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20 avril 2015 16:29
Nichée sur les hauteurs de 16e Mille, à Forest-Side, Cité Anoska n’a rien à voir avec les quartiers huppés de la ville lumière. Ici, il n’y a pas de bâtiments imposants ou de boutiques de luxe. Les lieux respirent la pauvreté. Le jardin d’enfants planté au milieu du quartier fait peine à voir tant il est mal entretenu et délabré. «Les enfants n’y vont presque plus à cause de son état», explique un travailleur social qui connaît bien cette localité.
Pour ce dernier, Cité Anoska est, pour ainsi dire, l’enfant pauvre de la ville lumière. Dans cette région, les enfants ont seulement la rue comme terrain de jeu. Parfois, ils s’amusent à jouer à cache-cache dans les bois, comme en témoigne une habitante. «Mais plus personne ne voudra que son enfant aille jouer dehors après ce qui s’est passé. On a tous peur qu’il arrive malheur à nos enfants», explique Christina.
Si certains des habitants d’Anoska vivent dans des maisons en dur construites il y a des années par l’État, d’autres habitent dans des maisonnettes en tôle. Souvent entassés à plusieurs dans une ou deux pièces. Ce qui frappe aussi là-bas, c’est le nombre d’adolescentes enceintes, dont la plupart ont été abandonnées par le père de leur futur enfant. «La grossesse précoce est devenue presque normale ici. Pourtant, plusieurs travailleurs sociaux sillonnent le quartier pour faire de la prévention», souligne une habitante de la localité. Elle déplore le manque de considération dont font preuve les dirigeants politiques envers Cité Anoska. «J’ai l’impression qu’ils nous méprisent. On les voit seulement lorsque les élections arrivent. Moi, j’ai la chance d’avoir un travail décent et un mari qui a un emploi, mais tout le monde n’a pas la même opportunité ici. J’ai pu agrandir ma maison, mais la plupart peinent à sortir de la misère.»
La drogue et l’alcool sont également des maux qui rongent Cité Anoska. Ainsi, il n’est pas rare de croiser des adultes ou encore des jeunes filles et garçons mineurs sous l’influence de l’alcool ou d’autres substances dès le matin. L’école pour ces jeunes s’est arrêtée sur un échec au CPE et ils traînent les rues à la merci de bon nombre de fléaux sociaux. «Beaucoup d’enfants et de jeunes sont livrés à eux-mêmes. Ce n’est pas forcément parce que les parents sont irresponsables, mais parce que ces derniers cumulent deux emplois pour pouvoir s’en sortir», avance un travailleur social sous le couvert de l’anonymat. Selon lui, les habitants de cette localité n’aiment pas qu’on expose leurs problèmes dans la presse de peur d’être encore plus marginalisés.
Pour sortir cette cité de son gouffre, il faut, dit-il, un encadrement social et un suivi régulier auprès de chaque famille à problèmes de la localité. «Tout comme on éduque les enfants, il faut aussi éduquer les parents. Certains habitants de Cité Anoska n’ont pas eu un encadrement parental lorsqu’ils étaient enfants. Ils ne font que reproduire ce qu’ils ont reçu. Si on n’arrête pas cette tendance, la génération à venir souffrira des mêmes problèmes sociaux.» Anoska est une cité à prendre par la main. D’urgence.
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