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Barbie : au-delà d’un film «poupée»

30 juillet 2023

Sharon Paul, écrivaine : «D’un symbole de féminité stéréotypée à une œuvre humaniste»

 

«Le talent de Greta Gerwig réside dans le fait de s’être emparée d’un symbole de féminité stéréotypée et d’en avoir fait une œuvre existentialiste et humaniste. Au-delà du décor ludique et superficiel, Gerwig remet en question, le mythe de la création en faisant une analogie entre Adam/Eve et Barbie/Ken. La réplique de Ken : “Je n'existe que dans la chaleur de ton regard”, nous renvoie à cette partie de la Genèse qui parle de la création d’Eve à partir d’une côte d’Adam.

 

En outre, pour les femmes, l’objet de la poupée revêt une symbolique puissante. Simone de Beauvoir, dans Le Deuxième Sexe explique, qu’à travers la poupée en tant qu’objet, 'la fillette sera encouragée à s'aliéner dans sa personne tout entière… afin qu'il remplisse auprès d'elle le rôle d'alter ego'.  Ainsi, en tant que femmes, le film de Greta Gerwig remue forcément quelque chose en nous. La société nous a mis une Barbie entre les mains parce que nous sommes nées filles et Barbie est représentative des différentes constructions sociales basées sur le sexe.

 

Aussi, le film nous met face à nos propres contradictions (la marque des grandes œuvres). Même si nous sommes parfois conscientes des standards imposés, nous ne pouvons nous empêcher d’y revenir. Enfin, il faudrait souligner la bienveillance avec laquelle Gerwig aborde la question des hommes, par une interprétation touchante de Ryan Gosling. La réalisatrice nous démontre ainsi que les hommes sont aussi des victimes du patriarcat et ne s’y retrouvent pas toujours.»

 

Ameerah Arjanee, enseignante et traductrice : «Beaucoup de joie»

 

«Je suis une fan de Greta Gerwig depuis ses premiers films indépendants. On porte beaucoup d'attention au marketing du film Barbie pour son succès, mais pour moi, c'est avant tout un film de Greta. J'ai acheté les tickets pour la première séance parce que c'est un film qui vient du même cerveau et du même cœur qui ont créé Lady Bird. Je m'attendais à beaucoup d'humour, un féminisme ludique, des crises existentielles pour des femmes milléniales, des relations mère-fille compliquées... C'est la marque de fabrique de Greta, et elle n'a pas déçu. J'ai quelques critiques par rapport à la gentillesse avec laquelle sont traités les cadres de Mattel à la fin, mais en général, j'ai adoré. J'ai pleuré plusieurs fois, spécialement dans les scènes avec America Ferrera en tant qu'adulte fatiguée qui cache une petite fille à l'intérieur d’elle. J'ai adoré comme tout le monde s'habillait en rose et venait en grands groupes d'amis, ça m'a apporté beaucoup de joie.»

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