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Avishka Ferag-Laloo : «Peu de gens, aujourd’hui, prennent la peine de dire bonjour et merci»

1 juin 2015

Avishka Ferag-Laloo

 

 

Qu’est-ce que «Anou aprane maniere pou ene l’ile Maurice meillere» ?

 

C’est une page sur Facebook, qui a la modeste ambition de regrouper tous ceux et celles qui souhaitent propager les bonnes manières à Maurice.

 

Comment est né ce projet ?

 

L’idée est venue lors d’une conversation avec Keshinee et Gilles, les deux personnes qui participent à cette initiative avec moi. Nous faisions état du manque de courtoisie et de bonnes manières à Maurice. C’est ainsi que nous avons décidé de prendre le taureau par les cornes en créant cette plateforme afin d’essayer d’amener un changement dans notre société. 

 

Comment cette plateforme agit-elle ? 

 

Nous publions des posts quotidiens sur la page avec des images à l’appui, ainsi que des vidéos sur les bons gestes à adopter. Nous favorisons également l’interaction entre nos membres pour développer un débat intéressant agrémenté de témoignages.

 

Comment êtes-vous arrivés au constat qu’il y a un manque de politesse et de respect d’autrui dans l’île ?

 

On réalise que très peu de gens, aujourd’hui, prennent la peine de dire bonjour, merci ou s’il vous plaît. Dans l’autobus, par exemple, ça ne coûte rien de dire merci au receveur. Dans certains pays, on dit même au revoir au chauffeur. Il y a aussi un problème de comportement. Sur les arrêts d’autobus, au lieu de faire la queue, les gens se bousculent pour entrer dans le véhicule. Et céder sa place assise à une personne âgée est loin d’être un réflexe pour tout le monde.

On peut aussi citer le manque de courtoisie sur nos routes. Sur notre page, par exemple, nous encourageons les automobilistes à éviter d’employer un langage ordurier au volant et à ne pas jeter leurs déchets sur la voie publique.

 

Qu’est-ce qui explique, selon vous, ce laisser-aller ?

 

Tout le monde court contre la montre. Nous sommes tellement pris par les événements et la routine du quotidien que nous oublions nos bonnes manières.

 

Pouvez-vous donner des exemples ?

 

On n’entend plus : «Bonjour, navré de vous déranger, je recherche une information sur…» Mais plutôt : «Mo bizin sa ek vit.» C’est choquant. Et nous remarquons que la courtoisie se perd surtout chez les jeunes. Ils ne prennent pas le temps d’utiliser les bonnes manières pour demander un service ou un renseignement.

 

Pourquoi est-ce que chacun devrait rejoindre votre mouvement ?

 

On lance un appel aux internautes de tous âges pour qu’ils se joignent au mouvement afin d’apporter leur pierre à l’édifice. Nous ne voulons pas uniquement faire un constat, nous souhaitons passer à l’acte, amener un changement dans notre société. Nous avons le projet de créer une association en ce sens. Nous avons d’ailleurs déjà reçu une invitation pour intervenir sur le thème des bonnes manières dans une école primaire.

 

Que pensez-vous de la relation des Mauriciens aux réseaux sociaux ? 

 

D’un côté, Facebook permet aujourd’hui de s’exprimer plus facilement et de faire passer des messages utiles. Mais de l’autre, les réseaux sociaux et les smartphones, avec des notifications qui s’enchaînent à longueur de journée, ont créé une forme de dépendance. Je crois que nous avons tous besoin d’une digital detox !

 


 

Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité internationale a retenu votre attention ces derniers jours ?

 

C’est ce crime affreux qui s’est déroulé au Guatemala, lundi dernier. Une adolescente de 16 ans a été battue, puis brûlée vive en pleine rue par une foule. Il y a même une vidéo qui circule sur Internet. Je suis également de près l’actualité au Népal après le double tremblement de terre.

 

Quel est votre avis sur les récents incidents impliquant des collégiennes à Maurice ?

 

C’est affligeant. Je repense à mes années de collège et je me demande ce qui se passe dans ces salles de classe. Le bullying est un fléau à ne pas prendre à la légère. Les victimes peuvent conserver de graves séquelles.

 

Et sur le mal-être qui pousse des ados au suicide ?

 

L’encadrement des jeunes est primordial. Que ce soit à la maison ou au collège. Les établissements secondaires devraient disposer d’un service de psychologie avec un suivi obligatoire pour tous les élèves.

 

Que lisez-vous actuellement et pourquoi ? 

 

Je suis en train de lire L’art du bonheur - Le dalaï-lamas de Howard Cutler. Ce sont les conseils du guide spirituel à travers la perspective de Cutler. Ça parle du détachement matériel et de la quête spirituelle, qui constituent, je pense, une étape importante dans une vie.

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