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Aurélie L’Espérance accouche d’un bébé mort-né à l’hôpital Jeetoo - Son mari Sebastien : «Elle n’a pas reçu sa piqûre d’insuline à temps»

9 août 2021

Le couple, bouleversé, attend les conclusions du Medical Negligence Standing Committee pour prendre la décision qui s’imposera.

«Zot tou inn rant lakaz ek zot baba. Mwa, se dan simitier ki monn bizin ale pou fer lanterman mo zanfan», lâche Sebastien L’Espérance, la mort dans l’âme. Ce cuisinier de 28 ans, habitant Curepipe, est partagé entre un immense chagrin et une grosse colère après la naissance de son fils mort-né. Il devait s’appeler Jean Ethan Noah et était attendu avec impatience et bonheur. Mais le rêve de Sebastien et de son épouse Aurélie, 20 ans, a viré au cauchemar le lundi 2 août. Leur bébé tant désiré, qui était en bonne santé et pesait 3,2 kg, est décédé avant même sa naissance. Un drame dû, selon le jeune couple, à la négligence du personnel soignant de l’hôpital Jeetoo.

 

Sebastien L’Espérance a d’ailleurs consigné une déposition à la police à cet effet. Il a également informé le Regional Health Director de l’établissement hospitalier concerné. Le service de presse du ministère de la Santé, de son côté, avance que le cas a déjà été référé au Medical Negligence Standing Committee après la soumission du rapport de l’enquête interne. Ce comité doit désormais décider de la marche à suivre. Le couple attend aussi les conclusions du comité en question pour prendre la décision qui s’imposera. «Mo madam fek sorti lopital. Zafer-la ankor so. Nou latet pa anplas. Nou fatige moralman. Nou pa pou les zafer-la koumsa mem selma», précise Sebastien.

 

Il raconte que son épouse en était à 33 semaines de grossesse lorsqu’elle a été admise d’urgence à la salle prénatale de l’hôpital Jeetoo, le lundi 2 août. «Mon épouse avait rendez-vous chaque deux semaines. Ce jour-là, son taux de diabète indiquait 14. Elle souffre du diabète du type 1 et est sous insuline depuis l’âge de 4 ans. Elle avait fait une première injection d’insuline à la maison après le petit déjeuner. On s’est ensuite rendu à l’hôpital Jeetoo pour son rendez-vous. Son gynécologue a fait une échographie, avant de la faire admettre. Elle a dû attendre jusqu’à 15h15 sur une chaise pour avoir une place en salle, alors qu’on était arrivés vers 9 heures.» Le calvaire d’Aurélie ne s’est, hélas, pas arrêté là, poursuit son époux : «Plus tard, dans la soirée, son taux de diabète a grimpé à 16. Malheureusement, le personnel soignant a tardé à lui faire une piqûre d’insuline. Ce n’est que bien plus tard qu’on lui a finalement fait une injection. Je ne comprends toujours pas pourquoi on a tardé à lui faire une piqûre d’insuline ce jour-là. Une infirmière lui avait dit : “Kan diabet anba 10, nou pa fer pikir sa.” Alors que le sien était beaucoup plus.»

 

Premier enfant

 

Sébastien veut aujourd’hui savoir si cette injection tardive est à l’origine des ennuis de santé de son épouse et de la mort de son fils. «Enn sel fwa inn fer ekografi ek mo madam letan li ti lopital. Ti pe zis ekout leker baba ek enn laparey. Se koumsa mem ki bann nurse inn remarke ki leker mo garson ti pe bat feb. Apre, zot inn transfer mo madam dan Labour Ward kot enn dokter inn konstate ki nou garson ti fini mor. Se mardi 17 er ki lopital inn fer mo madam akouse. Kifer pann fer enn sezarienn ek li kan zot inn remarke ki leker baba pe bat feb ?» se demande Sebastien.

 

Il a pu contempler le visage de son fils dans la salle d’opération mais le souvenir qu’il en garde est affreux. «Sa peau avait noirci. Il avait également des égratignures au cou, aux yeux et à la tête. Je soupçonne une grosse erreur médicale. Aurélie devait accoucher le 18 septembre. Elle n’avait pas eu de complications durant sa grossesse», souligne Sebastien. Le jeune couple est marié depuis deux ans et Jean Ethan Noah devait être leur premier enfant. Sebastien et son épouse avaient déjà tout préparé ; il ne leur restait que le berceau à acheter.

 

«Je viens de prendre de l’emploi chez Strike City, à Bagatelle. Avant, j’ai travaillé à La Clef des Champs. Pendant le confinement, j’ai collectionné les petits boulots. J’ai travaillé comme aide-maçon et j’ai taillé le gazon chez des gens pour pouvoir acheter le nécessaire pour notre bébé. Mon épouse ne travaille pas à cause de ses ennuis de santé. Ce qui est encore plus triste, c’est qu’elle n’a pu assister aux funérailles de notre fils. J’ai enterré notre bébé au cimetière de Bois-Marchand, avant d’aller récupérer mon épouse à l’hôpital pour rentrer à la maison», soupire le jeune homme. Terrassé par ce drame qui est venu mettre fin à un si beau rêve.

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