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Caroline Chen : «Grâce à la pandémie, nous avons pu trouver de nouvelles manières d’être, de faire…»

16 mars 2022

«Il y a une solution à tout, il suffit de prendre la peine et le temps de chercher, de s’accrocher, de persévérer, d'apprendre de ses erreurs, pour ne pas les renouveler...»

Comment je vis ces temps challenging depuis deux ans...

 

TRAUMATISME. Ça n’a pas été facile du tout, même si maintenant, ça va bien mieux ! Lorsque la Covid a débarqué en 2020, ça nous a terriblement secoués, évidemment, avec les frontières fermées, les voyages annulés, les remboursements, etc. À un moment, j’ai été au bord de la dépression parce que nous avions un groupe sur un bateau de croisière Costa qui était resté bloqué en mer parce qu’il y avait des cas de Covid positifs à bord. Il y a même eu un mort. Il fallait rester en contact quasi permanent avec les clients inquiets. Quand ils ont enfin pu sortir du bateau, ils ont dû rester en quarantaine à Rome. Ensuite, il a fallu les faire revenir à Maurice. Une expérience traumatisante pour eux et pour nous.

 

SOUDÉE. Et puis, d’un côté, on perdait de l’argent et de l’autre, il fallait faire en sorte de continuer à payer les employés, ces hommes et femmes qui ont des familles à nourrir, des emprunts et autres à payer… Mais on s’est ressaisis très vite, toute l’équipe était là, soudée, à essayer de trouver des solutions, d’autres façons de faire, en attendant que les voyages reprennent. Heureusement aussi, nous sommes une grande agence qui a des finances solides dans lesquelles on pouvait puiser dans ces moments difficiles. Nous sommes aussi un business familial avec une flat hierarchy, nous sommes tous polyvalents ; de ce fait, nous n’avons pas besoin de faire de la sous-traitance et pouvons, au contraire, faire quelques économies.

 

COURAGE. Ce qui nous a redonné courage, c’est d’avoir un gros contrat en plein confinement en prévision de la réouverture des frontières. De plus, les compagnies qui nous paient un management fee tous les mois pour qu’on s’occupe de leurs voyages ont continué à le faire. On s’est aussi focalisés sur les voyages à Rodrigues et avons lancé notre service de réservation en ligne, Atom Leisure, soit pour les hôtels, restaurants et autres loisirs. Avec notre base de données de 61 ans et le nom qu’on s’est fait au fil du temps, on a pu attirer une clientèle.

 

BILAN. Le wage assistance du gouvernement nous a bien aidés aussi et nous avons également la chance de ne pas avoir de loyer à payer. Cette période creuse nous a, par ailleurs, donné l’occasion de faire le bilan de là où nous en étions arrivés, de mettre de l’ordre là où il le fallait, notamment en ce qui concerne nos débiteurs. Le second confinement s’est mieux passé car nous étions mieux préparés.

 

ENSEMBLE. Chez moi, à la maison, heureusement que mes deux enfants étaient là pendant le premier confinement. Nous avons pu passer de beaux moments en famille, on a pu faire pas mal de choses ensemble, qu’on n’avait pas le temps de faire avant. J’ai aussi découvert Netflix durant le premier confinement et fait le plein de séries.

 

Ces précieuses leçons apprises…

 

IMPRÉVISIBLE. Cette pandémie nous a montré à quel point la vie est imprévisible. Nous devons la vivre pleinement au présent, tout en pensant aussi au futur, en se préparant pour l’avenir, avoir des bases solides sur lesquels s’appuyer en cas de problèmes. Regardez là, alors que la situation concernant la Covid semble s’améliorer, voilà que la guerre en Ukraine éclate avec des répercussions sur le monde entier !

 

BATTANTS. Nous avons compris encore plus à quel point il est important d’avoir des épaules solides. Si notre papa ne nous avait pas appris à être des battants, peut-être que nous aurions eu du mal à nous en sortir. Et puis, il faut rester humbles, simples dans la vie, même quand on a réussi. De toute façon, la roue peut tourner à n’importe quel moment, comme quand la librairie de mon mari Ming, Le Cygne, avait brûlé. Si moi, je ne travaillais pas à cette époque-là, je ne sais pas comment nous aurions fait !

