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Condamné pour trafic de drogue en 2021 : pourquoi Franklin s’oppose à son extradition vers La Réunion

12 avril 2023

Le suspect est en détention depuis le 7 février.

Il a juré un affidavit le 6 avril de sa cellule au Moka Detention Centre. Cela, parce que Jean Hubert Celerine, plus connu comme Franklin, conteste son extradition, par voie légale, vers La Réunion. Actuellement en détention pour blanchiment d’argent allégué, ce présumé trafiquant de drogue, âgé de 33 ans, y a été condamné à sept ans de prison pour trafic de drogue, en juillet 2021. Les autorités de l’île sœur ayant déjà conclu que cet habitant de Rivière-Noire tirerait les ficelles d’un important réseau de trafic de drogue vers Maurice. Franklin fait d’ailleurs l’objet d’un mandat d’arrêt émis à son encontre là-bas.

 

Toutefois, si les autorités françaises et réunionnaises ont déjà donné la garantie au gouvernement mauricien que les droits du suspect seront respectés, le principal concerné n’est pas de cet avis. Il a ainsi retenu les services de Me Yatin Varma, avocat, et Me Mahendranath Soobhug, avoué. «Native born or naturalized subjects of either country are excepted from extradition.» C’est le premier point avancé par les hommes de loi de Franklin pour contester son extradition en tant que citoyen mauricien. Ils soutiennent également que Franklin n’a jamais été «summoned or notified that criminal charges and proceedings were lodged» contre lui à La Réunion. Pour le suspect, il s’agit d’une violation de ses droits. Selon Franklin, les autorités françaises et réunionnaises n’ont pu lui donner l’assurance de la tenue d’un nouveau procès «with safeguards my rights and defence». D’après ses dires toujours, le jugement du tribunal correctionnel de Saint-Denis de La Réunion, daté du 2 juillet 2021, «does not provide for extradition to exercise a right of appeal or purported right of appeal».

 

Franklin est d’avis que ses droits ont été bafoués car il n’aurait pas eu droit à une audience équitable dans un délai raisonnable prévu par l’article 10 de la Constitution de Maurice pour l’extrader, alors que des années se sont écoulées, les infractions présumées remontant à 2018. Et de préciser que son extradition est demandée plus de 19 mois après le jugement du tribunal correctionnel de Saint-Denis.

 

Charge provisoire

 

Autre point avancé par le suspect : il est actuellement sous le coup d’une charge provisoire devant le tribunal de Bambous. «I cannot be extradited from Mauritius unless and until the charge provisional charge is struck out or unless and until the orders remanding me and prohibiting me from leaving the jurisdiction be waved discharged». Franklin demande donc à ce que cette demande d’extradition soit «set aside» car c’est uniquement le 7 février qu’il aurait pris connaissance du jugement du tribunal correctionnel de Saint-Denis à son encontre. Il nie en bloc les charges logées contre lui par les autorités réunionnaises ainsi que toute implication dans le trafic de drogue.

 

«I heard nothing, neither from the French Authorities nor from the Mauritian Authorities following the said commission rogatoire», dit-il, ajoutant que ladite commission n’aurait jamais signifié d’avis de procès, ni l’aurait invité à comparaître devant les tribunaux de La Réunion. Il n’y aurait pas non plus eu d’avis de recherche contre lui à l’île sœur, souligne-t-il, ni de jugement, mandat ou encore de communiqué officiel à cet effet.

 

Dans son affidavit, Franklin précise n’avoir jamais été à La Réunion. En revanche, il aurait voyagé à Dubaï, en Chine, aux Seychelles et à Madagascar, sans être intercepté par les autorités mauriciennes et celles des pays étrangers. Il se trouvait, dit-il, à Madagascar pour un voyage d’affaires en décembre dernier, lorsqu’il aurait appris qu'un «fabricated video clip containing defamatory materials concerning me was circulated on the internet showing me with a high ranked Police Officer of the Police Headquarters’ Striking Team».

 

De retour au pays, Franklin a consigné une Precautionary Measure au poste de police de Line Barracks, le 15 janvier 2023. L’Independent Commission Against Corruption (ICAC) a procédé à son arrestation quelques jours plus tard. De son côté, le bureau de l’Attorney General a déjà accédé à la requête des hommes de loi de Franklin de ne pas l’extrader vers La Réunion, du moins pour le moment. Pour cause, il doit d’abord répondre de ses actes devant la justice à Maurice, tout comme son présumé complice, Jeremy Désiré Décidé, plus connu comme Nono.

 

La commission anticorruption va bientôt passer à une autre étape dans son enquête pour blanchiment d’argent sur le clan Franklin et sur celui du Khalil Ramoly qui est considéré comme le roi de la capitale. L’ICAC va bientôt venir avec des charges formelles.

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