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Covid-19 : 2020, une année difficile et bouleversante

28 décembre 2020

Un pays en crise

 

Les répercussions sur notre économie sont sans précédent. Depuis le début de cette crise sanitaire, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures. Parmi, le Covid-19 Solidarity Fund, créé le 25 mars, appelle les entreprises à contribuer financièrement afin de soutenir les familles touchées par la crise.

 

Le secteur de l’emploi a été durement affecté causant pertes d’emploi et réductions de salaire pour de nombreux employés. Du jour au lendemain, plusieurs personnes travaillant à leur compte se sont retrouvées la tête sous l’eau, submergées par une situation inédite. Pour leur venir en aide, le gouvernement a lancé le Self-Employed Assistance Scheme et le Wage Assistance Scheme afin d’aider financièrement les employés du secteur informel. Le 31 mars, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, annonçait un paiement de Rs 5 100 pour la période du 16 mars au 15 avril. Et un autre de Rs 2 550 pour la période du 16 au 30 avril. Somme que beaucoup ont trouvée dérisoire. Au Parlement, les Covid Bill et Quarantine Bill ont apporté plusieurs amendements aux lois existantes comme le Workers Rights Act et l’Employement Relations Act, dans le but de prévenir l’impact de la crise sur notre économie et mieux protéger la population. Cependant, de nombreuses propositions ont été sujettes à controverse. Parmi, le fait que les employeurs aient carte blanche pour mettre leur personnel en chômage technique ou pour renvoyer un employé en lui accordant seulement 30 jours de salaire et cela indépendamment de son temps de service.

 

La suppression des allocations, la possibilité de leur refuser 15 local leaves, la police qui n’aura pas besoin de mandat pour perquisitionner les domiciles et l’État qui peut se servir dans les caisses de la Banque centrale, quitte à dépasser le seuil d’endettement de 65 % du PIB, ont aussi suscité de nombreux débats. Bien que très controversés, les deux projets de loi ont été votés le 15 mai. Le 4 juin dernier, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a présenté son budget dans un contexte particulièrement difficile. Parmi les mesures phares post-Covid, la somme de Rs 15 000 pour le personnel médical et les policiers qui ont travaillé pendant le confinement, une allocation de chômage technique de Rs 5 100 sur une période de six mois, entre autres.

 

Confinement : les premiers jours

 

La nouvelle tombe le 19 mars lors d’une réunion du Conseil des ministres. Maurice entre en confinement le lendemain, soit le vendredi 20 mars. En parallèle, le gouvernement annonce la fermeture des frontières. Deux jours plus tôt, le pays a enregistré ses trois premiers cas. Ayant eu vent de la fermeture des commerces, les Mauriciens se ruent vers les supermarchés et les pharmacies, causant une véritable cacophonie. Face à la foule qui se laisse aller au panic buying, les étagères des supermarchés sont vite vidées.

 

Le 20 mars, les Mauriciens se réveillent donc dans une ambiance morose. Écoles, bureaux, et centres commerciaux sont tous fermés. Seuls les services essentiels restent opérationnels. Le lundi 23 mars, les autorités annoncent un couvre-feu sanitaire interdisant tout rassemblement. Mariages, concerts et funérailles (sauf en petit comité hors des lieux de culte) sont interdits. L’objectif ? Limiter les déplacements et les contacts afin de réduire les facteurs de risques de transmission de la maladie. Ainsi, du jour au lendemain, les Mauriciens se retrouvent confinés à la maison. Entre le work from home et les enfants, dont la scolarité a été subitement suspendue, le quotidien change.

 

Distanciation sociale, port du masque, prise de température et sanitizers s’installent dans notre quotidien. Le 24 avril, Pravind Jugnauth annonce le port du masque obligatoire dans les lieux publics. Quelques jours plus tard, les autorités annoncent que l’accès aux supermarchés se fera par ordre alphabétique.

 

Face à l’imprudence de certains qui enfreignent le confinement, les autorités durcissent le ton. Des barrages routiers sont effectués pour verbaliser les contrevenants. Toute infraction est paisible d’une amende de Rs 1 000 ou d’une peine d’emprisonnement ne dépassant pas six mois. Ceux travaillant dans les services essentiels disposent d’un Work Permit qu’ils doivent présenter aux policiers.

