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Antoine José Capiron disparaît au large de Poudre-D'Or - Son fils Jean-Loup : «Je garde une lueur d’espoir pour un miracle»

19 mai 2021

Jean-Loup Capiron espère qu'il n'y aura pas de relâchement au niveau des recherches pour retrouver son père.

Il est rongé par l’incertitude mais tâche de rester fort pour donner du courage aux membres de sa famille. Une famille dont il est le pilier en ces temps difficiles. Depuis quelques jours, Jean-Loup Capiron traverse l’une des épreuves les plus dures de sa vie, avec la disparition en mer de son père. Aux petites heures du matin, le jeudi 13 mai, l’Ops Room de la National Coast Guard (NCG) a reçu un appel signalant qu’une embarcation avec trois pêcheurs à bord avait chaviré au large de Poudre-d’Or. Si deux d’entre eux ont pu être secourus (voir hors-texte), Antoine José Capiron, un pêcheur de 60 ans domicilié à Grand-Gaube, est toujours introuvable. Les recherches se poursuivent pour le retrouver.

 

«Les chances de retrouver mon père en vie sont minimes», avoue Jean-Loup Capiron. Mais il ne veut pas pour autant baisser les bras : «Je garde tout de même une lueur d’espoir qu’un miracle peut se produire car mon père a survécu à plusieurs catastrophes. C’est la quatrième fois qu’il se retrouve en difficulté lors d’une sortie en mer. Il a notamment déjà été secouru à La Réunion et a survécu à un cyclone. C’est la raison pour laquelle je ne veux pas qu’il y ait de relâchement au niveau des recherches.» Il reconnaît tout de même que cette disparition, depuis plusieurs jours, est vraiment inhabituelle : «Mon père connaît très bien la mer. Il pêche depuis l’âge de 14 ans et a navigué dans tous les océans du monde. Il est très respecté par beaucoup de pêcheurs et a sauvé plusieurs vies avec ses années d’expérience.»

 

Dans le cadre des recherches afin de retrouver Antoine Capiron, la NCG a mis à contribution des bateaux, des hélicoptères et des Heavy Duty Boats. Si Jean-Loup ne remet pas du tout en question le travail qu’effectuent les forces de l’ordre, avec lesquelles il est en contact permanent, il estime tout de même qu’«il devrait y avoir un plan d’action rapide pour éviter ce genre de problème à l’avenir». «Je sais qu’il est obligatoire d’avoir des gilets de sauvetage sur chaque embarcation mais je pense que les pêcheurs devraient les porter en toutes circonstances pour éviter que de tels drames se produisent. Les pêcheurs ayant de l’expérience m’ont indiqué que les gilets classiques sont très inconfortables et pas adaptés à leur travail mais, de nos jours, il existe d’autres types de gilets et les porter pourrait sauver des vies.»

 

«Mourir en mer»

 

La disparition de son père devrait, selon lui, pousser les autorités à prendre des initiatives, avant que d’autres drames ne se produisent. Ses propositions sont multiples : «D’abord, les pêcheurs professionnels, skippers ou sauveteurs devraient être équipés d’un traceur GPS pour faciliter les recherches en cas de disparition en mer à l’avenir. Puis, la NCG devrait collaborer avec les pêcheurs qui connaissent bien leur région pour qu’il y ait un plan d’action.» D’ailleurs, il a adressé une lettre au Premier ministre en ce sens. Jean-Loup estime également qu’il devrait y avoir une alerte tsunami la prochaine fois. En effet, si la station météorologique de Vacoas a déclaré que le séisme sousmarin enregistré à 1 000 km au nord-est de Maurice et à 414 km au nord-est de Rodrigues, le mercredi 12 mai, n’a pas affecté notre île, bon nombre de pêcheurs estiment que c’est ce qui a provoqué un tsunami, avec des houles de six à sept mètres de haut.

 

Jean-Loup Capiron confie, nostalgique : «Mon père m’a toujours répété que son souhait serait de mourir en mer et d’être enterré à Cap-Malheureux. Je lui répondais toujours d’arrêter de dire des bêtises.» Refusant de se soumettre à cette éventualité, il réitère son appel à d’autres pêcheurs ayant une embarcation pour qu’ils l’aident à le retrouver. Ces derniers, à qui il recommande vivement de respecter les gestes barrières et de ne pas prendre de risques inutiles, sont priés de le contacter sur le 5906 7987.

 


 

Ludovic Anooah et Steeve Michel, les rescapés : «Nous avons vu la mort en face»

 

Cette sortie en mer les a laissés avec plusieurs séquelles, tant sur le plan physique qu'émotionnel. Jean Ludovic Anooah, 41 ans, et Steeve Michel, 52 ans, des habitants de Cité CHA, Grand-Gaube, étaient également sur l'embarcation qui a chaviré au large de Poudre-D'Or mais ils ont pu être secourus. «J'ai déjà eu des difficultés en mer dans le passé mais jamais de cette ampleur. Cette fois, nous avons vu la mort en face. Je n'aurais jamais pensé qu'une telle chose nous arriverait», confie le quadragénaire.

 

Cela fait quelques mois que les trois amis vont pêcher ensemble. Le mercredi 12 mai, ils ont quitté Grand-Gaube et ont pris leur embarcation pour se rendre au large de Roches-Noires aux alentours de 16 heures. «Au début, tout se passait bien. Nous avions prévu de rentrer aux alentours de 7 heures, le lendemain matin.» Toutefois, vers 2 heures du matin, la mer a commencé à s'agiter. Ludovic Anooah confie avoir reçu l'appel de son épouse le prévenant qu'il y avait un séisme sous-marin et qu’il a alors dit à ses amis qu'ils devraient prendre leurs précautions. «Kan nou finn diskite, misie Antoine finn dir nou ki si enn maler pou arive, li pou ariv isi mem. Li finn dir nou taler zozo feray pou vinn rod nou», se souvient Steeve Michel.

 

Alors qu'ils poursuivaient leur partie de pêche, ils ont été surpris par une grosse houle et le bateau a chaviré. «Nous nous sommes tous retrouvés à l'eau. Nous avons tout de suite perdu la trace d'Antoine Capiron.» Dans un premier temps, les deux pêcheurs ont pu regagner leur embarcation et demander à leurs proches de contacter la NCG mais une quinzaine de minutes plus tard, ils ont à nouveau été surpris par une vague. «Je me suis agrippé aux récifs alors que Steeve a nagé jusqu'à un endroit où il avait pied.» Deux heures plus tard, les garde-côtes sont venus nous secourir en hélicoptère.

 

Tous deux blessés aux jambes, ils se disent soulagés d'être toujours en vie mais vraiment attristés par la disparition en mer de leur ami, le capitaine, qui, disent-ils, a pourtant beaucoup d'expérience dans le domaine.

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