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Par Elodie Dalloo
21 novembre 2023 11:29
En l’espace de quelques jours, plus d’une dizaine de personnes ont porté plainte au Central Criminal Investigation Department (CCID), aux Casernes centrales, après avoir perdu des sommes d’argent considérables, voire des années d’économies, à travers des investissements en ligne. Pour les enquêteurs, les plaintes enregistrées jusqu’ici ne seraient que le sommet de l’iceberg, estimant que plus de 4 000 personnes auraient été piégées par des arnaqueurs se faisant passer pour des agents recruteurs sur la plateforme Telegram.
S’il existe différents types d’arnaques en ligne (voir hors-texte), dans ce cas précis, plusieurs personnes ont été bernées à travers la technique de l’hameçonnage. La manière de procéder est la suivante : l’arnaqueur demande à plusieurs internautes d’investir de grosses sommes en leur promettant des bénéfices. L’argent récolté est réparti parmi quelques investisseurs qui, par la suite, encouragent leurs proches et connaissances à investir, convaincus qu’ils feront une bonne affaire. Plusieurs personnes ont ainsi investi des sommes allant de Rs 300 à Rs 1 million, avec la promesse d’obtenir des bénéfices en échange de leurs services, soit en effectuant des tâches spécifiques pour le compte des compagnies internationales connues telles qu’Amazon ou Google. Au fur et à mesure que d’autres internautes investissent, la somme amassée devient plus conséquente, jusqu’au jour où l’escroc disparaît sans laisser de traces.
Rebecca* est une jeune maman faisant partie des victimes de cette arnaque. Elle raconte avoir pris connaissance de ce mode d’investissement par un proche, qui avait obtenu des gains en effectuant des tâches quotidiennement. «Cette personne connaissait ma situation. Elle savait que j’avais besoin d’argent et m’a proposé d’investir. Je lui ai posé plusieurs questions avant d’accepter, car je ne suis pas du genre à me laisser prendre dans des arnaques en ligne. Lorsque j’ai vu qu’elle avait fait des bénéfices, je me suis dit que c’était forcément quelque chose de crédible.» Notre internaute raconte avoir d’abord investi une petite somme et constaté qu’au bout d’à peine quelques heures, elle avait pu faire des profits. Ainsi, elle a choisi d’investir jusqu’à Rs 200 000, soit des économies qu’elle avait amassées durant ces deux dernières années pour que son fils et elle, puissent aller retrouver son époux qui travaille à l’étranger, à la fin de l’année.
Néanmoins, à peine quelques jours après avoir investi l’argent, «j’ai réalisé que le site avait disparu, ainsi que les conversations que j’avais eues avec le recruteur. Je me suis rendu compte que j’avais été piégée et j’ai pleuré.» Cette semaine, elle s’est rendue à la police et à la banque en leur présentant les preuves de cette arnaque mais attend toujours des développements dans cette enquête. «Mes projets sont tombés à l’eau mais je suis chanceuse de toujours avoir un toit. D’autres victimes ont contacté des emprunts à la banque pour les investir, ce qui est dommage. Cependant, je n’ai pas l’intention de baisser les bras. Si mes démarches ne me permettent pas de récupérer l’argent perdu, j’espère au moins que d’autres ne se laisseront pas prendre. Mon message : évitez tous types d’arnaques en ligne, même celles qui vous semblent les plus fiables !»
Jennifer* fait également partie de la longue liste des victimes. Entrepreneuse, elle raconte avoir économisé une grosse somme d’argent au cours de ces derniers mois, destinée au rachat d’un terrain. «J’avais déjà entamé des démarches pour un home loan. J’ai économisé pour pouvoir payer les 20% restants. Lorsqu’un proche m’a parlé de ce mode d’investissement en ligne, j’ai cru que c’était une manière pour moi d’obtenir de l’argent pour mes projets en cours. Mo pann rod kas fasil, monn panse ki mo pe travay pou zot ek ki zot pe pey mwa. L’agent recruteur, avec lequel je discutais sur Telegram, m’a même présenté des documents pour me faire croire que leur entreprise était crédible.» Au total, dit-elle, elle a perdu la somme de Rs 1 million. «Mem si monn perdi boukou, mo pran li kouma enn leson. Mo kone kas ale vini, me ena lezot dimounn ki zot sitiasion pli pir ki pou mwa. J’ai rencontré une jeune maman ayant emprunté de l’argent à des trafiquants en pensant pouvoir le récupérer à travers ces investissements mais elle a tout perdu. Elle n’a même plus de quoi nourrir son enfant.»
Pour l’heure, l’enquête de la Cybercrime Unit est toujours au stade préliminaire. Les officiers sont toujours en train de récolter le maximum de preuves relatives à cette affaire, dont des captures d’écran et les relevés bancaires des victimes, afin de pouvoir remonter jusqu’au cerveau de cette arnaque. Ils n’écartent pas, non plus, la possibilité que d’autres plaintes puissent être enregistrées durant les semaines à venir. Malheureusement, d’autres sources concèdent que si ces sommes d’argent ont déjà été transférées à l’étranger, il sera difficile pour la police de remonter jusqu’à la source. Nous avons adressé une correspondance à la police afin qu’un préposé du Cybercrime Unit apporte ses conseils aux internautes pour éviter ce type d’arnaque. Cependant, pour des raisons que nous ignorons, le Commissaire de police n’a pas accédé à notre demande.
Il existe différents types d’arnaques en ligne. Selon le site e-enfance.org, il y a l’hameçonnage, ou phishing, qui consiste à induire en erreur le destinataire d’un message en lui faisant croire qu’il est envoyé par un tiers de confiance (administration, opérateur, etc.), afin d’obtenir des données personnelles tel un mot de passe ou un numéro de carte bancaire; le scamming, qui consiste à faire croire à une personne qu’elle a gagné un prix, et qu’elle doit verser une certaine somme pour pouvoir le recevoir ; et le chantage à la webcam ou sextorsion qui consiste à menacer de publier une vidéo sur Internet qui pourrait nuire à la réputation de la victime. Généralement, il s’agit d’une vidéo à caractère sexuel. Une rançon est demandée à la victime pour que la vidéo ne soit pas mise en ligne.
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