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15 octobre 2023 14:04
Les sirènes d’alerte antiaériennes qui résonnent donnent des sueurs froides dans le dos. Tout comme les nombreuses explosions d’interception de roquettes... C’est au rythme de ces «sons de l’enfer», comme le décrivent ceux qui y ont été confrontés, que vit depuis une semaine toute une population en Israël, car les alarmes retentissent jusqu’à Tel-Aviv et Jérusalem. Depuis le samedi 7 octobre, les médias du monde entier relayent des images de guerre qui interpellent, cela depuis que le mouvement islamiste Hamas a lancé une offensive d’envergure contre Israël ce jour-là, dans la matinée, avec des attaques qui sont considérées comme les plus importantes depuis plusieurs années.
Selon les agences de presse, des centaines de roquettes ont ainsi été tirées depuis la bande de Gaza vers Israël, et des hommes armés se sont infiltrés en territoire israélien. L’offensive a ainsi fait de nombreux morts – plus de 1 000 victimes – et blessés, ainsi qu’un nombre indéterminé d’otages. De leur côté, les troupes israéliennes ont riposté en bombardant la bande de Gaza et se sont engagées dans des combats au sol.
Les tirs de roquettes ont commencé avant 6h30 (3h30 GMT). «Nous avons décidé de mettre fin à tous les crimes de l’occupation (Israël)», a déclaré Mohammad Deif, chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, dans un message audio diffusé par la télévision du Hamas. Dans celui-ci, le commandant de la branche armée de ce mouvement a aussi annoncé avoir déclenché l’opération «Déluge d’Al-Aqsa» contre Israël et avoir tiré plus de 5 000 roquettes. Le président palestinien Mahmoud Abbas a, par la suite, déclaré que son peuple avait le droit de se défendre contre «la terreur des colons et les troupes d’occupation».
«Nous sommes en guerre», a, pour sa part, déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un message vidéo après l’attaque contre son pays, tout en avertissant que le Hamas paierait «un prix sans précédent». Et en réponse à cette offensive, l’armée israélienne a lancé des frappes aériennes vers 11 heures (8 heures GMT) sur la bande de Gaza, précisant avoir déployé «des dizaines d’avions de chasse» pour «frapper des cibles de l’organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza». De fait, l’armée israélienne a, durant la semaine écoulée, beaucoup pilonné la bande de Gaza.
Depuis une semaine donc, des images de chaos se multiplient sur le Net. Des bâtiments calcinés et en état de ruine, des impacts de balles sur les devantures des maisons, des voitures détruites et abandonnées, sans oublier un nombre important de morts, avec des corps à même le sol, comprenant des victimes hommes et femmes de tous âges et des enfants. Il y a aussi ces clichés qui ne laissent pas insensible. Ces scènes de vie qui touchent, qui bouleversent. Comme cette photo montrant des policiers évacuant une femme et un enfant d’un site touché par une roquette tirée depuis la bande de Gaza à Ashkelon, dans le sud d’Israël. Ou encore ce cliché où on voit une fillette en larmes forcée de fuir sa maison avec sa famille, sous la protection des forces de l’ordre israéliens, peu après qu’un site a été touché par une roquette tirée depuis la bande de Gaza. Puis, il y a ces nombreuses vidéos montrant les habitants découvrant les dégâts causés par les attaques ou ces nombreux incendies qui attestent de la triste réalité de la guerre.
Les yeux et l’attention du monde sont depuis tournés vers cette partie de monde. Et avec des compatriotes qui, au moment des attaques, se trouvaient en Israël, l’île Maurice a également prié pour les victimes. «Le samedi 7, quand nous étions à Ein Karem, à 7 km des bombardements, nous avons entendu les sirènes et les roquettes. Nous avions peur et nous faisions le Rosaire en marchant. Cependant, des juifs du quartier nous ont rassurés et nous ont dit “It will be ok”. Cela m’a touché parce qu’ils essayaient de nous rassurer alors qu’ils vivent là, à Ein Karem. Cette espérance m’a touchée», nous confie Marie, une compatriote, qui, au moment de sa déclaration, se trouvait à Bethléem avec une trentaine d’autres Mauriciens. Au mercredi 11 octobre, ils y étaient toujours mais prévoyaient de bouger en vue de leur voyage de retour vers Maurice. «Nous restons en prière. Le plus important, c’est que nous sommes en sécurité», nous disait notre compatriote face à ce moment d’incertitude, tout en remerciant les Mauriciens pour leur solidarité.
Entre le stress de la situation, la tristesse pour les victimes, leur désir de rentrer au pays sains et sauf pour retrouver leur famille, et les négociations pour trouver un vol de retour – un départ prévu pour ce mercredi avait été annulé –, nos compatriotes ont vécu une semaine très intense. L’évêque de Port-Louis et le ministère des Affaires étrangères ont travaillé ensemble pour gérer cette situation, et l’évêché ainsi que de nombreux Mauriciens ont apporté leur soutien à travers des prières aux familles concernées.
