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Attentats à Paris : Les jours d’après

23 novembre 2015

Rudi, Géraldine et David racontent la situation dans leur pays d’adoption.

«Le sujet tourne en boucle. Comme s’il fallait en parler pour exorciser ce drame avec les collègues et la famille.» C’est avec ces quelques mots que Géraldine Belle-Etoile, une Mauricienne installée en France, décrit ses sentiments par rapport au terrible drame qui a frappé la France la semaine dernière. Impossible, dit-elle, de ne plus penser à ce triste vendredi 13 novembre. 130 personnes ont été tuées dans une série d’attaques simultanées, revendiquées par le groupe État islamique et menées vendredi soir dans différents lieux de la capitale française et aux abords du Stade de France, à Saint-Denis. Et plus de 300 ont été blessées.

 

«À la maison, nous en parlons avec de la délicatesse. Mon fiancé et moi étions au stade de France vendredi. Lors de l’attentat de Charlie Hebdo, nous étions chez nous, nous étions spectateurs, alors que là, nous étions au cœur de ce drame. L’heure est à la relativisation», confie la jeune femme. Comme beaucoup de personnes en France, ou ailleurs, elle n’a pu rester insensible face à ce qui est arrivé.

 

Alors que la France pleure ses disparus et panse ses plaies à travers plusieurs actions – rassemblements en hommage aux victimes, minutes de silence, dépôts de fleurs et recueillements à la lueur des bougies, entre autres –, beaucoup veulent lancer un signal fort aux terroristes en criant haut et fort qu’ils ne changeront pas leurs habitudes. Mais la crainte est omniprésente. Avez-vous peur ? «Incontestablement oui, lâche Géraldine. J’ai peur que ces attentats deviennent notre quotidien, que nous ayons à réfléchir à deux fois avant d’aller à un concert ou à Paris. Nous avons tous perdu quelque chose dans ces attentats : notre sentiment de sécurité dans ce grands pays.»

 

Si elle ne cache pas avoir ressenti des sentiments confus – la peur, la tristesse ou encore l’incompréhension –, Géraldine, qui est aussi «révoltée», est en «attente de voir quelles actions seront menées à l’encontre de ces assassins». Durant les jours écoulés, elle n’a pas manqué de suivre tous les développements : l’enquête, la traque des terroristes, l’assaut à Saint-Denis où des coups de feu et autres explosions ont à nouveau secoué son pays d’adoption.

 

Les réactions autour de ce qui est arrivé a aussi monopolisé son attention : «Les commentaires raciaux sont exactement ce que recherchent les terroristes afin de cliver les musulmans du reste du monde. Je trouve affligeant qu’en 2015, nous n’avons toujours pas appris à travers l’Histoire que ces mêmes commentaires raciaux ou racistes ou encore sur les antagonistes religieux ont été parmi les premiers éléments déclencheurs des guerres civiles. C’est toute une éducation sur l’universalité qui s’impose.» Mais ce qu’elle a également retenu ces derniers jours, c’est que «ces attentats ont uni les gens des quatre coins de  la planète».

 

Un autre Mauricien, Rudi Virassamy, qui a également posé ses valises dans le grand Hexagone, ne cache pas être encore sous le choc : «On n’arrive toujours pas à croire que de telles atrocités se sont produites dans une aussi grande capitale. Nous éprouvons tous un sentiment de tristesse pour les familles touchées par ce drame.» Il y a eu un avant, mais aussi un après. Et Rudi en est conscient : «Ces attentats ont une répercussion sur mon domaine d’activité et engendre des annulations d’événements. Le sentiment d’insécurité est présent, même si on essaie de ne pas y penser. On voit une certaine méfiance dans le regard des gens. Personnellement, j’éprouve une crainte quand je vais travailler sur Paris. Je me méfie de tout.»

 

Selon Rudi, il est impératif de ne pas s’enflammer ou faire des amalgames : «Il faut faire attention à ce qui est publié sur la Toile. Nous devons tous nous montrer responsables et se dire qu’en étant unis, nous serons plus forts contre cette minorité qui justement essaie de créer une atmosphère de conflits. Nous devons garder espoir, être forts, avoir du courage et surtout montrer que nous sommes libres de vivre notre vie comme nous le souhaitons.»

 

Un autre compatriote, David Toofaneeram, installé en France depuis 15 ans, retient le grand élan de solidarité qui existe actuellement en France : «Le pays est soudé. Au courant de la semaine, j’ai été à la Place de la République et les gens, même s’ils ne se connaissaient pas entre eux, se faisaient des accolades.»

 

Mais David le sait, les jours d’après seront encore difficiles avec cette guerre ouverte déclarée au terrorisme.

 


 

Le monde en alerte  

 

Des actions à la pelle. Pour répondre aux attaques qui ont ébranlé la France, le président Français François Hollande a ordonné l’«intensification» des frappes contre l’État Islamique en Syrie. La traque des suspects et plusieurs interpellations ont aussi eu lieu en France comme en Belgique. Le djihadiste belge Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l’instigateur présumé des attentats du 13 novembre, a été tué lors d’une opération du RAID mercredi matin à Saint-Denis. Un autre corps a été retrouvé sur les lieux, celui d’une femme qui s’est fait exploser à l’arrivée des policiers. Huit personnes ont été placées en garde à vue. «Tout laisse penser» que ces personnes pouvaient commettre un nouvel attentat.

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