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Par Elodie Dalloo
30 août 2021 11:56
Le temps semble s’être arrêté pour les proches d’Ajmal Sakhabuth, domiciliés à La Tour Koenig. Les jours passent mais leur douleur est tout aussi intense. Comment survivre au départ soudain et tragique du jeune homme de 29 ans ? Comment un tel drame a pu se produire ? C’est ce que tous se demandent après l’accident de moto qui a coûté la vie à Ajmal le mercredi 25 août. Ameer Sakhabuth, le père de la victime, se fait le porte-parole de la famille pour partager le chagrin, le choc et l’incompréhension de tous face à l’irrévocable réalité.
Son fils Ajmal, dit-il avec douleur, était sur le point de réaliser l’un de ses plus grands rêves. «Mon fils était très débrouillard et travaillait à son compte comme plombier et électricien. Il faisait les déplacements chez ses clients à moto et cela ne lui rendait pas la tâche facile à cause des équipements qu’il devait transporter. J’avais donc contracté un prêt bancaire pour l’aider à faire l’acquisition de sa première voiture. Il avait tant attendu ce moment car cela l’aurait vraiment aidé professionnellement.»
C’est la raison pour laquelle le soir du drame, il avait enfourché sa moto, accompagné de son cousin, pour rejoindre son père à Petite-Rivière. «De là, nous aurions pris la voiture de mon gendre pour nous rendre à Roches-Brunes afin d'acheter une voiture dont nous avions déjà négocié le prix.» Ameer se trouvait dans la boutique que gèrent son gendre et sa fille lorsqu’il a appris que son fils était impliqué dans un accident près du Richelieu Leisure Park. «Lorsque je suis arrivé sur place, j’ai vu mon fils gisant sur l’asphalte. Il avait toujours son casque à la tête et saignait abondamment. Les secours sont arrivés et ont tenté de le réanimer, en vain.» En une fraction de seconde, son monde a basculé.
Ce qui rend les choses encore plus difficiles pour la famille Sakhabuth, c’est que le jeune homme était exemplaire. «Li ti enn bon garson. Zame mo finn gagn okenn problem ek li. Personne ne peut le montrer du doigt. Je remercie Dieu de m’avoir donné un fils pareil.» Débrouillard, Ajmal espérait qu’avoir sa propre voiture lui permettrait de se stabiliser et d’aider financièrement sa famille mais le destin en a voulu autrement, alors même qu’il s’apprêtait à donner vie à ce projet.
Il avait le coeur sur la main et ne refusait jamais de rendre un service. C’est ainsi que ceux qui ont côtoyé Yahya Oozeeraully le décrivent. D’ailleurs, dans la soirée du mercredi 25 août, c’est en se rendant à la boutique pour l’un de ses amis qu’il a été victime d’un accident de la route. Grièvement blessé après la collision, il a été conduit à l’hôpital Jeetoo dans une ambulance mais a succombé à ses blessures quelques heures plus tard, plongeant son entourage dans un profond désarroi.
La famille Oozeeraully se retrouve encore une fois à nager en plein cauchemar après la mort tragique de l’un des siens. Il y a quatre ans, le père de Yahya avait également perdu la vie dans d’atroces circonstances. En juillet 2017, Hassanally Oozeeraully était à Résidence Kennedy, Quatre-Bornes, avec un ami lorsqu’il a été agressé par un groupe d’individus. Outre des blessures au corps, il avait subi une fracture à la mâchoire. Admis à l’hôpital, il avait pris la fuite moins de 24 heures plus tard et avait regagné son domicile. Malheureusement, une septicémie a eu raison de lui au bout de quelques semaines. Depuis, Yahya était devenu le pilier de la famille. «Il s’occupait de nous, ma mère et moi. Nous ne nous attendions pas à le perdre, lui aussi, dans des circonstances tragiques quelques années plus tard», confie sa petite soeur Yahdihaa, tristement.
D’une voix nouée par l’émotion, la jeune femme de 18 ans revient sur sa dernière soirée avec son frère. «Lorsqu’il est rentré du travail, nous lui avons demandé de prendre sa douche. Il nous a répondu qu’il le ferait un peu plus tard car il devait aller acheter du pain pour l’un de ses amis. Il a pris un sac et a quitté la maison aux alentours de 20 heures pour se rendre à Petite-Rivière avec un ami. Ce n’est qu’aux alentours de 21h30 que des voisins nous ont appris qu’il avait été victime d’un accident.» Après son arrivée à l’hôpital, Yahya Oozeeraully a subi plusieurs examens médicaux. «Nous avons appris qu’il avait eu le poumon gauche écrasé et le visage très amoché.» Admis au service des soins intensifs, il a poussé son dernier souffle aux petites heures du matin.
Yahya Oozeeraully avait des rêves plein la tête. Il espérait notamment décrocher un emploi sur un bateau de croisière ; un projet qu’il n’avait pu concrétiser jusqu’ici en raison de son manque d’expérience dans le domaine de l’hôtellerie. «Entre-temps, il travaillait dans la mécanique. Il comptait sur cet emploi pour économiser suffisamment d’argent afin de financer ses cours. Il était très ambitieux», confie Yahdihaa. Elle poursuit, les larmes aux yeux : «C’était quelqu’un qui n’avait aucune mauvaise habitude et qui était toujours très serviable et honnête. Les voisins n’hésitaient pas, non plus, à lui confier leur carte bancaire pour faire des retraits car ils savaient qu’ils pouvaient compter sur lui.»
Aujourd’hui, ce sont autant de personnes qui pleurent ce jeune homme parti trop tôt et dans des circonstances si tragiques.
L’accident survenu à Richelieu, dans la soirée du mercredi 25 août, n’a pas été sans séquelles pour ces deux hommes. Allyboccus Abdallah, un habitant de La Tour Koenig de 23 ans, a également subi des blessures lorsque la moto que conduisait son cousin Ajmal Sakhabuth est entrée en collision avec celle de Yahya Oozeeraully. Il en est de même pour Louis Kenny Kersley Lacommère - un habitant de Grande-Rivière-Nord-Ouest de 35 ans -, le passager en croupe de la deuxième victime. Tous deux ont été admis en salle à l’hôpital Jeetoo après la tragédie. Leur état de santé n’est pas jugé préoccupant.
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