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7 décembre 2015 12:20
Il ya d’abord la déception, puis la colère. Voilà les sentiments qui animent les Mauriciens depuis que le gouvernement a annoncé une compensation salariale de seulement Rs 150 à partir de janvier 2016. Si les Rs 600 de compensation décidées par le gouvernement de l’Alliance Lepep l’année dernière avaient ravi tous les salariés, cette fois, ils déchantent. De Rs 600 à Rs 150, le décalage laisse un goût amer. Car face à ce montant jugé dérisoire, il y a le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter.
La syndicaliste Jane Raggoo est révoltée. C’est en larmes qu’elle a quitté une réunion qui se tenait jeudi soir entre le ministre des Finances Vishnu Lutchmeenaraidoo et les syndicalistes. Quelques jours plus tard, elle ne décolère pas. «J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs employés. Ils se demandent tous où on va dans ce pays avec ce gouvernement qui nous a donné de l’espoir avant de tout jeter à l’eau. Les travailleurs ne cessent de subir des pertes de pouvoir d’achat et on leur donne Rs 150. Mais ça représente quoi ?»
Le mouvement syndical, qui avait demandé une compensation comprise entre Rs 500 et Rs 700, ne s’attendait définitivement pas à ça. «Les promesses non respectées du gouvernement, poursuit Jane Raggoo, font réfléchir sur l’avenir.»La Confédération des travailleurs du secteur privé réclame la révision des lois du travail dans le secteur privé et le respect de l’engagement de l’Alliance Lepep qui avait promis le salaire minimum en mars 2015. «Nous sommes en décembre 2015 et toujours rien», s’indigne la syndicaliste.
Pour Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association, le calcul est simple. Rs 150 par mois, cela fait Rs 5 par jour, ce qui ne représente même pas, s’insurge-t-il, un dholl puri. «C’est inacceptable et totalement insuffisant. L’écart entre ceux qui gagnent beaucoup et ceux qui sont au bas de l’échelle ne fait que se creuser.»Pire, soutient-il, la démocratie participative que prône le gouvernement n’est qu’un leurre : «Ce comité tripartite est une farce. Il y a eu une réunion jeudi après-midi entre le ministre et les syndicalistes afin de discuter de la compensation, mais il est arrivé à imposer cette décision et a fermé la porte à toute discussion. Lorsque nous avons voulu faire une contre-proposition, il nous a fait comprendre que la décision avait déjà été avalisée. Dans ce cas, pourquoi faire ce genre de réunion ? C’est une blague !»
Cette façon d’agir du gouvernement, souligne Radhakrishna Sadien, est inquiétante et remet en question la proposition de salaire minimum annoncée par l’Alliance Lepep dans son programme. «Si les choses se passent comme ça pour la compensation, on a du souci à se faire pour le salaire minimum. On dit toujours que ceux d’en haut doivent donner le bon exemple. Or, les politiciens, qui profitent de nombreux avantages, ne sont pas prêts à faire des sacrifices. Cependant, ils en imposent aux Mauriciens.»
Du côté de l’opposition, Paul Bérenger estime que le gouvernement a dupé les syndicalistes et la population. «Le gouvernement n’a fait qu’augmenter les attentes lors de sa campagne électorale. Mais après, rien n’a été fait»,a déclaré le leader mauve lors de sa conférence de presse hebdomadaire, avant d’affirmer son soutien à la classe syndicale.
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