 

Le bilan

 

Peur, panique et inquiétude. Lorsque le National Communication Committee sur la Covid-19 confirme, le 21 mars, un premier cas positif local détecté le 26 avril et un premier décès des suites du coronavirus le 19 mars, une onde de choc traverse la population. Alors que le pays compte alors 14 cas actifs, un sentiment d’inquiétude anime les Mauriciens. Au fil des semaines, le bilan ne fait que s’alourdir. En parallèle, tous doivent apprendre à vivre avec la Covid-19 et les nouvelles restrictions qu’elle impose.

 

Le 27 avril, Maurice apprend avec stupeur le décès du Dr Bruno Cheong, chef de service en médecine interne à l’hôpital de Flacq qui avait ausculté le patient zéro. Il est la 10e victime du coronavirus à Maurice. Dans les quatre coins du pays, les Mauriciens rendent un vibrant hommage à ce médecin devenu depuis symbole d’héroïsme dans cette lutte contre la Covid-19. D’ailleurs, en octobre dernier, l’hôpital de Flacq a été rebaptisé à son nom.

 

Alors que les cas augmentent au fil des jours, des hôtels sont convertis en centres de quarantaine. Les autorités ouvrent des Flu Clinics. L’hôpital de Souillac et l’hôpital ENT sont transformés en centres de soins spécialisés pour accueillir les patients atteints. Maurice a enregistré 526 cas de la Covid-19 au mardi 21 décembre et 10 décès. Après cinq mois sans aucune contamination locale, le pays a enregistré un nouveau cas en novembre dernier. Il s’agit d’un jeune homme contaminé par son père qui était rentré d’Australie. Sa mère a également été testée positive par la suite.

 

Le déconfinement : un processus graduel

 

Avec la levée du couvre-feu le 30 mai, Maurice entame sa première phase de déconfinement qui se veut contrôlée et progressive. Plusieurs paramètres sont mis en place pour empêcher tout revirement de situation. D’abord, le port du masque et le social distancing sont de rigueur. Dans les lieux publics, les mesures sanitaires sont obligatoires. La rentrée des classes, d’abord prévue pour le 1er août, est finalement avancée au 1er juillet. 

 

Dans un premier temps, les courses hippiques, les événements culturels et sportifs, les rassemblements religieux et socio-culturels ne reprennent pas. Les plages, jardins publics, centres communautaires, casinos, discothèques, foires, gymnases et salles de sports et cinémas restent aussi fermés. En parallèle, les autorités procèdent à des tests PCR afin de dépister le maximum de Mauriciens. Le 15 juin, ces restrictions sont finalement levées permettant un déconfinement presque total. Si les frontières aériennes restent alors fermées, le gouvernement procède cependant au rapatriement des Mauriciens qui se sont retrouvés coincés à l’étranger. Graduellement, la population reprend le cours de sa vie tout en devant composer avec cette crise sanitaire qui tient toujours le monde en haleine.

 

Les gestes barrières au cœur de notre quotidien

 

Ces derniers mois, nous avons dû apprendre à connaître cette maladie, à changer nos habitudes pour nous protéger. Nous avons d’abord appris que la Covid-19, aussi connue comme le coronavirus, est une maladie infectieuse qui se transmet principalement par des gouttelettes émises lorsqu’une personne tousse ou éternue. Souvent comparés à ceux de la grippe, les symptômes sont la fièvre, la toux, la fatigue, des courbatures et des maux de gorge, entre autres. Si la majorité des personnes atteintes développent des symptômes bénins et guérissent assez rapidement, la situation est plus dangereuse pour les personnes plus fragiles et qui présentent déjà des pathologies. Depuis le début de cette crise sanitaire, les organisations et les professionnels de la santé ne cessent de le répéter : le moyen le plus sûr de se protéger est d’éviter tout contact humain avec une personne affectée.