 

VALEURS. Et puis, la pandémie nous a vraiment fait prendre conscience de la valeur de la solidarité, de donner aux autres mais aussi de recevoir des autres. Elle nous a reconnectés à notre coeur, notre humanité, notre générosité, notre compassion… Des valeurs que nous avions peut-être un peu perdues. Elle nous a aussi fait voir davantage l’importance des personnes autour de nous et aussi de nous occuper de nous-mêmes,  de faire les choses que nous aimons. To enjoy the simple things of life.

 

BONHEUR. Moi, par exemple, j’ai découvert le hiking, la marche dans la nature, que nous faisons régulièrement, mon époux et moi, avec des amis. Et c’est juste incroyable, le bonheur que nous apportent ces moments-là. Nous aimerions aussi quitter la ville – nous habitons à Beau-Bassin – pour aller habiter dans un endroit plus près de la nature.

 

Comment je vois la situation actuelle…

 

COMPÉTITION. Je pense que ça va aller de mieux en mieux. Tous les secteurs ont bien repris, y compris celui du tourisme et des voyages. Il y a beaucoup de compétition dans notre domaine mais c’est ainsi, il faudra se battre, ce sera the survival of the fittest ! Les gens voyagent et vont continuer à voyager. Certes, il y en a beaucoup qui hésitent encore à le faire en raison des tests PCR obligatoires avant de prendre l’avion, ils ont peur de rester bloqués en dehors du pays s’ils sont positifs. Mais dès que cette obligation sera levée, les gens voyageront en plus grand nombre.

 

PRUDENCE. Mais d’un autre côté, je vois aussi que le coût de la vie, qui est déjà très haut, va continuer d’augmenter, ce qui poussera les gens à être encore plus prudents, à faire attention à leurs dépenses, à s’en tenir à l’essentiel.

 

Les lueurs d’espoir qui brillent…

 

SOLUTIONS.There is always some light at the end of the tunnel. Cette pandémie nous montre bien qu’il y a une solution à tout, il suffit de prendre la peine et le temps de chercher, de s’accrocher, de persévérer, d'apprendre de ses erreurs, pour ne pas les renouveler. Nous avons pu, grâce à elle, trouver de nouvelles manières d’être, de faire, dans tous les domaines de notre vie. Nous nous sommes réinventés !

 

ESSENTIEL. Et puis, nous réalisons bien que l’argent, ce n’est pas le plus important. On peut en avoir mais si on n’a pas la santé, qu’est-ce qu’on peut faire ? Il y a quelque temps, j’ai perdu le goût et l’odorant à cause d’un problème de bronche et de sinus. C’est là que je me suis aperçue à quel point les sens sont importants. C’est l’essence même de la vie. Alors, allons à l’essentiel. Arrêtons de prendre les choses importantes autour de nous pour acquis et apprécions-les à leur juste valeur !

 


 

Mon actu du moment

 

Chez Atom, nous sommes super positifs car les chiffres ont bien progressé et que nous sommes sur un cruising speed. Nous avons eu pas mal de nouvelles marques qui se sont ajoutées à nos offres, comme les Royal Caribbean Cruises, la compagnie Trafalgar, entre autres. Nous avons une panoplie de produits plus étoffée. Outre les voyages et les group tours dans plusieurs pays, nous relançons les pèlerinages en Terre Sainte à partir du 7 avril, avec un premier groupe de 25 personnes. Nous devons nous aussi prendre notre bâton de pèlerins maintenant pour aller chercher le client, ce que nous n'avions pas besoin de faire avant. Mais nous sommes contents du response, de la confiance que les gens continuent de placer dans notre agence de 61 ans, fondée par mon papa Charles Ng Tai Mui, et que nous dirigeons maintenant mon frère Fred, ma belle-soeur Shirley et moi. J’espère que l’un de mes enfants prendra ma relève après l’université. Mon fils Matthew, 23 ans, étudie les mathématiques et ma fille Lisa, 22 ans, la Political Economy, des matières qui n’ont pas trop à voir avec le domaine mais j’espère quand même… Moi-même, j’ai étudié dans un autre domaine, le Management Science, en Angleterre, avant de revenir à Maurice et de travailler à l’agence. J’avais 21 ans. Je n’ai pas arrêté depuis et j’en suis très heureuse !

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