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Ashley Jahier Balancy, paraplégique depuis 2009 : «J’ai pris beaucoup de temps avant de me reconstruire…»

13 avril 2017

La jeune femme peut compter sur le soutien de sa famille, notamment de sa mère Ginette.

Pouvez-vous vous présenter ?

 

Je m’appelle Ashley Jahier Balancy, j’ai 30 ans et je travaille pour un promoteur immobilier à Maurice. Il y a huit ans exactement, le 5 avril 2009, j’ai été victime d’un grave accident de la route à Maurice, qui a drastiquement changé ma vie. Verdict des docteurs : paraplégique à vie !

 

Vous souvenez-vous des circonstances de l’accident ?

 

Oui, je m’en souviens. Mais cela fait dorénavant partie du passé.

 

Comment avez-vous réagi lorsque vous vous êtes réveillée peu après le drame ?

 

Au moment de l’impact, j’ai perdu connaissance. J’ai repris conscience quelques minutes après et la première chose qui est sortie de ma bouche en panique,  c’est : «Je ne sens plus mes jambes, je ne sens plus mes jambes.» À ce moment-là, je ne réalisais pas encore la gravité des blessures et le pire restait encore à venir. Un long parcours d’opérations et de thérapies a suivi jusqu’à ce jour.

 

Pouvez-vous nous raconter votre vie avant l’accident ?

 

Après deux ans de voyages en Europe, je m’étais décidée à continuer mes études à l’école de Vatel qui avait ouvert ses portes à Maurice. J’avais commencé le 15 mars 2009 et mes premières semaines de cours correspondaient à la carrière que je voulais entreprendre. Je m’y plaisais vraiment. Malheureusement, cela n’a pas duré longtemps car le 5 avril 2009, le cours des choses en a décidé autrement.

 

Et comment cela se passe pour vous depuis ?

 

Voici huit ans déjà depuis mon accident et j’en ai fait le deuil. J’ai pris beaucoup de temps avant de me reconstruire mais j’y suis arrivée. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir le plus grand des soutiens : celui de la famille, dont ma mère qui est une femme extraordinaire. Ainsi que de nombreux Mauriciens qui m’ont soutenue moralement et financièrement. Je tiens encore à remercier tout ce beau monde envers qui je serai à jamais reconnaissante. Aujourd’hui, j’ai une vie comme tout le monde, sociale et professionnelle. Je me déplace juste différemment. Je me sens comme une femme épanouie et le plus important, heureuse !

 

Si vous deviez prendre des actions contre les accidents de la route, que feriez-vous ?

 

Il y a beaucoup de choses à faire,  comme la création d’un répertoire des accidents pour mettre en évidence les zones accidentogènes afin d’aménager la sécurité routière. Par exemple : éclairage public, rails de sécurité, élargissement des voiries, obligation pour tout usager de la voie publique – piétons, cyclistes, motards, automobilistes – d’être visibles de nuit. Il faudrait aussi la construction de trottoirs aménagés pour tous, pour les personnes handicapées et les poussettes. Il ne faudrait pas se limiter aux alcotests mais aussi élargir à la consommation de drogues. Il faudrait aussi interdire d’utiliser des pleins phares sauf sur les autoroutes ou pour signaler un danger ou encore interdire l’utilisation des phares antibrouillard. Selon moi, il faudrait aussi la  limitation de vitesse pour les transports en commun, c’est-à-dire des bus. Il est grand temps d’évoluer à Maurice à ce sujet.

 

L’histoire d’une battante

 

Elle avait 22 ans quand elle a été victime d’un accident de la route alors qu’elle rentrait chez elle dans une voiture où elle était passagère. Avant ce drame, Ashley était d’une jeune femme qui dévorait la vie à pleines dents et qui vivait à cent à l’heure. Ex-mannequin, l’ancienne gagnante du concours Miss Madison a vécu des expériences à Paris ou encore à New York. Après cette étape dans sa vie, elle a embarqué pour un tour du monde – ou presque – en occupant un poste de relation clientèle sur un paquebot qui fait des croisières de luxe. Elle a ainsi découvert la Croatie, l’Égypte, La France, la Turquie, l’Italie, la Grèce et plein d’autres pays où elle apprend beaucoup sur les cultures et les traditions. Si son accident a chamboulé son existence, elle n’a pas perdu sa rage de vivre. Depuis le drame, Ashley n’a jamais hésité à être porteuse de messages d’espoir pour ceux et celles qui, comme elle, essaient de se reconstruire après un accident de la route.

 

 

Ces chiffres qui parlent 

 

Le nombre de morts sur nos routes de janvier au vendredi 7 avril est de 38. À la même période l’année dernière, le nombre d’accidents fatals était de 45. En 2016, 144 personnes sont mortes sur nos routes.

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