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Par Sabine Azémia
27 juillet 2014 15:49
Une voiture abandonnée qui fait office de chambre pour un bébé de 6 mois. C’est la bouleversante scène à laquelle nous avons eu droit en débarquant à la rue Macadam, à Baie-du-Tombeau, hier. Le petit fait partie des membres des sept familles qui vivent en plein air, depuis vendredi, après que les maisonnettes en tôle qu’elles occupaient ont été détruites. À leur grande surprise, disent-ils. Ces personnes avaient pourtant reçu l’ordre d’évacuer les lieux depuis l’an dernier, mais elles ne s’attendaient pas à ce que le propriétaire des lieux passe à l’action.
Stella Rey, ici, en compagnie de son fils, attend désespérément de recevoir de l’aide.
Premduth Sowaruth, l’un des héritiers de ce lopin de terre, n’en pouvait plus d’attendre. «Cela fait déjà cinq ans que je veux vendre ce terrain qui, après le décès de mes parents, a été légué aux enfants. J’ai donné six mois à ces personnes pour évacuer les lieux, mais rien n’a été fait», dit-il. C’est dans la matinée de vendredi, accompagné d’un huissier de la cour et de la police, que Premduth Sowaruth a procédé à l’expulsion des familles qui habitaient sur ce lopin de terre.
Les cases en tôle ont été détruites sous les regards médusés des squatters qui se retrouvent maintenant à la rue. Certaines de ces familles occupaient les lieux depuis presque 20 ans. Parmi, Louis Rey, 74 ans, qui ne sait plus à quel saint se vouer. L’homme est à la retraite et ne touche qu’une maigre pension par mois. Il avait déjà beaucoup de mal à joindre les deux bouts et, maintenant, il doit se chercher une maison. Son fils, Patrick, 35 ans, est, lui, papa de trois jeunes garçons âgés de 6 mois à 8 ans. C’est justement son benjamin qui dort dans une voiture abandonnée qui le protège, bon gré mal gré, du froid et de la pluie.
Les familles affirment qu’après avoir reçu le premier ordre d’évacuation l’an dernier, elles ont contacté, à plusieurs reprises, les services sociaux afin d’avoir une maison. En vain, disent-elles. «Bann otorite pa finn revinn ver nou», explique Patrick Rey qui travaille comme «manœuvre maçon». Il affirme ne pas avoir de quoi payer une grosse location : «Mo pa gagn boukou kas tou lezour. Ena fwa ena travay ena fwa non.»
Stella Rey, 44 ans, est, elle, femme au foyer. Elle a deux enfants : un garçon de 7 ans et une fille de 16 ans. Pour le moment, elle habite chez son fils aîné qui a 28 ans. Elle a fait des démarches auprès de plusieurs instances qui s’occupent du logement et des cas sociaux, mais celles-ci n’ont pas abouti. «Inn al gete pan fer nanye. Pena manze, pe manz di pin di ber.»
En attendant de trouver une solution, ces familles se contentent de vivre au jour le jour, en trouvant refuge là où elles le peuvent et en multipliant les appels à l’aide pour retrouver un toit pour elles et leurs enfants.
Patrick Rey avec sa petite famille dont son bébé de six mois qui dort dans une voiture abandonnée.
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