Publicité

Commerces fermés : en attendant des jours meilleurs

8 juin 2020

Roshan Chenglerayen, propriétaire de Warriors Gym, propose des cours en ligne.

Retrouver nos vies là où on les avait laissées avant que ne débute cette crise sanitaire. Ça a été, pendant plus de deux mois, le désir des Mauriciens. Après une longue période de confinement, le pays a abordé, le dimanche 31 mai, une autre phase de ce combat contre le virus. Avec le déconfinement et la reprise contrôlée des activités économiques, le pays a retrouvé un certain dynamisme. Ainsi, depuis le 1er juin, nombreux sont les Mauriciens qui ont repris le chemin du travail. Nous pouvons désormais circuler plus librement sans avoir à présenter le Work Access Permit. Les commerces opèrent de nouveau, tout comme les supermarchés qui ont repris leurs horaires habituels.

 

Toutefois, malgré cette reprise, certaines activités n’ont toujours pas repris. Le gouvernement a décidé d’imposer des restrictions sur certaines activités, certains rassemblements et lieux publics. Par exemple, les plages, foires, cinémas et discothèques restent fermés pour le moment. Les courses hippiques, les événements culturels et sportifs, les rassemblements religieux et socioculturels sont aussi interdits. 

 

En attendant que cette décision soit revue par les autorités le 15 juin, ces employeurs sont partagés entre inquiétude et espoir. Roshan Chenglerayen a monté sa salle de gym, le Warriors Gym, il y a 14 ans. Aujourd’hui, il en possède deux qui sont fréquentés par environ 600 personnes. Après deux mois de fermeture à jongler entre les différents challenges déclenchés par le confinement, il espère bientôt pouvoir sortir de l’impasse. «C’était difficile comme situation. Malgré l’arrêt des activités, les charges, elles, n’ont pas été annulées. Il a fallu assurer les dépenses de loyers, d’eau, d’électricité comme d’habitude. Heureusement que nous avons pu compter sur l’aide du gouvernement pour le paiement des salaires, ce qui a été un grand soulagement. S’il n’y avait pas ça, la situation aurait été catastrophique.»

 

Comme beaucoup face à cette situation inédite, Roshan Chenglerayen a dû se réadapter et trouver de nouvelles façons de travailler. Ainsi, depuis quelques semaines, il propose des classes de fitness et de zumba en ligne. «Nous puisons aussi dans nos économies. Ça nous permet de survivre pour le moment», confie-t-il. Aujourd’hui, il espère que cette interdiction sera bientôt levée pour que sa salle de gym puisse de nouveau accueillir les clients. «On espère que ce sera une décision favorable le 15 juin, que le gouvernement nous permettra d’opérer. Je ne sais pas encore si les gens oseront reprendre leurs habitudes ou s’ils ont toujours peur du virus. En tout cas, nous allons tout faire pour respecter le protocole établi. Pour le moment, je suis confiant par rapport à l’avenir mais si ça continue, la situation sera vraiment inquiétante.»

 

Pour sa part, Rajesh Callicharan, le directeur de Mont Ida Films, société propriétaire de plusieurs salles de cinéma à Maurice, dont MCiné à Trianon, n’envisage pas une réouverture pour bientôt. «Même si on a le feu vert du gouvernement le 15 juin, nous ne pourrons pas ouvrir nos salles à nouveau. Nos films viennent d’Amérique et de l’Inde mais il n’y a, en ce moment, aucune sortie dans les salles à cause de la Covid-19, il n’y en a pas non plus ici. On va peut-être devoir attendre fin juillet ou août pour une éventuelle reprise», lance-t-il.

 

Note salée

 

Ces deux mois de confinement et les jours qui ont suivi ne sont pas sans conséquences sur l’industrie du cinéma. Pour Rajesh Callicharan, les charges à assumer malgré l’arrêt des activités est un problème majeur. «Notre coût d’opération est d’environ Rs 24 millions par mois. Les charges sont au minimum entre Rs 60 000 et Rs 70 000 par salle. J’ai écrit une lettre au Central Electricity Board pour qu’ils revoient la facturation de l’électricité. Ils me demandent d’enlever le système de climatisation mais ce n’est pas possible. Nous avons besoin d’aide et de soutien pour pouvoir continuer.» Selon ses calculs, entre mars et fin mai, la note de l’électricité pour MCiné s’élève à Rs 1,1 million. Une note salée pour laquelle il espère recevoir de l’aide.

 

Récemment, il a investi dans une nouvelle salle à Port-Louis. «Personne n’avait imaginé qu’un truc pareil arriverait. Du coup, nous n’avons rien pu récupérer sur cet investissement.» Si la situation empire, il n’aura d’autre choix que d’envisager une réduction de la masse salariale. Malgré ce coup dur, Rajesh Callicharan ne désespère pas. «Le cinéma marchera toujours. Ce n’est pas quelque chose qui disparaîtra. Le défi aujourd’hui est de trouver un moyen de maintenir les salles et notre staff.»

 

Pour Sharon Autard, propriétaire de la boîte de nuit Shotz, ces deux derniers mois ont été un véritable cauchemar. «Nous sommes encore complètement paralysés par la situation mais nous avons décidé de rester solidaires et de faire de notre sécurité notre priorité.» Après plus de deux mois sans aucune activité, le mot d’ordre pour le reste de l’année est la survie. Au cours de cette période difficile, Sharon Autard a dû gérer plusieurs challenges, comme la crainte de ses employés dont les DJ, le personnel du bar, les techniciens d’éclairage, la sécurité, qui sont indépendants et, donc, payés lorsqu’il y a du travail. «Nous sommes tous dans le flou et stressés par rapport à la situation. Le manque de touristes fait aussi peur car ils composent 40 % de nos clients.»

 

Pour le moment, grâce au déconfinement, la société a pu procéder à la réouverture des restaurants O’Beach et Foobiss, spécialisé en pizza et grill au four à bois. «Nous avons la chance d›avoir un très grand espace extérieur pouvant accueillir 1 000 personnes en temps normal. Alors maintenant, nous pouvons ouvrir le restaurant et le bar en minimisant l’entrée avec des tables à distance de plus de 4 personnes et en faisant le contrôle des températures.»

 

En ce qui concerne la boîte de nuit, Sharon Autard espère avoir le feu vert du gouvernement. «Nous espérons que le gouvernement nous permettra de rouvrir, avec des conditions bien sûr, d’ici le 1er juillet, s’il n’y a pas de nouveaux cas. Nous travaillons déjà sur un moyen d’éviter que les clients ne forment pas une foule à l’intérieur. Nous envisageons un forfait tout compris ou alors une pré-réservation afin de préparer les tables en respectant le social distancing.» Se réadapter et trouver de nouvelles méthodes, c’est le seul moyen, dit-elle, de s’en sortir en cette période post-Covid-19.

Publicité