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Aquaponie : Petite histoire d’amour entre… poissons et végétaux

3 août 2016

Avec son système écoresponsable, Judex François cultive des poissons et des végétaux.

Unbruit d’eau qui s’écoule. Un ruisseau non loin ? On imagine des vaguelettes qui hésitent entre mordre et caresser les rochers. La mélodie des clapotis orchestrée par des poissons joueurs vient agrémenter cette image d’ailleurs. Une brise fraîche pour chasser la caresse d’un soleil d’hiver (timide mais présent) alors que les nuages se font la course sur fond de ciel bleu. Vue sur les montagnes, en supplément. C’est le temps des vacances ? Oui, mais pas pour Judex François. Et il ne faut surtout pas se laisser prendre par les sonorités de son petit coin de travail qui se trouve dans l’ouest de l’île, entre Bambous et La Chaumière. Le créateur de Biovert Cooperative Society Ltd vous invite à découvrir sa culture pas comme les autres. En ce mercredi 27 juillet, quelques jours après le lancement de sa société, il explique les merveilles de l’aquaponie.

 

Comment ça ? Cette chose ne vous dit rien. C’est normal. C’est tout nouveau à Maurice. Il s’agit d’un mot-valise, traduit de l’anglais aquaponics, formé par deux mots : aquaculture et hydroponie. Pour faire simple, on cultive des légumes et des fleurs en élevant des poissons : «Les déjections des poissons servent d’engrais pour les végétaux que nous cultivons. Elles sont remplies de vitamines et permettent de ne pas utiliser de la terre ou des produits chimiques. La culture est bio et rien ne se perd.»Oui, vous avez bien lu. C’est le caca de poissons qui sert de fumier et de terre pour donner des légumes et des fruits au top. Par procédure biologique, l’ammoniaque qui s’y trouve se transforme en nitrite et en nitrate, le caviar des végétaux, en quelque sorte.

 

Le bruit d’eau qui s’écoule, c’est l’eau des bassins qui sert à arroser les plantes grâce à un ingénieux système de tuyaux (d’ailleurs, ici, on utilise 70% moins d’eau qu’une culture normale). Les rochers ? Des macadams qui filtrent l’eau qui retourne ensuite dans les bassins. Les poissons ? Des beril rouzqui grandissent – et sont nourris grâce à enn ti manzequi ne contient pas de produit chimique – en attendant d’être vendus pour être consommés. Sur place, dans un aquarium aménagé, ils sont aussi appelés à se reproduire… en toute intimité. Autre bon point : les lumières sont alimentées par un panneau solaire.

 

Un petit paradis qui sent bon l’écoresponsabilité et qui permet une consommation plus saine des aliments au quotidien :«Je n’utilise pas de fertilisant. Pour protéger les plantes, il existe une solution naturelle : le pipi de vache dilué. En plus, comme les plantations sont hors sol et hors terre, il y a moins d’attaques d’insectes.»Et c’est vrai, dans les grow beds, des laitues, des pommes d’amour, de la menthe, un rosier, du cotomili, du basilic et du basilic citron (au parfum frais et envoûtant) s’épanouissent sous les rayons de soleil. Un potager où on aimerait bien faire son petit marché ! D’ailleurs, les légumes sont en vente le matin et l’après-midi (voir hors-texte).  Vous voulez une idée des prix ? Il faut compter environ Rs 25, par exemple, par tête de laitue.

 

Projet d’agrandissement

 

Mais d’où Judex François a-t-il sorti cette idée folle ? Dans un chapeau de planteur ? Plutôt sur internet, il y a trois ans : «La marque que je représente avait trouvé un plus gros fournisseur et je savais que les revenus ne seraient plus les mêmes, alors j’ai cherché quelque chose d’autre à faire.»Alors, il tombe sur la trouvaille d’un Australien, Murray Hallam, qui s’est dit un jour : pourquoi ne pas faire pousser des bringellesavec du caca de poisson (on imagine !) ? L’idée séduit le père de famille et il se lance avec les moyens du bord sur le toit de sa maison.

 

Il se documente, fait des essais, s’invente plombier, soudeur et arrive à se confectionner une petite culture d’aquaponie. Il y fait pousser des melons d’eau, des bringelles(justement), des giraumons, du céleri, de la queue d’oignon, du cresson, du gingembre, des poivrons, du chou rouge, entre autres : «C’est maribon ! Goûter ces légumes bios, c’est une toute nouvelle aventure pour la gourmandise. Seuls les légumes racines tels que les pommes de terre ou les carottes ne prennent pas. Le macadam est bien trop dur.» Le futur ?Il l’imagine plus grand et avec encore plus de légumes :«Je veux essayer de faire pousser des pâtissons. C’est excellent en salade.»Pour l’instant, Judex occupe un terrain prêté gracieusement par des éleveurs mais il a besoin de plus d’espace : «Je fais des démarches en ce sens.»D’ailleurs, il a pris contact avec des agriculteurs spécialisés dans le bio afin de nouer des relations et, si c’est possible, de travailler ensemble.

 

Alors, il y croit en l’avenir de l’aquaponie, dans son petit coin de paradis. Là où on peut entendre un bruit d’eau qui s’écoule et les clapotis des poissons…

 

You want the… légumes ?

 

Pour ça, il faut contacter Judex François sur le 5259 2704. Comme ça, il vous expliquera la marche à suivre. Au quotidien, il se trouve dans son petit champ pas comme les autres le matin de 6 heures à 8h30 et en après-midi/soirée de 17h30 à 20 heures.

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