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Par Yvonne Stephen
15 mars 2020 19:29
Garder la tête froide. Ne pas paniquer. Et faire son métier, tout simplement. Le personnel hospitalier et les soignants du privé seront en première ligne si le Covid-19 vient jusqu’à notre île. Si les efforts sont concentrés pour éviter l’arrivée du virus à Maurice et pour maintenir notre économie, il n’est pas à écarter qu’il s’invite dans notre île.
Dans ce cas-là, les médecins et les infirmiers devront aller au combat contre la maladie si elle se propage. Sont-ils prêts ? Les services hospitaliers pourront-ils tenir le coup ? Si le ministère de la Santé répond «oui» aux deux questions, expliquant qu’un plan d’action a été rédigé et explicité, et que la situation est monitored, reste que les inquiétudes ne sont pas complètement calmées. Surtout qu’en Italie, le personnel hospitalier, surmené et dépassé par les événements, a lancé un cri de désespoir, cette semaine. Et que l’Organisation mondiale de la santé a décrété la pandémie.
Pour l’instant, Jonathan, infirmier à l’hôpital Victoria, Candos, n’a pas peur : «Je ne suis pas inquiet. C’est la routine. On doit juste rapporter les cas de fièvre, sinon, rien n’a changé.» Il n’y a pas, non plus de préparation à l’hypothétique arrivée de cas : «Nous n’avons pas reçu de formation supplémentaire.» Ni de mesures de protection additionnelles : «Si on veut se protéger, c’est une décision personnelle. Rien n’a été mis en place.» Concernant le shift system, les heures de boulot, entre autres, en cas de grave crise : aucune communication. Alors, il assume le quotidien sans poser trop de questions et imagine qu’il faudra gérer si le Covid-19 débarque dans l’île et à l’hôpital...
Meenakshi, qui est généraliste dans le public dans le nord de l’île, estime que, pour l’instant, il n’y a pas lieu de paniquer : «Même si je suis un peu inquiète. Mais c’est mon métier, c’est ma vocation. Je suis prête.» Reste à convaincre ses parents qu’il n’y a pas que le prestige de la blouse blanche. Que dans certaines situations, un médecin doit aller au front : «Mon père voudrait que j’arrête de travailler, le temps que ça passe.» Mais elle estime que les services hospitaliers et le personnel sont préparés à toute éventualité : «Il y a une circulaire du ministère qui a été communiquée sur le protocole à suivre. Elle est bien documentée et tant qu’on sait ce qu’on doit faire, on peut éviter la panique. C’est dans l’ignorance et le manque d’organisation qu’elle peut naître ; ce n’est pas le cas ici.»Chaque médecin doit se préparer et s’informer, estime-t-elle. Tout en faisant avec les moyens du bord. En acceptant les limites des ressources et des appareils : «Ça, ça peut inquiéter. Mais je pense que le gouvernement en est conscient et prendra les mesures nécessaires. Avec les bons gestes et les bonnes mesures, on peut éviter la propagation.» Pour Ram Nowzadick, président de la Nurses Association, il est essentiel d’éviter la propagation et les cross infections. Il a rencontré le ministre de la Santé et lui a partagé son point de vue : «Il faut se préparer dès maintenant dans tous les centres de santé. On doit être à 100 %.»
D’ici quelques jours, explique-t-il, le personnel hospitalier aura tous les équipements nécessaires pour se protéger, des sanitizers seront à disposition et des chambres d’isolation seront prévues : «Rs 108 millions seront déboursées pour que cela soit possible.» La formation à la gestion de ce nouveau virus est ongoing : «Nous communiquons continuellement avec nos membres sur les précautions à prendre, sur l’importance de se laver les mains, sur les procédures à mettre en place. Mais nous avons demandé un refresh course sur les nouvelles mesures pour tous les employés des centres de santé.»
