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23 mars 2020 20:06
Avec la présence de cas de coronavirus dans notre île, toutes les institutions scolaires du pays sont actuellement fermées, mettant ainsi tous les étudiants en congé forcé. Comment réagissent-ils face à cette situation et comment vont-ils s’organiser pour ne pas prendre du retard dans les études ? Nous avons donné la parole à quelques étudiants.
Nous frappons d’abord à la porte d’Émilie. Mais il a fallu faire attention à ne pas la déranger entre 8 heures et 15 heures. Car durant cette tranche horaire, l’adolescente a des cours. Bien que tous les établissements scolaires ne soient pas opérationnels, chez Emilie, c’est business as usual. «Je fréquente une institution du privée dans le nord de l’île et l’école a une plateforme en ligne qui nous permet de continuer à suivre les cours», nous explique cette étudiante en Grade 10, âgée de 16 ans. Grâce à ce système, pas question de gaspiller son temps : «La plateforme existait déjà mais elle a été améliorée pour nous permettre de pouvoir avoir accès à des cours et ainsi continuer le programme du calendrier scolaire.»
C’est donc tôt, chaque matin, de sa chambre et devant son ordinateur portable, qu’Emilie commence ses cours comme si elle était à l’école : «On a des devoirs, des interactions avec des enseignants et on peut aussi avoir des échanges avec d’autres élèves.» L’étudiante s’estime très chanceuse de pouvoir bénéficier de ce service : «Je suis consciente que ce concept n’existe pas dans toutes les écoles et je trouve très bien que cela me permette de garder contact avec les études en ces temps difficiles.» Selon elle, tous les étudiants qui vivent la même situation ne doivent pas laisser ce qui arrive les affecter : «Il nous faut nous montrer responsables et faire en sorte de ne pas négliger les études.»
Dans ces moments, les parents ont un grand rôle à jouer. Et ce n’est pas Jane, la maman d’Émilie, qui dira le contraire. Aussi en confinement, elle se fait un devoir de veiller à ce que sa fille applique les directives de l’école : «Il ne faut pas laisser le virus prendre le dessus sur nous et sur notre vie. On ne peut pas faire comme s’il ne se passait rien mais on peut s’adapter et en tant que parents, on se doit d’être au chevet de nos enfants pour veiller à ce qu’ils mettent à profit leur temps libre en ce moment et qu’ils ne négligent pas leurs livres et leurs notes.»
À chacun sa méthode pour étudier à la maison. Christophe Rosicourt, en 3e année d’Upper 6 au collège James Burty David, et ses amis utilisent, pour leur part, les réseaux sociaux. «On vit vraiment quelque chose d’inédit mais il ne faut pas qu’on soit spectateurs de ce qui se passe. Pour ne pas se retrouver à la traîne et pour ne pas risquer de se retrouver à prendre les examens de fin d’année sans avoir complété le programme, il nous faut trouver des astuces pour continuer le travail à la maison. Et avec des profs et quelques amis, on utilise les réseaux en ligne pour partager des notes, discuter et avoir des conseils», explique le jeune homme qui a établi un plan de travail pour définir quel temps il doit allouer aux cours tous les jours.
Un emploi du temps à son rythme... C’est aussi le moyen que Nevish Doorghen, 17 ans, élève au collège St Mary’s, a trouvé pour ne pas sombrer dans une routine : «On peut travailler quand on le veut et comme on le veut. Les études et le fait d’avoir le nez dans les notes nous permettent aussi, à nous étudiants, de ne pas s’ennuyer en ce temps de confinement. On a échangé nos numéros avec des profs et on va trouver une façon pour que le travail puisse continuer.» En ce temps de lockdown, chacun essaie de voir comment tirer profit de ces jours de congé forcé.
Pour Yash Damree, étudiant en Lower VI, au collège MGSS à Flacq, ce temps est propice pour que les étudiants en School Certificate et Higher School Certificate puissent réviser. Certains étudiants des universités comptent aussi faire bon usage de leur temps libre. Julien Chettiar, qui fait des études de communication et de journalisme à l’Université de Maurice, pense, lui, trouver une balance entre les études et d’autres activités qu’il compte faire en famille à la maison durant cette période de confinement. «Dans le communiqué sorti par l’Université de Maurice, il est stipulé que les cours se passeront en ligne. Donc, on recevra des notes et on devra soumettre nos projets écrits comme d’habitude avec des dates limites. J’essaierai de trouver un équilibre entre le travail et le loisir», nous explique le jeune homme qui reste scotché aux infos. «Je trouve que la situation est assez grave à Maurice en ce moment. En deux jours, toutes les écoles ont été fermées et nous sommes maintenant sous un ‘‘lockdown”. C’est normal que les gens aient peur parce que nous n’avons jamais fait face à ce genre de phénomène mais il faut essayer, en tant que citoyens mauriciens, de garder notre sang froid et respecter les consignes. Je pense aussi aux familles des Mauriciens qui sont bloqués dans des pays étrangers et ne peuvent toujours pas rentrer au pays.»
Krishna Pentayah, étudiant en 3e année de Mechanical Engineering à l’Université de Maurice est aussi content que l’institution qu’il fréquente ait pris des dispositions pour permettre aux étudiants de continuer d’avoir accès aux cours de leur domicile. «Dès que l’Université de Maurice a annoncé l’interdiction de l’accès au campus, élèves et profs se sont préparés à poursuivre les cinq semaines restantes de cours en ligne sur Google Classroom, Google Meet, etc. Tous nos travaux de labo d’ingénierie ont été reportés jusqu’à nouvel ordre. Les cours en lignes débutent aujourd’hui, à 15 heures avec le module de Continuum Mechanics. Le Covid-19 a complètement bouleversé l’humanité et la planète toute entière. Nous vivons certainement une période critique, une bataille dirais-je, qui restera gravée dans l’histoire contemporaine», nous dit-il. Tout en espérant pouvoir bientôt reprendre les cours et que tout cet épisode ne devienne qu’un mauvais souvenir.
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