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Ashwin tabasse sa grand-mère de 89 ans à mort

24 février 2015

Leelawtee, la mère du présumé accusé, aurait également subi les foudres de celui-ci.

Ashwin Aukhajah n’a jamais été un enfant de chœur. Même quand il était très jeune. À en croire Sanjeev, son frère aîné, ses frasques ont commencé dès l’âge de 10 ans. Même si leurs parents faisaient de leur mieux pour l’encadrer. «Nos parents étaient des personnes responsables, qui nous transmettaient des valeurs. Mais Ashwin, lui, n’en faisait qu’à sa tête et faisait tout pour provoquer nos parents», confie Sanjeev, qui se fait le porte-parole de la famille.

 

Ashwin grandissait, mais les choses ne s’arrangeaient pas au domicile des Aukhajah, à Mahébourg. Au contraire. «Ashwin frappait tout le monde, y compris sa grand-mère qu’il disait ne pas aimer. Il a même été placé au Correctional Youth Centre», raconte Sanjeev qui peine à cacher ses émotions. Mais cela n’a guère amélioré la situation. À sa sortie, le jeune homme a continué à maltraiter sa grand-mère, Batassiah Gopaul. Cela a duré des années. Et le jeudi 19 février, Ashwin Aukhajah l’a battue à mort. «Il a dit à la police qu’il l’avait frappée parce qu’elle parlait alors qu’il regardait un film. Mais en fait, il l’a tabassée parce qu’elle avait refusé de lui donner Rs 100 pour qu’il achète de l’alcool», nous confie un proche de la famille, qui a voulu garder l’anonymat. L’autopsie pratiquée plus tard a attribué le décès de Batassiah Gopaul à une hémorragie sous-durale. Arrêté, Ashwin Aukhajah, 34 ans, est passé aux aveux. Mais comment en est-il arrivé là ?

 

«Enfant bagarreur»

 

Selon son frère Sanjeev, il a toujours été violent. «Enfant, il était déjà très bagarreur. À l’âge de 10 ans, il a commencé à avoir des ennuis avec des enfants de la localité. À l’école, il n’était pas un brillant élève non plus. Après avoir échoué aux examens du CPE, il est resté sans rien faire à la maison, avant de trouver des petits boulots pour se faire un peu de sous», raconte Sanjeev qui n’a rien oublié de cette époque. Mais il y a une chose qui mettait déjà Ashwin hors de lui à cette époque. «On est une famille de cinq enfants, dont quatre frères et une sœur. L’un de nos frères, le cadet, était toujours malade et notre grand-mère lui accordait plus d’affection et d’attention. Mais Ashwin, le troisième enfant de la fratrie, n’a jamais accepté cela. Il disait à tout le monde qu’il n’aimait pas grand-mère, car il n’était pas son préféré. »

 

Au fil du temps, Ashwin Aukhajah a commencé à s’isoler dans son coin, l’alcool étant devenu son seul réconfort. «Il ne trouvait pas de sens à sa vie. Il n’avait pas de boulot, pas de femme. Pour se défouler, il frappait tout le monde. Même notre mère ! Il y a trois semaines, il a coupé l’oreille de cette dernière avec un outil. Elle n’a pas porté plainte, car il avait menacé de la tuer. Il est responsable de tous nos malheurs. Il y a quelques années, nous avons perdu notre père dans l’incendie de notre maison. Ahswin n’avait pas bien éteint sa cigarette et cela a provoqué l’incendie. Mon père est mort étouffé par du monoxyde de carbone», explique notre interlocuteur, les larmes aux yeux.

 

Sanjeev en veut aussi terriblement à Ashwin pour lui avoir fait perdre la garde de ses six enfants pendant six mois l’année dernière. «Il frappait mes enfants durant mon absence. Et lorsque je revenais de mon travail, ils me racontaient leur calvaire. La Child Development Unit avait fait une enquête et pris les enfants», se souvient-il. Ce n’est pas tout. «En novembre 2014, ma grand-mère avait obtenu un Protection Order, car elle était toujours le souffre-douleur de mon frère.  Dans le passé, il a même écopé de sept mois de prison ferme pour l’avoir agressée. Mais jeudi, il a dépassé les limites. J’étais à mon travail lorsqu’on m’a appris que mon frère s’en était pris à elle une nouvelle fois. Quand je suis arrivé à la maison vers 15h15, elle était déjà morte», pleure Sanjeev. «Pour moi, Ashwin est mort. Je n’irai pas le voir en prison. Ce qu’il a fait est impardonnable.» Aujourd’hui, une famille est complètement brisée à cause de la violence d’un des siens.

 


 

Batassiah Gopaul, la victime de trop

 

Les crimes envers les personnes âgées ne cessent de secouer le pays. Il y a trois semaines seulement, Irelande Beerjolall, 86 ans, est décédée sur son lit d’hôpital après avoir été violée et battue par Noël Madelon qui avait également abusé sexuellement de la fille de la victime, le dimanche 1er février.

 

Et le jeudi 19 février, Batassiah Gopaul, une octogénaire, est morte elle aussi sous les coups de son petit-fils. Une mort cruelle pour une grand-mère dévouée. «Elle a travaillé durant un court moment dans sa vie. Puis, elle a cessé de travailler pour s’occuper de ses petits-enfants», raconte son petit-fils Sanjeev. «Elle sortait toujours accompagnée de ma maman, son unique enfant. Depuis quelque temps, elle pouvait à peine se tenir sur ses jambes. Elle était constamment battue par mon frère Ashwin.» La santé de la vieille dame s’était beaucoup détériorée à cause de cela, confie Sanjeev. «Elle a développé le diabète, l’hypertension artérielle. Elle était devenue très fragile. Mais malgré son état, mon frère n’avait aucune pitié pour elle. Ils vivaient dans la même maison avec ma mère et mes deux autres frères.» Des coups de trop ont finalement eu raison de la vieille dame.

 


 

La ministre Aurore Perraud dénonce la violence contre les femmes

 

Au cours de ces dernières années, les violences et les crimes envers les femmes ont augmenté. Face au meurtre de Batassiah Gopaul, 89 ans, par son petit-fils, la ministre Aurore Perraud a souhaité réagir. Pour elle, nous ne pouvons rester indifférents face à ces actes tragiques. «Presque chaque semaine, nous apprenons avec stupeur qu’un crime a été commis et que la victime est une femme. D’un côté, notre pays se développe. De l’autre, nous faisons face à un ensemble de problèmes et de fléaux sociaux. Les violences qui sont faites aux femmes de même que les abus contre les enfants ne sont pas des faits divers. Elles nous interpellent et nous concernent tous», déclare-t-elle.

 

Le ministère de l’Égalité des Genres et du Développement de l’Enfant compte tout mettre en œuvre pour lutter contre ces crimes crapuleux. Aurore Perraud envisage ainsi de continuer à travailler avec les ONG, les autres entités et le secteur privé, entre autres. Le comité National Coalition against Domestic Violence, qui a été mis sur pied par le gouvernement, mettra en place des stratégies pour, dit-elle, «voir comment mettre fin à toutes ces violences et ces crimes crapuleux qui sont commis à travers le pays et touchent même des femmes de plus de 80 ans. Ce comité fera la liaison avec mon ministère et celui de la Sécurité sociale et de la Solidarité nationale.» Aurore Perraud profitera d’ailleurs de la Journée internationale de la femme, qui sera observée le 8 mars, pour lancer une campagne nationale contre la violence envers les femmes.

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