Lui, conseille au personnel hospitalier de suivre un principe d’universal protection : «De se protéger, de s’assurer qu’il y a une distance entre les lits des patients, de mettre en place le safe staffing ; de s’assurer qu’il y a assez de personnel pour faire face à la menace.» Malgré la situation, il estime que le moral des infirmiers «est au beau fixe» : «Nous sommes formés pour ça. C’est un grand challenge. Et je tiens à saluer le travail formidable des infirmiers qui sont en première ligne.» Et qui sont appelés à faire de longues heures de travail, comme les médecins, si le Covid-19 fait son apparition à Maurice et se propage.
Si l’hôpital a ses propres règles et absorbera, certainement, la majorité des cas, les médecins du privé sont également concernés par le coronavirus. Le Dr Yasheel Aukhojee confie qu’il reçoit de nombreux appels de personnes qui s’inquiètent : «Principalement de ceux qui viennent de l’extérieur. Ils sont tous paniqués.» Il évolue dans un service de médecin à domicile et doit déjà prendre des précautions – «masque, sanitizer, aérosol…» – et se préparer à alerter le ministère, s’il tombe sur des cas suspects : «On travaille comme une équipe.»
C’est pour cela qu’il se dit prêt à donner un coup de main à ses collègues de la santé publique si le besoin se fait ressentir : «Je suis toujours là. Pour aider, pour donner des conseils, pour soigner.» Le Dr Mohamad Jowahir, de l’Association des Médecins du Privé, est aussi de cet avis : «Nous sommes prêts à faire face à la situation et à aider.» Il n’y a pas lieu de «se préparer», dit-il : «On va simplement suivre le protocole.» Le plus important, c’est donc de garder la tête froide…
Un 12 mars pas comme les autres. Mais le Premier ministre était bien à la télévision nationale pour délivrer son message aux Mauriciens. Entre autres thèmes abordés, Pravind Jugnauth a évoqué le coronavirus. Pour le chef du gouvernement : «Le pays est très vulnérable et à risques.» Il a exhorté la population à être vigilante et à suivre les conseils des autorités. Et a précisé que le gouvernement «a empêché le virus de venir sur notre territoire».
Costa Mediterranea : les autorités rassurent
L’accostage du bateau de croisière dans le port avait provoqué une polémique. Mais le ministère de la Santé a précisé que tous les passagers du Costa Mediterranea vont bien. Ces derniers, comprenant de nombreux Mauriciens, ont subi des tests et aucun n’était positif au Covid-19. Ils ont alors pu débarquer.
Cas à La Réunion : passagers sous surveillance
Les touristes venant de l’île sœur seront placés en quarantaine s’ils présentent des symptômes de fièvre et de grippe. C’est ce qu’a annoncé le ministère de la Santé depuis que La Réunion a connu ses premiers cas, cette semaine. Au samedi 14 mars, 6 cas avaient été confirmés. L’état d’un des malades inspirait de vives inquiétudes.
À Mayotte, un premier cas a été diagnostiqué le samedi 14 mars. Le patient a séjourné dans l’Oise et son état n’inspire pas d’inquiétude, ont indiqué les autorités sanitaires de l’île.
Le Premier ministre l’a dit ; la situation économique du pays est difficile. Mais ce n’est pas le cas uniquement à Maurice, ça l’est aussi dans le monde. Du coup, le gouvernement local a dû agir pour venir en aide aux entreprises locales. La banque centrale et le ministre des Finances ont annoncé une série de mesures. Faisons le point.
Un taux directeur à 2,85 %, un Special Relief Amount de Rs 5 milliards par l’intermédiaire des banques commerciales pour les opérateurs économiques touchés par le Covid-19 est disponible du 23 mars au 20 juillet. La Banque de Maurice encourage aussi l’épargne à travers un 2020 Savings Bond à 2,5 % par an et une maturité de deux ans pour les particuliers et les ONG.
Le scénario le plus optimiste. Une croissance à 2,5 %.
Le plus pessimiste. Une contraction du PIB de -3 %. «Avec une régression de 3 %, nous ne sommes pas dans une situation de faillite. Il ne faut pas non plus aller dans le pire des pires», précise le Grand Argentier, Renganaden Padayachy.
