Publicité
6 mai 2020 01:29
Il est redouté et il inquiète. Alors que plusieurs pays commencent à panser leurs nombreuses plaies causées par le coronavirus qui a fait bien des dégâts sur son passage, aussi bien humainement qu’économiquement, voilà que le spectre d’une nouvelle vague de contaminations pointe à l’horizon dans certaines parties du monde.
Si certains pays sont déjà en mode déconfinement et que d’autres, comme ici à Maurice, se préparent à le faire, la nouvelle hausse dans le nombre d’infections vient assombrir le tableau et accentuer la peur que provoque ce virus mortel, alors que les chiffres, en baisse ces dernières semaines, avaient commencé à rassurer. Les interrogations se bousculent. Le monde arrivera-t-il à venir à bout du Covid-19 qui, depuis plusieurs mois, l’a pris en otage ? Et qu’adviendra-t-il de la crise économique qui fait peser une terrible menace sur les emplois, entre autres conséquences du ralentissement de toutes les activités dans le monde ?
L’Asie, notamment, avait noté, depuis plusieurs semaines, un déclin de l’épidémie, ce qui a même déclenché le déconfinement de Wuhan, berceau de la pandémie mondiale. Mais les dernières nouvelles ne sont pas bonnes. Ces jours-ci, de nouveaux foyers de contamination du coronavirus y ont été découverts. D’autres pays du continent, comme le Japon et Taïwan, ou encore des territoires comme Hong Kong, ont également vu leur courbe de nouveaux malades repartir à la hausse. Même si les professionnels sont prudents quant au terme «nouvelle vague», cette augmentation des cas donne des sueurs froides, surtout que beaucoup espéraient que le pire était déjà passé.
Singapour, qui a brillé par la rapidité de sa réponse face à la pandémie et qui avait pu réduire très vite ses chiffres, était devenu un modèle dans la gestion de la propagation du virus. Le pays avait pu contenir le virus grâce à une stratégie très stricte de contrôle et de traçage des contacts avec les personnes infectées. Cependant, la cité-État fait face à une deuxième vague de contamination qui l’a forcée à fermer à nouveau ses écoles et ses entreprises non essentielles le 3 avril pour une durée d’un mois, alors que le confinement devait s’achever le 4 mai.
Le nombre de nouveaux cas a augmenté depuis que des tests sont effectués dans des foyers surpeuplés où vivent les travailleurs migrants. Singapour avait ainsi enregistré, à l’heure où nous mettions sous presse, 14 000 cas et une dizaine de décès. Les chiffres, bien que bas par rapport à d’autres pays, sonnent toutefois comme un avertissement et les experts médicaux s’accordent à dire que les pays ne doivent pas baisser la garde, même quand ils pensent avoir passé le pic de l’épidémie, pour éviter de se retrouver dans une situation similaire.
Nicolas Leong, un Mauricien installé au Singapour, nous raconte comment cette période difficile est gérée dans son pays d’adoption : «La deuxième vague est due à la propagation du Covid-19 dans les dortoirs des travailleurs étrangers. Chaque jour, il y a 900 à 1 000 cas qui proviennent, pour la plupart, des dortoirs, avec seulement quelques transmissions locales dans la communauté. Singapour est actuellement sous un mini-lockdown appelé Circuit Breaker (CB). Pendant la période de CB, on n’est pas autorisés à sortir sans masque. Si on ne respecte pas cette mesure et d’autres comme la distanciation sociale d’un mètre, on est condamnés à une amende de 300 SGD. On peut sortir pour acheter de la nourriture, aller au supermarché, mais les sorties dans les restaurants ne sont autorisées. Seuls les plats à emporter et les livraisons sont autorisés. Tout le monde travaille à domicile, sauf pour les services essentiels. Nous espérons que ces mesures aideront Singapour à aplanir la courbe. Nous sommes sous CB jusqu’au 1er juin 2020. L’ambiance est bonne et nous pouvons passer plus de temps à la maison avec nos familles.»
Les Singapouriens, poursuit-il, mettent aussi ce temps à profit pour acquérir de nouvelles compétences. «Tout le monde deviendra chef ou boulanger à domicile après la période de Covid-19», lance-t-il avec humour, avant d’énumérer les mesures d’aide financière mises en place par les autorités singapouriennes : «Grâce au gouvernement, les Singapouriens, les entreprises et même les résidents permanents ont reçu un soutien financier important. Faisant partie du Solidarity Budget, ces mesures supplémentaires coûteront 5,1 milliards de dollars et s’ajoutent aux mesures déjà introduites dans le Solidarity Budget de 6,4 milliards de dollars, et le Resilience Budget de 48,4 milliards de dollars.»
Comme beaucoup de personnes au Singapour, tout comme à Maurice et ailleurs, Nicolas Leong a adapté sa façon de vivre à la situation : «Tout va bien à la maison. Je travaille à domicile depuis fin mars, ce qui est inhabituel pour moi, étant donné que je voyage régulièrement pour le travail. En 2019, par exemple, j’ai voyagé 201 jours pour le travail. Ma femme aide les enfants depuis que les écoles de Singapour sont passées à l’apprentissage à domicile. De temps en temps, nous cuisinons des repas ensemble.»
Bien évidemment, le Mauricien suit aussi tout ce qui se passe dans son île natale et pense à ses compatriotes à l’heure où le pays se prépare à un déconfinement annoncé. «Il ne faut pas céder au panic buying. Ne sortez pas quand ce n’est pas nécessaire. Il faut être discipliné, observer la distanciation sociale et porter des masques», conseille-t-il. Car pour lui, comme pour les professionnels du domaine de la santé, si les consignes de sécurité sont respectées et que les pays ne baissent pas la garde, la crainte d’une deuxième vague de contamination qui menace plusieurs pays n’aura pas de raison d’être...
Publicité