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Apiculture : Ruche «hour»

20 août 2016

Claude Félicité Valence est un apiculteur passionné et passionnant.

Comme une peau douce. Ambrée et sucrée. Délicate et précieuse. Au parfum subtil se révélant à la chaleur d’une caresse. C’est ainsi que Claude Félicité Valence parle du miel. Cet apiculteur, qui a suivi des cours à l’IVTB de Rodrigues concernant la production de miel, la reproduction des abeilles et le food processing, est un amoureux de ce nectar. Mais aussi des abeilles qui s’activent, au quotidien, pour créer, à partir de pollen, ce liquide doré doux et onctueux (mais aussi de la cire et de la propolis, produits miracles pour la santé). Depuis plusieurs années, il se mobilise pour une cause, sauver les abeilles : «Les gens ne réalisent pas que nous avons besoin de ces bêtes pour vivre et que nous devons les protéger(voir hors-texte).»Une prière entendue par le ministre des Finances ? Possiblement. Ce dernier a prévu, dans son récent discours budgétaire, une dotation de Rs 7 millions pour la création de ruches pour les abeilles dans différentes régions de l’île.

 

Rs 7 millions, c’est une belle petite somme. Claude ne dira pas le contraire. Par contre, il attend de voir ! Et, au lieu de parler politique, il préfère raconter la trépidante vie de ses douces abeilles. Des petites bébêtes qu’on pourrait élever chez soi. Dans une ruche au fond du jardin pour aller se servir du miel au quotidien. Et pour favoriser la biodiversité, se transformer en joyeux/se apiculteur/apicultrice et épater les copains. Une envie réalisable ? Pas tout à fait, selon notre apiculteur. Parce que pour y arriver, il faut que plusieurs facteurs soient réunis (en plus d’avoir les sous nécessaires pour la mise en place et l’entretien) afin que les abeilles se sentent bien chez vous, ne gênent pas vos voisins et puissent s’épanouir dans votre petit coin de jardin : «Ce n’est pas forcément compliqué, mais c’est vraiment demanding

 

«Bodyguards»

 

Il y a d’abord le lieu à prendre en considération : «Si on vit dans un morcellement avec des maisons les unes sur les autres, ça ne va pas être possible. Fatalement, les voisins vont se plaindre et ça va poser des problèmes.» Par contre, si vous résidez au milieu de nulle part, qu’il y a de belles plantations de fleurs ou d’autres végétaux où les bébêtes peuvent trouver du pollen, ça peut marcher à une condition : que l’océan ne soit pas trop proche (mais qu’il y ait quand même un point d’eau douce). Pourquoi ? Claude nous dit tout avec une certaine poésie. Quand vient le temps des amours, la reine des abeilles, accompagnée d’une troupe de bodyguards(des bourdons), va se balader un peu plus près des nuages.

 

Parmi ses soupirants, elle choisit quelques-uns pour faire des choses coquines. Après cette partie censurée, elle tombe dans les pommes (un petit coup de pompe) et les autres bourdons – ceux du boum boum crak craksont déjà kaput– finissent par la rattraper pour le retour à la maison (pour qu’elles pondent tout ça) : «S’il y a une vaste étendue d’eau comme un océan, il y a beaucoup trop de risques qu’elle et ses copains se noient et qu’il n’y ait pas de nouvelles abeilles dans la ruche.» Des heures d’amour qui ressemblent à un Juliette et Roméo(s) en version un peu gore.

 

Bon, loin de la mer, c’est bon… mais la région ne doit pas être froide non plus. Les abeilles, elles n’aiment pas trop ça. Elles sont teigneuses quand la température chute. Il faut donc également choisir sa saison pour se lancer ! En hiver, il fait froid, il y a de la pluie et moins de pollen. Du coup, il y a plus de risques que les abeilles tombent malades et ne puissent pas vraiment se fixer et produire du miel. Ensuite, bien sûr, il ne faut pas occulter qu’il faut un minimum de savoir-faire afin d’installer des ruches chez soi et d’aller à l’assaut des abeilles (en douceur) pour récupérer le miel. Une mission sucrémentcompliquée ! Et qui a de quoi vous refroidir…

 

Mais si vous voulez quand même vous lancer, Claude se fera une joie de vous aider. Parce que le miel, tout ça, c’est un peu sa petite douceur à lui.

 

Le rêve de Claude

 

C’est d’avoir son petit coin à lui afin de se lancer dans une ferme de ruches ! De planter tout autour et de créer des espaces pour que ses bébêtes préférées puissent s’épanouir au soleil. Dans son projet qu’il espère réaliser, il souhaite apporter un concept novateur : «Créer une association qui regrouperait des apiculteurs venant des différents coins de l’île. Comme ça, si ma culture ne fonctionne pas trop bien, je pourrai emprunter quelques abeilles à un collègue et vice versa.»

 

Comment ça se passe ?

 

Notre apiculteur fait le point sur les premiers jours en ruche d’une colonie :«Si une personne a déjà une petite colonie chez elle, il est possible de la réunir dans une petite ruche faite par l’homme, conçue à cet effet. Pour une première ‘‘maison’’, ça doit être une boîte de taille moyenne avec de l’espace entre les différents compartiments pour que les abeilles puissent circuler (quelques semaines plus tard, il faudra opter pour un logement plus grand). En quelques jours, les abeilles auront fabriqué une reine. Comment en reconnaître une ? Son abdomen ressemble à celui d’une sirène ! La première nuit, les abeilles font un vol de reconnaissance : elles vont voir où se trouvent les fleurs et s’il y a un point d’eau, entre autres. Et puis, elles vont déterminer quelle route elles vont prendre au quotidien. Ce sont des animaux de routine, ils emprunteront tous les jours le même tracé. Si tout se passe bien, il sera possible de récolter du miel au bout de quelques semaines en s’équipant bien et en s’armant d’un enfumoir.»

 

SOS danger

 

- Un problème mondial. La pollution, le changement climatique et les abeilles se font de moins en moins nombreuses et c’est ce qui inquiète Claude.

 

- Un problème local. L’apiculteur ne peut passer sous silence le fait que les abeilles sont agressées par les pesticides : «Quand elles butinent ces produits chimiques, elles perdent leur sens de l’orientation, elles sont comme droguées. C’est comme si elles avaient pris de la drogue synthétique ! Alors, il faut que les agriculteurs fassent plus attention et respectent mieux la nature.»

 

- Des attaques naturelles. Il y a aussi les araignées qui tissent leurs toiles non loin des ruches pour kidnapper les pauvres abeilles. Mais aussi les teignes – un type de phalène, explique Claude – qui pondent des œufs dans la ruche et qui asphyxient la colonie avec des cocons en coton.

 

C’est bon à savoir

 

Le miel ne doit jamais être mis au réfrigérateur. Et la température de stockage ne doit pas dépasser 34°C.

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