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Antraj Ramkhelawan meurt après une injection à l’hôpital de Flacq - Ses proches : «Nous pensons qu’il a été victime d’une grosse négligence»

12 juillet 2021

Perdre un frère, c’est perdre une partie de soi. Ce n’est pas Yuvraj Ramkhelawan, un barman de 47 ans, qui dira le contraire. Le cœur de cet habitant de Mare-La-Chaux est inondé de chagrin depuis le décès de son frère Antraj, âgé de 50 ans. Le départ subit de ce frère, avec qui il a partagé tant de bons moments depuis l’enfance et qu’il connaît par cœur, laisse un vide énorme dans sa vie. Si la mort d’Antraj est inacceptable pour Yuvraj, les circonstances qui y ont mené le sont encore plus.

 

Le quinquagénaire est mort après une injection à l’hôpital de Flacq où il travaillait comme Attendant. «Nous sommes convaincus que mon frère a été victime d’une grosse négligence. Eski se sa inzeksion-la kinn provok so lamor ? De plus, ce n’est que deux semaines après sa chute qu’on a su qu’il s’était fracturé cinq côtes et que cela avait causé une infection», s’insurge le barman. Il a d’ailleurs consigné une déposition à la police pour faire part de ses doutes. Alerté, le Regional Health Director de l’établissement hospitalier concerné a mené une enquête départementale. Et après avoir pris note des conclusions de l’enquête interne, le ministère de la Santé a référé le cas au Medical Negligence Standing Committee. C’est ce comité qui décidera de la marche à suivre. Malgré son immense tristesse, Yuvraj est soulagé d’avoir remporté une première bataille à travers l’institution d’une enquête sur la mort de son aîné.

 

Le calvaire d’Antraj, plus connu comme Diren, a débuté le 16 juin, lorsqu’il a fait une chute dans la salle de bains dudit hôpital alors qu’il était en service. Blessé, il a été admis en salle, avant d’être autorisé à rentrer chez lui le 21 juin. «Le personnel soignant lui avait dit qu’il s’était fracturé trois côtes. On lui avait prescrit des calmants et une crème anti-inflammatoire», se souvient Yuvraj. Deux jours plus tard, son frère est conduit à nouveau à l’hôpital. «Il avait des douleurs atroces et éprouvait des difficultés à respirer.» Selon Yuvraj, le personnel soignant lui aurait fait une injection et administré du sérum, avant de l’autoriser à rentrer à la maison.

 

Rebelote le 27 juin. Un médecin aurait examiné  son frère une fois de plus à l’hôpital de Flacq et recommandé une radiographie. Par la suite, le docteur aurait annoncé à Yuvraj qu’Antraj avait quatre côtes fracturées. Son foie était également endommagé. Le médecin lui aurait prescrit une injection antidouleur, avant de l’autoriser à rentrer chez lui.

 

L’état de santé de l’Attendant ne se serait toutefois pas amélioré. Vers 4 heures, le 29 juin, le quadragénaire a à nouveau été transporté à l’hôpital. «Li ti pe toufe», se souvient Yuvraj. Un médecin aurait ordonné au personnel soignant de lui faire une autre radio, avant de l’admettre à la salle 3-1. Les résultats auraient démontré qu’il avait des saignements au niveau des poumons et qu’il s’était fracturé quatre côtes. Il a subi une intervention chirurgicale le lendemain. «On lui avait placé un tube de drainage en plastique dans la poitrine», raconte Yuvraj.

 

Par la suite, Antraj a été transporté à l’hôpital de Pamplemousses pour faire un scan. Son frère a alors appris avec stupeur que son frère s’était fracturé cinq côtes et que le tube de drainage qu’il avait à la poitrine s’était déplacé. Après le scan, Antraj est retourné à l’hôpital de Flacq où il a subi une autre intervention chirurgicale le 2 juillet. «Zot ti oper li pou reaziste sa tib ki ti ena dan so lestoma-la», précise Yuvraj. Le lendemain, il a rencontré le médecin traitant de son frère : «Il m’avait assuré que l’état de santé de mon frère s’améliorait.»

 

«Dokter pa la»

 

Mais il devait vite découvrir que ce n’était pas le cas. «Je suis allé le voir durant les heures de visite le 4 juillet. Il se tordait de douleurs. Sa situation a empiré dans la soirée. Il a téléphoné à notre père pour le mettre au courant. Il insistait pour qu’on vienne le récupérer à l’hôpital car le personnel soignant ne lui donnait pas les traitements nécessaires», explique Yuvraj. Leur père Teeluck, 77 ans, a passé plusieurs coups de fil au personnel de la salle 3-1. «Zot dir li dokter pa la. Zot inn ousi dir li ki se bien apre ki dokter-la inn dir ki pikir bizin fer ek mo frer», allègue Yuvraj.

 

Le barman a eu le choc de sa vie vers 00h50, lorsqu’il a reçu un appel de l’hôpital l’informant que son frère est décédé. Le médecin de service avait attribué son décès à un «myocardial infarctus». Une heure plus tard, Yuvraj s’est rendu à l’hôpital. Sur place, il a appris que le médecin qui était de garde ne serait jamais venu examiner son frère, même s’il affirme le contraire. C’est la raison pour laquelle il a décidé de porter l’affaire à la police. Yuvraj et les siens ont cependant refusé que le corps d’Antraj soit soumis à une autopsie. Ses funérailles ont eu lieu au crématoire de L’Aventure, le 5 juillet.

 

Le quinquagénaire était marié et père de trois fils âgés de 21, 18 et 16 ans. «Ma belle-sœur Soomita est inconsolable. Mes trois neveux sont tous étudiants.» Toute la famille réclame désormais justice dans l’espoir que la vérité les aidera à faire leur deuil. La balle est désormais dans le camp du Medical Negligence Standing Committee qui doit décider de la marche à suivre.

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