Un plan de Rs 9 milliards pour venir en aide aux entreprises (en collaboration avec la banque centrale).
Des mesures pour les entreprises : un Equity Participation Scheme à Rs 2,7 milliards, un DBM Revolving Credit Fund de Rs 200 millions…
Afrique du Sud, Australie et La Réunion. L’accent est mis sur un tourisme plus régional, avec baisse des prix des billets d’avion mais aussi plus de possibilité d’achats de bouteilles alcoolisées au Duty-Free et moins 15 % sur les achats à la boutique hors-taxe.
Pour que le secteur manufacturier souffle. Frais portuaires suspendus. Freight Rebate Scheme et Speed To Market Scheme étendus.
Spécial PME : le taux d’intérêt du SME Factoring Scheme passe à 2,5 % et le SME Equity Fund abaisse son taux de rendement minimal à 3 %.
C’est l’assurance qui a été donnée par le ministre du Commerce, cette semaine. Yogida Sawmynaden a tenu à rassurer la population : «Tous les stocks respectent les normes et toutes les cargaisons arrivent à l’heure. Il n’y a pas d’annulation de la part des fournisseurs. Il n’y a pas de pénurie des produits de base.» Reste que pour certaines personnes, comme partout ailleurs dans le monde, l’heure est au stockage de denrées alimentaires à la maison. Ce qui donne l’impression que certains rayons de quelques supermarchés apparaissent comme étant moins fournis que d’habitude.
Les patients ont été pris en charge par le ministère de la Santé. Leur état est stable, précisent les autorités. Au samedi 14 mars, 10 personnes avaient contracté cette maladie. La région où les cas ont été répertoriés fait l’objet de fumigation et de larvicide tous les jours. Une surveillance sanitaire a été mise en place et les habitants de la localité ont été sensibilisés. De plus, des tests aléatoires ont été réalisés, affirme-t-on du côté de la Santé. Par ailleurs, pour ce qui est du Covid-19, le ministère de la Santé et du Bien-être a procédé à la mise en service d’un nouveau centre de quarantaine à Belle-Mare, pouvant accueillir jusqu’à 60 personnes.
Près de 146 000 contaminations et 5 500 morts à travers le monde. Mais aussi 71 715 cas de guérison. La planète vit au rythme du coronavirus. Si en Chine, la vie reprend ses droits. Il semblerait que l’épicentre de l’épidémie se soit déplacé en Europe.
L’Italie fermée au monde. Tout le pays est placé en quarantaine. Une mesure extraordinaire pour ce pays qui vit des heures difficiles à cause du Covid-19 : près de 18 000 contaminations et 1 266 morts. P.S. Une Mauricienne qui y vit raconte qu’il est possible de se déplacer uniquement pour aller au travail. Même dans le tram, il est impossible de s’approcher du chauffeur : «On ne peut pas passer par la première porte. Il y a un cordon.» Cet épisode fait partie des centaines qu’elle vit au quotidien depuis la mise en quarantaine de tout ce pays.
La France (mais aussi La Réunion) prévient. Le but : éviter le scénario catastrophe de l’Italie. Alors, le président Macron a annoncé la fermeture des écoles, des crèches et des universités. Mais aussi l’annulation des rassemblements de plus de 100 personnes.
L’Inde suspend. La Grande Péninsule a suspendu l’attribution des visas-touristes jusqu’au 15 avril. La quarantaine est imposée aux voyageurs venant des pays les plus touchés par le Covid-19. Le communiqué publié par les autorités indiennes précise que «tous les voyageurs provenant ou ayant visité la Chine, l’Italie, l’Iran, la Corée du Sud, la France, l’Espagne et l’Allemagne après le 15 février seront placés, à leur arrivée, en quarantaine pour au moins 14 jours.»
Les États-Unis ferment. Plus d’Européens aux USA ! C’est ce qu’a annoncé Donald Trump, cette semaine. Cette suspension durera 30 jours mais ne concerne pas le Royaume-Uni.
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