 

Notre quotidien a ainsi été chamboulé par ces mesures de précautions sanitaires que nous avons dû respecter à la lettre et qui sont encore d’actualité aujourd’hui. D’abord, porter le masque en se couvrant correctement la bouche et le nez, éviter les embrassades, les accolades, les poignées de mains et les foules mais aussi respecter la distanciation sociale en gardant au moins un mètre de distance avec les autres. Il est aussi question de se laver régulièrement les mains pendant plusieurs minutes avec du savon et de l’eau ou d’utiliser une solution hydroalcoolique. Une autre mesure de précaution est d’éviter de sortir lorsqu’on ne sent pas bien et de consulter un médecin en cas de symptômes.

 

Le tourisme prend l’eau

 

S’il y a bien un secteur qui est à genou, c’est bien le tourisme. Avec la fermeture des frontières, les répercussions ont été énormes. Selon Statistics Mauritius, le nombre d’arrivées touristiques est passé de 10 à 1 177 entre avril et novembre 2020. Si cette hausse est synonyme d’espoir, le contraste avec les chiffres de l’année dernière est flagrant. De janvier à novembre 2019, Maurice avait enregistré un total de 1 231 390 arrivées touristiques. Pour la même période en 2020, il y a eu 307 938 touristes soit une baisse de 75%. Pour l’hôtellerie, l’effet a été dévastateur avec un endettement de Rs 70 milliards. Face à la situation mondiale, l’État ne prévoit pas une réouverture totale de nos frontières avant le 15 janvier. Depuis le 1er octobre, il n’y a que deux vols commerciaux par semaine. Il faut dire que le fait que la quarantaine soit payante est un élément qui décourage pas mal de touristes.

 

Face à cette chute libre et à un avenir incertain, le secteur touristique et hôtelier table sur le marché local. Ces derniers mois, en effet, les hôtels ont multiplié les offres adressées aux Mauriciens. Récemment, Steven Obeegadoo, ministre du Logement et du Tourisme, a expliqué que les autorités travaillent actuellement sur un plan pour faire vivre le tourisme autrement. «Le tourisme local est un acquis dont nous avons pris connaissance et que nous allons préserver. Il y a un vrai potentiel. Nous allons étendre la campagne.» Car il s’agit, estime le ministre, d’un atout essentiel pour le secteur touristique.

 



Zouberr Joomaye, porte-parole du National Communication Committee : «La gestion de la crise a été un succès»

 

Quel bilan faites-vous de la crise à Maurice ?

 

La situation s’explique par elle-même. Nous avons connu un début d’épidémie au mois de mars qui a pris le monde de court et qui s’est propagé rapidement, forçant trois milliards de personne à entrer en confinement. À Maurice, nous avons combattu le virus avec une politique rigoureuse. Nous avons pris 39 jours pour casser la chaîne de transmission locale, du 18 mars au 26 avril.

 

Nous avons réussi à discipliner la population autour de trois mesures : le port du masque, la distanciation sociale et le lavage des mains. Nous avons misé sur tous les moyens possibles au niveau de nos services de soin en améliorant la capacité de testing. D’ailleurs, nous sommes le 1er pays en termes de nombre de tests en Afrique. Le gouvernement a su répondre à cette épidémie qui a eu des répercussions sanitaires, sociales et économiques.

 

La gestion a-t-elle été un succès, selon vous  ?

 

Les mesures d’accompagnement du gouvernement a permis à plusieurs secteurs de continuer à survivre et d’atténuer les effets de cette pandémie. Après une longue période de fermeture de frontières, nous avons réussi à rapatrier 9 500 compatriotes. Maurice est covid-safe même s’il y a eu deux cas locaux qui sont liés à un seul cluster. La gestion a donc été un succès. D’ailleurs, c’est ce que confirme l’OMS qui nous place parmi les pays qui ont le mieux géré la Covid-19.

 

Pouvons-nous espérer des jours meilleurs en 2021 ?

 

Nous sommes confiants que 2021 sera meilleure en considérant les vaccins qui sont prometteurs. Dans l’éventualité que l’immunité conférée par ces vaccins se révèle adéquate, on peut espérer une normalisation graduelle de la situation. Cependant, il ne faut pas crier victoire trop tôt. Les mesures d’hygiène restent d’actualité. Il va falloir du temps pour immuniser 60 % de la population afin de créer une vraie protection.

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