Publicité
16 mars 2015 06:06
Le Parlement populaire est une réalité depuis hier. Parlez-nous de cette initiative.
Le Parlement populaire est une initiative de citoyens engagés : Reeaz Chuttoo et Jane Ragoo. Ils m’ont contactée pour mettre en place le projet. C’est une belle idée qui tombe au bon moment.
Pourquoi ?
Dans la mesure où, maintenant, les Mauriciens commencent à comprendre l’importance du rôle du citoyen dans la démocratie. Jusqu’à récemment, il y avait comme une impression que seuls les politiciens avaient leur mot à dire et, outre le fait de voter, que les citoyens ne se rendaient pas compte qu’ils avaient un rôle à jouer. L’idée d’un Parlement populaire était déjà en gestation. Je sais que Jack Bizlall croyait aussi dans un tel projet. Je suis contente d’être partie prenante d’une telle plate-forme.
Qu’est-ce que le Parlement populaire va apporter au pays ?
Premièrement, il apporte un espace physique de délibération. C’est là que les citoyens peuvent se rencontrer, débattre et apporter leur voix et leur contribution à l’exercice de la démocratie. Dans cet espace public, il s’agit d’être participatif et d’être informé. Le citoyen doit pouvoir débattre et faire des propositions. Pour faire des propositions, il faut être en mesure de forger son jugement dans un esprit critique constructif, avec des éléments de culture politique, et de construire ensemble en prenant en compte l’intérêt général et le bien commun de tous les citoyens au sens large. Pour cela, la délibération est importante. C’est surtout le fait de pouvoir confronter les idées pour produire quelque chose ensemble. Au sein du Parlement populaire, les citoyens peuvent exprimer les demandes à l’État.
Les gens, aujourd’hui, aiment débattre sur les réseaux sociaux. Mais ça reste virtuel. Rien ne remplace le débat dans l’échange physique. Puis, il y a le fait qu’on apprend ensemble. On forge son opinion dans la délibération à partir des débats.
Qui fait partie de cette instance ?
Tout le monde peut en faire partie. Il existe deux types de participants. Le choix est donné à ceux qui souhaitent siéger comme députés. C’est-à-dire pour faire des propositions, débattre et participer au vote à main levée et à la délibération. Il y a une seconde catégorie de personnes : le public. C’est-à-dire ceux qui veulent assister, poser des questions, sans participer aux délibérations. On s’inspire un peu de l’Ekklesia grec, c’est-à-dire que le Parlement populaire ne fonctionne pas sur une base élective. Il est composé de tous les citoyens qui veulent participer au débat. Les citoyens viennent faire des propositions de loi et décider des choses importantes. C’est un exercice individuel. Il n’y a pas de représentant de quelconque groupe, plate-forme, parti ou association.
Pourquoi croyez-vous que le Parlement populaire va marcher ?
C’est une idée qui était là depuis longtemps. Mais à l’époque, les gens avaient peur. Maintenant, les choses ont changé. Il y a eu un vent de changement, un vent de prise de conscience, un vent d’espoir et les gens ne sont plus dans la fatalité, ils osent. C’est une plate-forme qui prône une synergie.
Comment l’organisme va-t-il fonctionner ?
Le secrétariat du Parlement recevra en amont les questions, suggestions et propositions de thème et projets de loi à débattre. Les critères de sélection du thème de la séance dépendront de l’urgence de la situation sociale, mais aussi du caractère d’actualité en se basant sur les travaux de l’Assemblée nationale. Il s’agit de faire que les délibérations autour des différents sujets débouchent sur des propositions pour qu’elles remontent ensuite vers les autorités. Attention, ce n’est pas un Parlement parallèle. Il ne s’agit pas d’imposer un agenda au Parlement, il ne s’agit pas de remplacer l’Assemblée nationale.
Bio express
Journaliste, politologue, poète, elle est née à La Réunion et vit à Maurice. Elle est l’auteure de huit recueils de poésie. Parmi ses derniers ouvrages : Journal du gardien des horizons.
Ma semaine d’actu
Quelle actualité a retenu votre attention cette semaine ?
C’est la visite de Narendra Modi, le Premier ministre indien. Elle a touché la fibre patriotique mauricienne. Mais dans quelle mesure faut-il se laisser endormir par tout l’apparat qui a entouré cette visite ? On sait très bien que l’Inde a des intérêts stratégiques à Maurice. Les Mauriciens sont démunis pour comprendre les vrais enjeux politiques et diplomatiques.
Quel fait vous a interpellée sur le plan international ?
Les attentats djihadistes. Je m’intéresse beaucoup à ce sujet.
Que lisez-vous actuellement ?
Un livre d’Ibn Arabi, penseur soufi du XIIe siècle, à qui l’on doit la notion d’imagination créatrice.
Qu’avez-vous entendu et suivi à la radio cette semaine ?
Je suis avec beaucoup d’attention toute l’affaire qui entoure le décès d’Iqbal Toofanny alors qu’il était sous la responsabilité de la police.
●Où se tiendront les séances du Parlement populaire ?
Dans la salle Syndika Travayer, à l’arrière du marché de Rose-Hill.
●Quand ?
Les samedis matin de 9h30 à 12h30. Le calendrier du Parlement populaire suivra celui de l’Assemblée nationale.
●Comment contacter le secrétariat ?
Par mail : parlementpopulaire@gmail.com ou sur la page Facebook «Parlement populaire».
Publicité