Rose Sautron, qui, il y a quelques semaines encore, était en pèlerinage en Terre sainte, à Jérusalem, se dit attristée par la situation. «J’ai été choquée. Je ne comprends pas le pourquoi de cette attaque du groupe Hamas. Ça me fait beaucoup de peine. Il ne faut pas oublier que ce sont les femmes et les enfants qui sont les plus vulnérables dans de telles situations. Je prie pour que cette guerre cesse le plus rapidement possible», nous dit-elle.
Corinette Toinette, qui était aussi récemment en Terre sainte, se dit touchée par l’ampleur de l’événement : «Ce qui se passe en Israël et en Palestine me touche énormément. Nous revenons fraîchement d’un pèlerinage en Terre sainte avec 34 autres personnes et nous avons côtoyé les deux peuples pendant près de deux semaines. Malgré une légère tension dans l’air due à la présence des militaires, surtout aux frontières, nous avons passé un moment cordial avec les habitants. Croyants ou pas, ces deux pays sont les vestiges de notre passé et respirent le vécu de beaucoup de vies humaines. C’est le carrefour de beaucoup de religions. Nous avons été chaudement accueillis par les deux pays et sommes très attristés par le sort des civiles en particulier. C’est regrettable de voir autant de pertes de vies humaines et de dégâts dans les villes. Surtout que les infrastructures sont bien plus avancées en Israël qu’en Palestine. Il faudra beaucoup de temps aux deux pays pour s’en remettre et retrouver ces beaux paysages qui ont embelli notre pèlerinage. Nous prions pour un cessez-le-feu et pour qu’un accord puisse être trouvé.»
Les État-Unis, les pays d’Europe et d’autres nombreux États à travers le monde ont condamné avec vigueur les attaques du Hamas contre Israël. Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU a également déclaré condamner «dans les termes les plus fermes l’attaque par le Hamas de villes israéliennes». Certains pays comme l’Iran, l’Algérie ou la Tunisie, soutiennent, eux, ouvertement le Hamas alors que d’autres ont préféré appeler à la désescalade et au «cessez-le-feu» sans condamner explicitement l’attaque du Hamas.
À l’heure où nous mettions sous presse, l’ensemble des accès à la bande de Gaza était coupé, et les témoins et ONG n’arrêtent pas d’attirer l’attention sur une population «coupée du monde», bientôt privée d’eau et de nourriture.
Suivant la triste actualité depuis le samedi 7 octobre et le cours de l’histoire brûlante du conflit israélo-palestinien qui a connu un tournant brutal ces derniers jours, les images effrayantes de cette guerre tournent en boucle dans les têtes et déchirent les coeurs...
Le conflit israélo-palestinien est au coeur des préoccupations. Dans un communiqué émis par le ministère des Affaires étrangères, Maurice dit exprimer sa profonde préoccupation concernant les attaques sans précédent perpétrées en Israël le samedi 7 octobre dernier. Le communiqué souligne que «Maurice est solidaire des familles de toutes les victimes de ce conflit».
Le ministre Alan Ganoo a également évoqué le sujet ce samedi 14 octobre alors qu’il était à l’aéroport (en l’absence de Maneesh Gobin, ministre des Affaires étrangères) pour accueillir la première délégation de pèlerins (ceux de la paroisse de Sainte-Hélène, à Curepipe) qui étaient bloqués à Bethléem dans le sillage du conflit israélo-palestinien. Il s'est dit soulagé que tout se soit bien passé : «Avek gouvernman, nou sinpatiz avek tou bann pelrin. Lil Moris dan so lansanb ti santi li bien konserne. Bann pelrin inn rakont bann problem zot inn gagne : laper, stress, traka. Bondie inn protez zot.» Les trois leaders de l'alliance PTr-MMM-PMSD ont aussi parlé du conflit israélo-palestinien lors de leur meeting ce vendredi 13 octobre, à Plaine-Verte. Ils ont tous souligné la nécessité d'un cessez-le-feu.
Le tournant dans le conflit israélo-palestinien met aussi en lumière les répercussions que cette situation peut avoir. «Dès que cette guerre a été déclarée, l’inquiétude a gagné plusieurs pays, surtout en Afrique. D’abord avec le prix du pétrole, qui n’a pas tardé à flamber. À peine 48 heures après le début des hostilités, le prix du pétrole a grimpé d’environ 5%. Le baril de pétrole pourrait frôler les 100 dollars si cette guerre se poursuit. On sait bien que c’est au Proche-Orient qu’on dicte le prix de l’or noir. Déjà, nous faisons face à une grave crise en raison du prix du carburant sur le marché local, le pire est attendu dans les semaines à venir. Et bien que Maurice importe très peu d’Israël ($ 4,73 million 2022) et exporte très peu aussi ($ 2,22 million 2022) vers ce pays, on peut imaginer que cette guerre entraînera dans son sillage une grave crise économique car on prévoit déjà une augmentation des prix de certaines denrées. La guerre russo-ukrainien, loin de nos frontières, nous a permis de comprendre combien notre pays est vulnérable à tout conflit qui passe même très loin de nos frontières», souligne Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC). Situation à suivre...
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