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6 décembre 2021 14:42
Un incontournable, un nom, une présence. Bref, un homme indissociable de la musique mauricienne. Malheureusement, Claudio Cassimally nous a quittés le mercredi 1er décembre, à l'âge de 79 ans, des suites de problèmes de santé. Ses funérailles se sont tenues le jeudi 2 décembre à la cathédrale, après un court hommage musical à la chapelle ardente d’Elie & Sons. Artiste de plus d’un demi-siècle de carrière, qu’on imaginait mal sans sa trompette et sa flûte de pan, il laisse derrière lui un riche héritage. Ses amis et ses anciens élèves s’en souviennent.
Gérard Laffite est un vieux routier qui a écumé des hôtels et d’innombrables mariages pendant des décennies avec Claudio Cassimally. Il parle d’un «musicien hors pair, bourré de talent. On pouvait mettre n’importe quelle partition devant lui et il vous jouait le morceau. Il avait aussi un grand talent de peintre, il avait cette technique originale de peindre avec un couteau. Et puis, il y avait l’ami, le pote rigolo. Qu’est-ce qu’on se marrait dans nos fêtes, mariages ? Il nous sortait des fois des imitations de Johnny Hallyday ou Julio Iglesias. Il était aussi très dévoué pour sa famille».
L’autre pote est notre très rétro Robert Duvergé. Il se souvient des temps dans le studio de feu Gérard Cimiotti, où la musique et la bonne humeur bouillonnaient : «On parle ici d’un demi-siècle d’amitié et de proximité musicale. En plus d’être un grand musicien, c’était quelqu’un qui nous faisait toujours rire. Et il répondait toujours spontanément, par exemple quand j’avais organisé une levée de fonds pour mon fils ou pour les 15 ans de ma fille. Jovial, présent, je ne lui connaissais pas de défauts…»
Mario Armel se rappelle : dans les années 80, en France, Claudio et lui ont composé la chanson Girlfriend qui allait être sur La Boum 3, film qui ne s’est finalement pas concrétisé. Ensemble, ils ont aussi bossé sur la chanson African Dark, avec des moments de trompette de Claudio dessus. Et puis, il y avait l’amitié. «On se connaît depuis l'adolescence, lorsqu’on voulait être policiers, dans les années 60. Et puis, la musique nous a réunis pendant des décennies, dans des soirées, des fêtes. Claudio, c’était aussi un comique, Komiko fel ar li (rires). Il avait cette bonne humeur et ce rire communicatifs.»
L’animateur radio Elvis Quénette se souvient de ce monsieur du Ward IV «qui avait un petit music shop à la rue Labourdonnais. J’avais 15-16 ans et j’aimais aller le voir, il adorait raconter des histoires. C’est une amitié qui a duré depuis. Et quand j’organisais des soirées et des bals, je n’oubliais pas de l’inviter».
Et au-delà de l’amitié avec ses pairs, n’oublions pas que Claudio Cassimally était aussi un mentor pour beaucoup. En tête de lice, on retrouve l’incontournable Philippe Thomas qui lui doit tout, une carrière et une approche humaine qui n’est plus à prouver. «À l’époque, je devais avoir 14 ans, il était connu comme un membre du police band. Il a commencé à donner des leçons de musique à Tranquebar, dans les années 80. Et j’ai tout appris avec lui ; lire la musique, en connaître toutes les subtilités dans l’interprétation et la création, sans qu’il soit sévère, avec toujours un bon mot pour rire, tout en vous motivant pour vous appliquer.»
Plus jeune, le trompettiste Didier Jeewooth doit toute son aptitude avec l’instrument de musique et ses connaissances au maestro. Il nous raconte sa première rencontre avec ce bon vieux Claudio : «J’étais en train de kas poz à Rose-Hill, près de la maison de Carné. Je devais avoir 17 ans. Il était là, en train de ranger sa trompette. On a commencé à papoter et je lui ai dit que je voudrais bien y jouer. Il m’a regardé, m’a dit que la façon dont sont mes lèvres et ma bouche allaient m’aider à mieux jouer de la trompette. Il m’a alors donné mon premier devoir et depuis, j’ai appris la trompette avec lui. Il est devenu comme un membre de ma famille, un homme jovial, souvent rigolo, avec une intelligence musicale inouïe !»
Comme quoi, la relève de notre Claudio Cassimally national est bien partie pour rester… Nos sympathies aux proches et à la famille de l’artiste.
Beaucoup l’ont connu tout d’abord comme le trompettiste du police band. Mais Claudio Cassimally a eu une vie tellement plus remplie. En plus de son talent musical – beaucoup l’ont côtoyé dans des fêtes et mariages –, l'artiste, venant d’une famille de dix enfants, a hérité de son amour pour la musique de son père musicien. Il adorait aussi peindre et écrire. Il avait, en tout cas, une place de choix dans plusieurs grands événements de l’Histoire du pays. On le connaît comme le premier musicien à avoir joué, à la trompette, notre hymne national, quand Philippe Oh San recevra les partitions de son ami Philippe Gentil. En 1989, il va même côtoyer le pape Jean Paul 2 pour la messe de celui-ci, où il jouait dans la chorale. Fort d’une courte carrière en Zambie dans l’hôtellerie, Claudio Cassimally va aussi apprendre la trompette à plusieurs artistes aujourd’hui devenus incontournables (encore un Philippe… Thomas celui-là…), quand il n’était pas en ébullition dans son studio à Coromandel. Récemment, il se faisait plus discret avec ses soucis de santé. En 2018, c’était probablement sa dernière sortie publique : il a été décoré du Member of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (MSK).
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