir rendre aux victimes leur dignité et leur liberté. Nous voulons aussi que les gens prennent conscience du mal qu’ils peuvent faire autour d’eux. Le souhait de Danielle Tansino est que la campagne permette aux femmes concernées de voir et de sentir le soutien sur les visages de leur entourage. De nombreuses victimes souffrent en silence depuis des années. Et celles qui parlent font souvent l’expérience d’un autre type d’isolement, parce que beaucoup de gens ne savent pas comment montrer leur soutien ou parler de ce problème. C’est le changement que nous attendons, que les victimes ne se sentent plus jamais seules et qu’elles trouvent le soutien nécessaire pour affronter les épreuves.
Pourquoi est-ce que tous les Mauriciens devraient participer à la campagne Red my lips ?
Car cela concerne chaque individu. Nous pouvons tous être victime de violence sexuelle dans notre vie, que ce soit au boulot, à la maison ou dans la société. Personne ne choisit d’être une victime d’abus sexuel mais notre réaction face aux victimes est un choix. La campagne donne l’opportunité à tout un chacun de faire une introspection afin d’avoir une réaction réfléchie par la suite.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la JCI City Plus ?
La JCI City Plus est la plus jeune organisation affiliée à la JCI Maurice, depuis octobre 2007. Elle est agréée en tant qu’ONG depuis le 23 septembre 2010. C’est sous le motto«Impact to Inspire» que nous entamons notre neuvième année d’existence. L’association est présidée par Chimene Dacruz-Valery, qui succède à Roumesh Oomah. Les vice-présidents sont Kevin Andy (Skills development), Nitin Collappen (Community), Pavan Gopal (Business) et Tasweena Girdhari (PR & International). Le bureau est complété par Ashish Padaruth, secrétaire, et Jaya Mulloo, trésorière. La JCI City Plus est très structurée afin d’assurer sa pérennité. Elle se compose de jeunes citoyens bénévoles, actifs dans le but d’apporter des changements positifs dans la société.
Quelles sont les actions menées par votre organisation ?
Nous croyons qu’il est possible de trouver des solutions aux problèmes auxquels la société est confrontée. Parler de changement positif n’est pas suffisant. Pour avoir un impact, nous transformons nos paroles en action. Avec la notion de citoyen actif (JCI Active Citizen Framework), la JCI utilise un outil et une méthode concrète pour identifier la cause d’un problème à la racine, engager la communauté, formuler des solutions, inciter la participation de partenaires, faire le suivi et l’évaluation afin d’apporter un changement durable.
Et vos projets ?
Les projets-clés de la JCI City Plus sont les suivants. Aret tapequi lutte contre la violence envers les femmes depuis 2014 et qui cadre avec la campagne Red my lips. Learning made easypour une éducation de qualité, avec l’installation de 30 ordinateurs (un don de la JCI Luxembourg) à l’école publique Nicolay. Nous travaillons actuellement pour obtenir des logiciels éducatifs interactifs. On prévoit aussi des causeries ainsi que des examens médicaux et dentaires gratuits pour les enfants de l’école. Enfin, Children awareness - Vulnerable self protectionet Crime prevention - Sexual abusesont aussi des campagnes qui ont débuté avec Red my lips.
Le National Coalition against Domestic Violence Committee a rendu public le résultat de ses travaux le 6 avril. Son rapport recommande la création d’un Command Centre against Domestic Violencequi recueillerait les plaintes et transmettrait les informations aux différents services et ministères.
Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?
La conférence organisée par le ministère de l’Égalité des genres dans le cadre de la Journée de la femme, observée le 8 mars. Plus particulièrement le discours de la ministre Aurore Perraud qui a mis l’accent sur la valeur et la contribution de la femme mauricienne dans la société. Elle a aussi parlé de la violence que subit la femme dans sa vie quotidienne et le refus d’en parler ouvertement. En tant que femme, je me sens personnellement concernée et j’apprécie le travail et l’avancement des ONG et des ministères impliqués dans la valorisation de la femme d’aujourd’hui.
Et sur le plan international ?
La politique internationale m’intéresse énormément. J’aime bien la politique qu’applique Barack Obama avec son slogan «Yes we can».
Que lisez-vous actuellement ?
Chaque semaine, je lis Business Magazineet surtout la rubrique Business Files.
Membre de la JCI City Plus depuis 2015, Anshila Cootthen, 26 ans, est la directrice de projet de la campagne Red my lipsau niveau de son organisation. Elle a participé au JCI Mauritius Public Speaking Championshipen 2015 et a remporté le trophée du meilleur orateur public. Diplômée en Loi et Gestion de l’Université de Maurice, elle a également été la gagnante du concours Public Speakingorganisé par l’ICAC en 2012 sur le thème de la corruption. Elle est employée de Mauritius Cargo Community Services Ltd. Elle aime la nature, la musique, notamment le séga engagé, jouer de la ravaneet passer du temps en famille.
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