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26 avril 2020 01:15
Leur vie professionnelle passée était déjà bien difficile parfois. Mais leur futur leur apparaît encore plus sombre, beaucoup plus sombre. Eh oui, les artistes de l’île, presque tous privés de boulot depuis le début du confinement, angoissent face aux jours qui arrivent. Même après la sortie du lockdown, il n’y aura pas de rassemblements publics de sitôt, donc pas de concerts, de moments live dans des pubs et restos, et pas de spectacles dans les hôtels pour ceux qui y bossent. Un constat quasi-dramatique même s’il est permis d’espérer.
Bruno Raya, artiste et organisateur d’événements (dont l’incontournable Festival Reggae Donn Sa via la boîte Live n Direk Etertainment, qu’il gère avec ses frères), souligne : «On va attendre la fin du confinement pour en savoir plus mais des moments difficiles nous attendent. C’est global. Il faudra s’adapter.» Il propose ainsi que les différentes catégories d’artistes s’unissent au sein d’associations distinctes pour s’adapter et voir comment traverser cette crise.
Mais comment s’adapter justement ? Jimmy Veerapen, directeur de Culture Events and Production, ne sait pas trop : «En plus de concerts, nous organisons des events dans des pubs, mais comment faire respecter le social distancing ? De toute façon, pourra-t-on organiser des événements dans un futur proche ?» Rama Poonoosamy, directeur de l’agence Immedia, est sceptique mais également optimiste : «Effectivement, ce sera plus problématique pour des shows dans des restaurants ou pubs. Mais pour des événements en salle, je pense qu’on peut s’adapter, avec des règles strictes de social distancing. Je suis optimiste aussi pour la production littéraire, qui doit être florissante en ces temps de confinement.»
Du côté des artistes, le trasman est de rigueur. Giovani Ayassamy, batteur que tous surnomment Popo, doit se pencher sur des univers autres que la musique : «Je bosse dans des hôtels et dans la production musicale, mais là il n’y a plus de boulot ! Je suis obligé de trase, avec des cours de batterie et des travaux de bois.»
Idem pour la famille de la chanteuse Cindia Amerally : «Je suis chanteuse d’hôtel et en même temps chanteuse tout court, avec des singles et des albums. Dans les deux cas, nous sommes perdants et ce n’est pas prêt de changer. Nou bizin trase. Par exemple, mon époux, aussi musicien d’hôtel, s’est improvisé livreur pendant le confinement pour essayer de joindre les deux bouts.» L’incontournable Dagger Kila réfléchit, comme les autres, à l’avenir qui paraît peu réjouissant : «Avec le confinement les artistes sont déjà au chômage technique, il faut trouver des solutions, parce que si la situation perdure, je n’ose imaginer comment cela va finir.»
Cependant, il y a un point qui donne un peu d’espoir : le projet de pension d’aide aux artistes initié par la Mauritius Society of Authors. Selon Michael Veeraragoo, président de la société, «ce dossier avance et il devrait y avoir des développements avant la fin du mois». Patience, donc…
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