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25 juillet 2016 21:22
«Cachez cette… bouche que je ne saurais voir»…Car, c’est après avoir vu la publicité de Coca-Cola, avec la bouche d’une femme entreouverte, la chopine près de ses lèvres, que Trisha Gukhool, Freelance Gender Consultant, s’est plainte dans une lettre auprès du ministère de l’Égalité du genre. Raison invoquée : la publicité est jugée «sexiste». Conséquence de cette initiative : une correspondance émanant dudit ministère qui a réclamé que la pub en question soit retirée de la circulation. Ni plus, ni moins !
Depuis, l’histoire autour de cette fameuse bouche féminine ne cesse de faire grand bruit. Dans la presse, sur les ondes ou encore sur les réseaux sociaux, le débat agite l’opinion publique. Shocking or not shocking ? Sexiste ou pas ? Même si certains partagent le point de vue de Trisha Gukhool, c’est plus l’incompréhension face à une telle action qui l’emporte. D’une part, la démarche de Trisha Gukhool «intrigue, interpelle et choque»car pour beaucoup le visuel pointé du doigt ne «dérange nullement». D’autre part, c’est également la décision unilatérale du ministère de l’Égalité du genre, jugée «incompréhensible»surtout qu’«elle a été fondée sur une seule plainte»,qui suscite des interrogations.
La principale concernée, qui depuis essuie une vague de critiques, campe, elle, sur sa position. Sollicitée, Trisha Gukhool, nous a fait la déclaration suivante : «Je pense que j’en ai assez dit. J’ai dit tout ce que j’avais à dire sur le sujet et je n’ai pas envie de m’étendre davantage dessus. On me critique beaucoup et je suis la seule à mener cette bataille.» Invitée justement à répondre aux critiques dont elle fait l’objet par rapport à sa plainte jugée par beaucoup comme «démesurée», la jeune femme, persiste et signe : «Je reste sur ma position car tout ce qui est lié au gender est ma passion.»
Dans le milieu publicitaire, cette décision des autorités – «qui suit l’affaire» –est aussi très commentée. Pria Thacoor, la directrice de P & P Link,dit ne pas comprendre une telle prise de position. «Je rejoins tous les professionnels qui ont donné leur avis sur cette façon de faire des autorités. Avant d’arriver à la mesure drastique de demander d’enlever cette publicité, les autorités auraient dû s’entretenir et consulter les professionnels des agences de publicité. Je m’insurge aussi sur le fait qu’une telle décision a été prise sur la base d’une seule plainte.»
Selon la femme d’affaires, cette démarche est une atteinte à la créativité : «Je ne vois absolument pas comment cette publicité est dégradante pour la femme et en tant que professionnelle, je ne vois pas pourquoi cette image est inappropriée. Comment boire si ce n’est pas avec la bouche ? Je me pose la question.»
Pour Pria Thacoor, ce qui est arrivé est très grave : «On se demande ce qui sera peut-être interdit demain ! C’est un retour en arrière.» Comprenant très bien, dit-elle, qu’il y ait beaucoup de questions de sensibilité à Maurice, elle suggère la mise en place d’un panel pour se pencher sur ce genre de plainte :«Il faudrait un board regroupant des professionnels des milieux de la création, des membres des autorités et même d’un psychologue pour juger ce qui heurte ou pas et pourquoi, si jamais la question se pose à un moment? Et pour le futur, il faudra considérer le nombre de plaintes avant d’agir.» Du côté de Coca-Cola, on se réjouît surtout de toute la pub gratuite que cette polémique a engendrée. «Au niveau de la compagnie, on a surtout été surpris que toute cette polémique arrive bien après que la pub a été enlevée. C’est un coup d’épée dans l’eau. On ne comprend pas non plus la décision et la façon de faire des autorités. Il n’y a eu aucun pas vers nous pour qu’il y ait un dialogue, ce qui nous aurait permis de nous expliquer et de dire par exemple que cette campagne n’est pas d’actualité»,nous explique Valérie Rochecouste, Marketing Manager de Coca-Cola Indian Ocean Islands.
Pour elle, cette affaire aura permis de susciter un débat : «C’est une publicité qui a été élaborée par une grande boîte à New-York et qui a été diffusée partout dans le monde et ça n’a nullement choqué. Au moins, beaucoup de personnes, des professionnels comme des anonymes ont pu donner leur opinion sur le sujet…»Tout ça… à cause d’une bouche qui a fait grand bruit !
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