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Par Yvonne Stephen
6 avril 2015 14:42
Elle est là. Tapie dans l’ombre de votre inconscience, prête à bondir dans votre cœur et à faire s’emballer vos frayeurs. L’angoisse. Un sentiment puissant. Et celui que ressentent les parents est d’un genre tout à fait nocif. Se demander 100 fois – au minimum – par jour si son enfant va bien. S’il a bien mangé. S’il est en bonne santé. S’il ne fait pas de bêtises. S’inquiéter de ses déplacements et de ses fréquentations. Le tragique accident qui a coûté la vie à Keshnee Purmasing, âgée de 17 ans, alors qu’elle se trouvait dans un autobus, remet en question la sécurité des enfants qui utilisent ce moyen de transport. De quoi faire frissonner les parents. Comment s’assurer que son enfant ne craint rien dans ces moments où vous n’êtes pas présent ?
C’est difficile, pour ne pas dire impossible. Mais il existe des moyens de se rassurer et de prévenir les dangers (dans une certaine mesure). Comment ? Discuter de la situation et prodiguer des nécessaires conseils sont des moyens à votre disposition en attendant que les autorités prennent les mesures adéquates. Le ministère des Infrastructures publiques et du transport intérieur réalise, en ce moment, une étude sur le transport en commun des étudiants afin d’en revoir le système. Mais vos enfants prennent l’autobus tous les jours ou presque. Alors, il faut agir vite.
Alain Jeannot, président de l’association Prévention Routière Avant Tout (PRAT), en est conscient : «J’ai des enfants. Je peux comprendre l’inquiétude.» Pour cet homme engagé, c’est toute une éducation à faire avec un point central : la porte de derrière ne doit pas être utilisée pour entrer et sortir de l’autobus. Et les adultes ne doivent pas donner le mauvais exemple : «Je conseillerais à mes enfants de ne pas utiliser cette porte et de dire à leurs amis de ne pas le faire non plus.» D’ailleurs, il estime que les autorités ont la responsabilité de mettre en place un système afin de s’assurer que cette mesure soit respectée : «Cette porte doit être protégée. On ne doit pas pouvoir l’ouvrir sauf en cas d’urgence. Elle doit être reliée à un système d’alarme et le chauffeur doit être averti dès que cette porte s’ouvre.»
«Salon à l’arrière»
Alain Kistnen, secrétaire de l’Union of Bus Industry Workers (UBIW), est du même avis : «Il y a des risques d’accidents. Nous l’avons vu. Il faut que les petits et les grands arrêtent d’utiliser cette porte.» Même si c’est «plus cool» d’emprunter l’emergency exit, vos enfants doivent en comprendre les dangers. Mais aussi ceux de s’asseoir derrière, sur le tout dernier siège : «Nous avons été jeunes. Nous savons bien ce que c’est que de faire un “salon” à l’arrière du bus. Mais ce n’est pas une bonne idée. Cela comporte plus de risques», poursuit le syndicaliste. Il vaut mieux, donc, leur conseiller de trouver une place au milieu de l’autobus. Et à l’avant (mais pas trop).
Et surtout pas sur la coiffe qui recouvre le moteur : «Ça peut surchauffer.» De l’eau bouillante peut s’échapper de ce petit siège improvisé à l’aspect inoffensif en cas de problème mécanique. Une raison de plus pour qu’Alain Jeannot conseille aux collégiens/étudiants de faire preuve de patience et d’attendre le prochain véhicule pour éviter d’être debout. Une proposition éclairée : «Il vaut mieux ne pas prendre de risques. La route n’est pas sans danger.» Néanmoins, si ces adolescents ont besoin de se rendre à leurs leçons particulières, entre autres, très vite, cette solution est problématique : «C’est pour cela que les écoles doivent prendre leurs responsabilités et s’assurer qu’il y ait assez d’autobus.»
D’autres dangers guettent les enfants. Avez-vous déjà pensé que le sac à dos pouvait être une menace ? Pas forcément. Alain Kistnen le rappelle. Pour le syndicaliste, il est nécessaire de demander aux collégiens de placer leur sac devant eux dès qu’ils rentrent dans le bus. Surtout, s’ils sont debout : «C’est pour qu’ils puissent garder l’équilibre.» Mauvaise idée : déposer son sac à ses pieds. Pourquoi ? Si le chauffeur freine brusquement, le sac peut provoquer un déséquilibre : «La position des pieds au sol peut se trouver compromise.» C’est pour cela également qu’il faut toujours s’accrocher : «Si l’enfant est trop petit pour la barre horizontale, il peut se tenir aux barres qui accompagnent les sièges. Mais il est nécessaire qu’il s’accroche toujours à quelque chose.» Et cela, même si ça fait «genre» de se tenir debout, les mains libres, alors que le bus roule !
Autre chose à rappeler à votre enfant : l’utilisation des fenêtres de l’autobus. Si elles s’ouvrent en hauteur (comme des impostes), pas de souci. Ce sont les grandes qui sont en mode sliding qui peuvent être dangereuses si on ne les utilise pas correctement : «On met sa tête dehors ou ses mains et on ne sait pas si un autre véhicule passe tout près, en doublant, ou s’il y a une branche. Les risques d’accident existent.»
D’autre part, des comportements en groupe peuvent aussi mettre votre enfant en danger. Il est bon qu’il le sache. Danser, s’asseoir sur le rebord des sièges, ne pas écouter le receveur, se bousculer pour sortir du bus/entrer dans le bus en premier. Alain Kistnen estime que les collégiens doivent apprendre à se conduire dans le bus. Pour leur propre sécurité.
Connaître les dangers, c’est essayer de s’y préparer (et de les prévenir). Alors, lancez la conversation avec votre enfant. C’est le moyen de lui donner toutes les armes pour qu’il puisse comprendre la dangerosité de certaines situations.
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