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Bangladesh : au royaume de la pauvreté

19 juillet 2015

Séphora souhaite que le quartier soit doté d’une route convenable où son fils Ezai pourra circuler en fauteuil roulant.

Des petites maisons en tôle s’entassent. Entourées de déchets en tous genres, tel un véritable dépotoir. «Kamion salte pa vini. Ki nou pou fer ? Bizin les bann salte la an plas», lance d’un air désolé Fleurette Jones, la cinquantaine. Il est 10h30 en ce mercredi 15 juillet lorsque nous la rencontrons à Bangladesh, en compagnie d’autres habitantes de la localité. Sous un grand arbre, elles papotent entre elles. Alors que des enfants en bas âge traînent non loin, pieds nus. La vie, ici, disent-elles, est un cauchemar au quotidien. La fourniture en eau et en électricité est un luxe dont jouissent les plus chanceuses des 300 familles qui occupent illégalement les terres de l’État.

 

Toutes espèrent quitter les lieux. En attendant, elles souhaitent que leurs conditions de vie s’améliorent dans ce quartier où plane le spectre de la misère. Cependant, jour après jour, l’espoir de voir ne serait-ce qu’un infime changement s’amenuise. «Pendant la campagne électorale en décembre dernier, les politiciens venaient ici et nous promettaient de véritables changements. D’ailleurs, nous ne voulons rien de plus que l’alimentation en eau et en électricité pour tous. Ainsi que le ramassage des ordures régulièrement et une route praticable pour pouvoir circuler librement, surtout en période pluvieuse», explique Priscilla, une habitante de Bangladesh.

 

Les enfants qui habitent cette localité n’ont aucun espace pour s’amuser en toute sécurité. Du coup, ils s’inventent des jeux. Les parents, eux, improvisent. À l’instar de Marie, mère de deux enfants et enceinte de huit mois : «Nous avons trouvé du bois. Et avec, nous allons construire un petit espace de jeu annexé à notre maisonnette en tôle, où les enfants pourront jouer en toute sécurité. Car j’ai peur de les voir s’aventurer dans les bois ou qu’ils se blessent en courant. D’autant qu’il y a de petites falaises autour.»

 

De son côté, Séphora Matombé, 28 ans, élève seule son fils Ezai, âgé de 7 ans, dans une maisonnette en tôle d’une pièce. Ce dernier souffre d’une malformation au niveau des jambes depuis sa naissance et ne marche pas. «Son père m’a quittée alors que j’étais enceinte d’un mois. Ezai ne le connaît pas», confie-t-elle. Outre sa maison en mauvais état, qui s’inonde à la moindre averse, Séphora doit chaque jour porter son enfant dans les bras pour prendre le transport en commun afin de se rendre à l’école. «Il a son fauteuil. Mais je ne peux pas le déplacer dedans. Car il n’y a pas une route praticable à Bangladesh et le chantier que nous empruntons chaque jour est rocheux. Il nous faut une route convenable», lâche-t-elle.

 

Comme la plupart des habitants de Bangladesh, elle peine à joindre les deux bouts à chaque fin de mois. «Je touche une aide sociale pour mon fils. Mais après avoir réglé l’électricité, que j’emprunte à un voisin comme la plupart d’entre nous ici, il ne me reste pratiquement rien. Surtout après avoir acheté les aliments de base, qui ne cessent de grimper», souligne-t-elle. En attendant de pouvoir quitter les lieux, la vie suit son cours pour Séphora et les autres habitants de Bangladesh. Mais avec un goût amer, au royaume de la pauvreté.

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