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28 juin 2016 01:49
Il ne laisse pas insensible. Et suscite des réactions diverses. Rien qu’à l’évocation de ce terme, certains tremblent même ! Si le terme Brexit– une expression qui vient de la contraction de deux mots anglais, British(britannique) et Exit(sortie) – occupe l’actualité depuis quelque temps déjà, depuis vendredi dernier, il affole même certains. Cela, après le résultat du référendum où les Britanniques ont voté à 51,9 % des voix pour sortir de l’Union européenne et à 48,1 % pour rester. 17,4 millions de personnes ont voté pour le Brexitet 16,1 millions pour rester dans l’Union européenne (EU).
Qualifiée de tournant majeur dans l’histoire du Royaume-Uni et de l’Europe, parce que c’est la première fois qu’un État membre se retire de l’UE et fait machine arrière dans le processus d’intégration, cette fragmentation de l’Europe annonce un scénario effrayant pour les entreprises fortement exportatrices. Et si le retrait du Royaume-Uni prévoit des répercussions économiques à l’échelle mondiale, Maurice devrait aussi s’attendre à faire face à des conséquences inévitables avec les échanges commerciaux dans différents secteurs entre l’île et le Royaume-Uni. Ce qui devrait affecter l’économie du pays.
Pravind Jugnauth, qui participait hier, samedi 25 juin, au lancement d’un Fast Interceptor Boatet d’une Stop Drug Platformde la Mauritius Revenue Authoritydans le port, n’a pas manqué de s’exprimer sur le sujet : «Nous devons respecter le vote exprimé par la population du Royaume-Uni, qui a choisi d’aller dans cette direction. Bien sûr, ce choix aura des conséquences, notamment pour le Royaume-Uni (...) Il y aura bien sûr des répercussions sur le reste du monde, y compris l’île Maurice. Un comité interministériel, que je préside, a été mis sur pied par le gouvernement et regroupe mes autres camarades ministres (...) Nous avons un autre comité qui siège déjà, où j’ai eu l’occasion de rencontrer le secteur privé et nous avons pu faire un premier constat de la situation. Le travail doit continuer. Nous devons être vigilants. En fonction de certains événements, nous allons prendre des décisions dans l’intérêt de l’île Maurice.»
La veille, il avait présidé un comité ministériel et avait discuté des implications du retrait du Royaume-Uni de l’UE avec des représentants des secteurs privé et public. «Le comité a reconnu que le Brexitpeut affaiblir l’économie du Royaume-Uni à moyen terme, avec des implications pour certains secteurs de l’économie mauricienne. Dans ce contexte, le Comité technique du secteur public-privé a décidé de poursuivre son évaluation du commerce de Maurice avec le Royaume-Uni dans divers secteurs, en vue d’identifier les domaines qui peuvent être vulnérables»,fait état un communiqué émanant du ministère des Finances.
La réunion de vendredi s’est d’ailleurs attardée sur l’article 50 du traité de l’UE, qui prévoit une période de transition de deux ans pour le Royaume-Uni afin de négocier les termes et conditions de sa sortie. Il a ainsi été décidé de mettre en place un système de surveillance du marché. Économistes, hommes et femmes d’affaires sont ainsi sur le qui-vive et suivent la situation de très près.
«Le marché anglais est très important pour notre île, avec des exportations d’une valeur de Rs 11 milliards. Il ne faut pas s’alarmer. On ne connaît pas encore le exit term de l’Angleterre. Il nous faut attendre cela et après on va voir ce qu’on doit faire»,explique Lilowtee Rajmun, directrice de la Mauritius Export Association. Le leader de l’opposition, Paul Bérenger, n’a pas non plus manqué de commenter ce sujet très d’actualité. Selon lui, le gouvernement n’a pas prévu l’impact que provoquerait la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE sur Maurice, alors qu’il avait lui-même, a-t-il souligné, prévenu de l’importance et de l’enjeu du retrait du Royaume-Uni de l’UE. «Lorsque je l’avais dit au Premier ministre lors de la PNQ du 14 juin, il m’avait dit que je tente de faire les funérailles avant la mort et qu’il était donc prématuré d’en parler»,a déclaré Paul Bérenger. Il ajoute aussi que les autorités ont «très mal géré cette affaire».
Si le monde des affaires se dit très concerné par ce développement de taille, les Mauriciens vivant en Angleterre se disent aussi ébranlés par le résultat du référendum. Neel Dougah, 40 ans, infirmier installé au Royaume-Uni depuis 12 ans, en fait partie. «Je suis très choqué. Le Brexitm’effraie car je pense que la haine envers les étrangers prendra encore plus du terrain. Je travaille dans un hôpital public et 6 sur 10 infirmiers dans mon département sont des Européens, soit des Portugais, des Espagnols ou des Italiens. Les infirmiers Britishsont très rares. Depuis que la nouvelle est tombée, on se sent comme des étrangers. La livre sterling a chuté et ça va affecter nos salaires aussi. J’avais l’habitude d’envoyer £ 100 à mes parents à chaque fin du mois, mais je pense que ce sera désormais un peu difficile. Je viens tout juste d’obtenir ma nationalité britannique, mais je me pose des questions : aurais-je besoin d’un visa pour visiter l’Europe ?» nous confie-t-il.
Un autre de nos compatriotes, Suraj Dauhoo, affiche aussi de l’inquiétude : «D’un point de vue économique, les choses n’augurent rien de bon. Les taxes vont certainement augmenter et ce sont les personnes qui sont au bas de l’échelle qui vont souffrir.» Toutes les attentions sont maintenant tournées vers le futur. «Nous avons déjà commencé à ressentir les effets à court terme sur l’économie, comme une énorme baisse du stock & economy market, la démission du Premier ministre et une hausse d’hostilité envers les étrangers dans certains endroits, en particulier hors de Londres»,déclare, pour sa part, Jeevesh Goolab, en Angleterre depuis neuf ans et qui, en sus d’être Lecturer, a une compagnie qui fait dans la cyber sécurité.
Il se dit confiant pour l’avenir : «Pour être honnête, je suis positif sur l’avenir de la Grande-Bretagne. D’autres pays comme la Suisse et la Norvège ne font pas partie de l’Union européenne. La Suisse, par exemple, a conclu des accords de libre-échange avec d’autres grandes économies du monde. La Norvège et la Suisse vendent environ 75 % de leurs produits d’outre-mer vers les pays de l’Union européenne.»
Pour l’heure, le mot Brexit continue à susciter des réactions. Encore et encore…
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